Lorsque j'ouvre les yeux, j'ai l'impression que la soirée d'hier n'était qu'un rêve lointain.
Je me lève du canapé, encore fatiguée, il faut bien aller bosser...Pardon se faire exploiter, c'est vrai que je ne suis pas payée ! Un rapide coup d'œil à mon portable m'apprend qu'il est 6h59, j'ai une minute d'avance sur mon réveil ! Je profite de cette minute supplémentaire pour remettre les coussins en place et lancer la bouilloire.
Je me dirige ensuite vers la salle de bain où le miroir me rappelle gentiment que j'ai très peu dormi et que ça se voit. Je m'attache les cheveux avec un élastique qui a connu des jours meilleurs et ouvre le robinet. J'essaie de me détendre sous le jet d'eau bouillante de la douche et ne sort que lorsque cette saleté de miroir est couvert de buée. Hors de question de revoir ma sale tête ! Je m'enveloppe dans une serviette et ouvre la porte de ma chambre. Sandrine dort paisiblement, ses longs cheveux dorés s'étalant magnifiquement sur l'oreiller, je suis sure qu'ils sentent de nouveau la fraise. Ses lèvres rosées sont closes et semblent attendre patiemment le baiser d'un prince charmant tandis que sa poitrine se soulève lentement au rythme de sa respiration. Moi quand je dors, j'ai la bouche ouverte, un filet de bave coule, mes cheveux ne ressemblent à rien et je suis presque sure que je ronfle ! Devant un tel spectacle je ne peux la réveiller de manière douce et lui envoie « gentiment » un coussin en pleine tête.
- Aïeeeeeeeuuuuuh ! Râle -t-elle.
Elle s'étire comme un chat et me regarde la tête penchée sur le côté :
- T'as l'air fracasse Bee !
- On dit « fracassé », Sand ! Et je ne vois pas ce qui te fait dire ça. Serait-ce mon regard vitreux, les cernes sous mes yeux ou encore mon teint ravagé?
- Ta bonne humeur ! Répond-elle en me lançant le coussin.
Nous éclatons de rire. Pendant que miss monde se lève et file dans la cuisine, j'attrape dans mon placard de quoi m'habiller. Un jean, un pull et une écharpe. J'enfile tout ça sous le regard désapprobateur de Sandrine qui mange ses céréales, appuyée contre l'encadrement de la porte.
- Tu sais que tu serais magnifique si tu me laissais t'habiller ? Me lance-t-elle entre deux bouchées.
- Ouais et je serais aussi fauchée ! Répliqué-je sarcastique.
Elle lève les yeux et fait comme si je n'avais rien dit. Je finis de me préparer et après avoir bu le jus d'orange que Sand s'était servie, je lui claque un bisou sonore sur la joue et lui fait signe de la main en récupérant mon sac à main.
- Sand j'y go! N'oublie pas d'aller porter les boîtes au refuge et de nourrir Clyde !
D'un signe du pouce elle me fait signe que c'est ok et je pars l'esprit à peu près tranquille. Quand on a une coloc comme Sand, l'esprit complètement tranquille c'est une fiction.
L'air frais du matin colore mes joues pâles et me fait frissonner. J'ajuste mon écharpe, hors de question de finir la semaine avec un rhume. Je fais mon crochet habituel par la boulangerie pour déguster mon muffin à la framboise (Sand me tuerait si elle le savait). Tout en cherchant mon porte-monnaie, mes doigts s'arrêtent sur un objet long et métallique. Perplexe je le sors et me retrouve avec le stylo de Beast. Zut !!! Je l'avais complétement oublié !!! Je dois absolument le lui rapporter, il ne faudrait pas qu'il me prenne pour une voleuse.
- Alors, elle compte me payer la demoiselle, j'ai des clients qui attendent moi !
La voix du boulanger me tire de ma rêverie. Je règle ma commande, fourre le stylo dans ma poche en me disant que j'ai tout le temps de penser à un moyen de lui rendre et file vers la tour infernale. Un rapide bonjour à Julien et je retourne à mes cartons. Pour la première fois en deux mois, je fais exactement ce pour quoi je ne suis pas payée : Ranger et Classer au lieu de Lire et Glander. Le fait de m'atteler à une tâche ennuyeuse et répétitive me permet de mettre de l'ordre dans mes idées. Je sais exactement comment m'y prendre avec ce stylo.
Je profite de la pause déjeuner pour m'éclipser, direction le bureau de Beast. Une fois dans l'ascenseur (et après avoir vérifié que mes chaussures se trouvaient à mes pieds) je me répète la marche à suivre :
Tu rentres - Tu poses le stylo - Tu sors. Tu rentres - Tu poses le stylo - Tu sors. Tu rentres - Tu poses le stylo - Tu sors.
Ding ! « Les portes sont ouvertes. »
Qu'est-ce qu'elle m'énerve cette voix mécanique !
L'étage est désert, parfait ça va me simplifier la tâche. D'un pas assuré je me dirige vers le bureau de Beast. Je frappe deux coups, personne, il a dû aller déjeuner, tant mieux. Je pousse la porte, bien déterminée à me cantonner à mon plan et pénètre dans l'antre de la Bête.
Lorsque j'y suis venue hier je n 'ai pas pris la peine d'étudier attentivement cette pièce, bien trop occupée à éviter les manuscrits volants. En parlant de manuscrit, celui de Gaston se trouve toujours sur le tapis Je me baisse pour le ramasser et le pose sur le bureau. Je sais que je suis censée me dépêcher, mais tant qu'à être là autant en profiter non ?
Au centre de la pièce se trouvent deux fauteuils en cuir noir, j'hésite à m'asseoir dessus car vu mon état je serais capable de m'endormir. Les murs sont couverts d'étagères sur lesquelles reposent des livres. En m'approchant, je constate que la plupart sont des ouvrages anciens sur des cultures disparues (les incas, les aztèques, les mayas...) mais pas tous. En effet, certains traitent de cycles lunaires ou encore des légendes indiennes et, à ma grande surprise, je trouve un recueil de poésie. Je tends la main et le feuillette délicatement. J'ai l'impression de découvrir une autre facette de Beast. Derrière son apparente froideur, se cache quelqu'un capable d'apprécier la beauté des vers de Victor Hugo, Malherbe ou encore Germain Nouveau. Je délaisse à contrecœur mon envie de lire plus en détail ce recueil, remets le livre à sa place et me retourne. Mon regard se pose enfin sur l'objet le plus imposant de la pièce : Le Bureau.
Il s'agit sans hésitation du bureau le plus majestueux et le plus magnifique qu'il m'ait été donné de voir. Il est en ébène, assorti au cuir des coussins, des tiroirs à poignée dorée se trouvent de part et d'autre, il doit faire 1m80 de longueur et je suis sure que c'est une pièce de collection. A bien y regarder, tout dans cette pièce semble sortir d'un musée. Cela m'étonne qu'un homme aimant les choses anciennes dotées d'une histoire apprécie une soirée au « Glaçon maudit » temple de la modernité. Je m'installe dans le fauteuil de Beast, face au bureau, et étudie ce qui s'y trouve : un ordinateur, un téléphone et un porte carte de visite. C'est tout. Il n'y a absolument rien de personnel, pas de photos, pas de dessins d'enfants, pas de carte postale, pas de bibelots, rien. Je suis un peu déçue, moi qui pensais en apprendre plus sur lui c'est loupé. Pour la peine je lui chipe une carte de visite que je glisse dans mon sac.
Flûte, il est déjà treize heures. J'ai intérêt à me dépêcher. Je me lève et dépose rapidement le stylo avec un post-it sur lequel est écrit « Merci ». Simple, sobre, efficace !
D'un dernier regard j'embrasse cette pièce, referme la porte, souffle de soulagement et....
- Que faites-vous ici ?
Mer-de.
Petit mot de moi : Chapitre 12 terminé ! Je ne pensais pas aller si loin mais au fur et à mesure j'ai plein d'idées qui traversent ma petite tête ! J'ai hâte de vous livrer le prochain chapitre !
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D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)
ChickLitIl aura suffit qu'une vieille dame me donne un coup de baguette (mais une vraie baguette, avec la mie, la croûte et les quignons) pour que ma vie parte en vrille. Entre mon patron exaspérant, mais au combien sexy, son garde du corps super flippant...