Un doux Baiser?

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Derrière les deux grandes portes en acier doré se trouve l'endroit le plus extraordinaire que je n'ai jamais vu. Nous traversons une sorte de grotte dont les parois sont recouvertes de neige artificielle, la salle est éclairée par des lampions recouverts d'une poudre blanche, des sculptures de fausse glace descendent du plafond telles de stalagmites (ou stalactites je ne sais plus). Je suis émerveillée par tant de beauté et de modernité. Des enceintes, savamment dissimulées, diffusent une musique entêtante, les tables rappellent des blocs de glace, pas très pratique pour les jambes interminables (ce qui n'est pas mon cas), les banquettes dans les tons de bleu translucide sont couvertes de coussins violets, les verres sur les tables ont l'air d'être en cristal. J'essaie de graver chaque détail dans mon esprit car je ne sais pas quand j'aurais la chance de revenir dans un endroit pareil. 

Mon regard est attiré par le bar, il est éclairé par en dessous, par des centaines de petits flocons bleus qui semblent nager sous la surface glacée. Derrière le comptoir, la barmaid s'active pour préparer des cocktails aux couleurs improbables dont s'échappe une épaisse fumée blanche, sans doute pour donner l'impression d'une boisson chaude. Je ne sais plus où donner de la tête, tout à l'air tellement irréel, magique. Perdue dans cet univers, je ne vois pas Monsieur Beast qui s'éloigne.

Lorsque je prends conscience de son absence, une vague de panique s'empare de moi. Je le cherche des yeux mais difficile de repérer un homme en costume au milieu d'autres hommes en costume.

J'imagine déjà l'annonce dans le micro, comme l'année de mes cinq ans où je me suis perdue dans un supermarché, « La petite Belle s'est égarée et attend sagement son patron à côté d'une blonde divinement belle et du sosie de Damon Salvatore (Dédicace aux fans de Vampire Diaries). Je tourne la tête de tous les côtés quand je l'aperçois enfin. Il se dirige vers moi. Sur son passage les hommes s'écartent et semblent baisser la tête (Mais c'est qui en vrai cet homme ???), les femmes quant à elles se redressent, lui lancent des regards aguicheurs et bombent la poitrine. Il a l'air de régner sur ce lieu aussi raffiné et inaccessible que lui. Il s'approche, tel un loup s'apprêtant à sauter sur sa proie, s'arrête devant moi et me tend un petit verre rempli d'un liquide violet fumant.

-  Vous m'excuserez, ils ne font pas d'orgasme ici, vous vous contenterez d'un doux baiser ? Me demande-t-il sur un ton mielleux.

Je vois dans son regard qu'il se délecte de mon embarras. C'est décidé, c'est la dernière fois que je suis les conseils d'un magazine féminin à la noix. Dès demain je m'abonne à « Comment devenir la reine du tricot en 12 semaines et demie ». Mais bon, j'ai lancé les hostilités et les propos à double sens, je refuse donc de céder si vite. Ni une ni deux j'attrape le verre, le porte à mes lèvres et, en guise de réponse, avale cul sec.

Monsieur Beast ne laisse transparaître aucune émotion, je crois qu'en fait il s'en fout. Son regard semble attirer par un point derrière moi. Je me retourne, m'attendant à tomber sur une femme sortie d'un défilé mais non, il s'agit d'un homme qui s'approche.

- Sean Beast, quel plaisir de vous voir. Dit-il en tendant la main vers mon patron.

Je détaille ce nouvel arrivant, bien évidemment vêtu d'un costume (ça doit être l'uniforme traditionnel des mecs pleins d'argent qui veulent ressembler à James Bond), il est plutôt petit, corpulent, les cheveux grisonnants et, personnellement, je trouve qu'il a l'air fourbe.

- Marc, tout le plaisir est pour moi. Répond mon supérieur en serrant la main tendue vers lui.

J'ai l'impression qu'il se passe quelque chose. Les deux hommes se toisent et c'est à celui qui détournera les yeux le premier. Mon regard glisse vers leurs mains qui ne se sont pas lâchées. Il me semble voir les jointures du dénommé Marc rougir, je crois que Monsieur Beast est en train de lui briser les phalanges. Finalement Marc détourne les yeux et la pression se relâche.

- Belle, je vous présente Marc Falco, propriétaire des éditions du même nom. Marc voici Belle ma...

Il à l'air d'hésiter, un quart de seconde environ, ... dénicheuse de talents personnelle. Finit-il par dire

L'homme me dévisage tandis que je lui tends la main en essayant de me remettre de ce que je viens d'entendre. Sa dénicheuse de talents personnelle, mais il n'aurait pas pu trouver mieux, son assistante tout simplement !

Monsieur Falco s'approche de moi me prend la main et, au lieu de la serrer (ce qu'aurait fait toute personne normale), me fait un baisemain.

- Vous devez avoir en effet de nombreux talents personnels pour que Sean vous emmène dîner.

Il a dit cela sur un ton provocateur sans regarder Monsieur Beast. A tous les coups il essaie de le pousser à bout, ça ne lui a visiblement pas suffit d'avoir failli perdre une main. Je sens, plus que je ne vois, les muscles de Monsieur Beast se contracter. A croire qu'il ne tient pas à sa vie le petit corpulent. Je décide d'intervenir avant que ça ne dérape et répond sur le même ton provocateur :

- En effet Monsieur Falco, mes talents sont multiples et, en attendant une meilleure opportunité, ils sont au service exclusif de Monsieur Beast.

Mais qu'est-ce qui m'a pris de dire un truc pareil. Je crois que l'alcool s'est frayé un chemin dans les méandres de mon cerveau et est en train de faire mumuse dans la partie « Je ne dois pas parler de manière indécente à des inconnus ». Après un instant de surprise, Monsieur Falco se met à sourire, puis à franchement rigoler. Un rire sincère et je le trouve immédiatement beaucoup plus sympathique (Ouf).

- Au moins elle a de la répartie la petite.  S'exclame-t-il, puis sur un ton plus sérieux il ajoute en se tournant vers Beast

-  Je sais avec qui vous dînez Sean. N'oubliez pas où sont vos intérêts.
Sur ces propos énigmatiques il s'éloigne en nous faisant un signe de la main. J'ai même droit à un clin d'œil ! 

- Bien, si vous avez fini de vous donner en spectacle, peut être que nous pourrions aller dîner. Dit Beast tout en passant la main sur son épaule, comme si le contact avec la main de Marc risquait de transmettre la peste à son costume.

Je suis sur le point de lui répondre que tout ceci ne m'amuse guère et que je préfèrerai regarder la suite de ma série favorite, lorsqu'un serveur s'approche de nous :

- Veuillez me suivre Monsieur Beast (ce n'est pas vrai tout le monde le connait ici ou quoi ?). Vos clients sont déjà installés.

Petit Mot de l'auteur : Voilà un chapitre de plus !!! Je suis toujours ouverte aux avis et aux critiques ! Merci à celles qui votent et me laissent des petits commentaires ça me fait trooop plaisir.

D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant