Une demande indécente

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Et maintenant ? Je suis assise face à lui mais il fait comme si je n'étais pas là. Je sens l'exaspération commençait à monter en moi. Comment ose-t-il m'ignorer aussi superbement, alors que je n'ai rien demandé. J'étais bien moi dans mes archives et je n'avais pas du tout prévu d'aller au restaurant, encore moins avec lui.

Je décide de l'imiter et, à défaut du « Times » ou de « Comment devenir le roi du monde et ignorer les filles dans les limousines », je sors de mon sac « Baba », chef d'œuvre des magazines féminins, qui affiche à sa Une «30 conseils pour avoir confiance en soi» et «S'amuser avec les fruits et légumes ». Aucune crédibilité, je sais, mais je n'ai rien de mieux. Désolée mais l'encyclopédie Universalis en dix-huit volumes ne rentrait pas dans mon petit sac.

Je tourne les pages sans vraiment les voir et il est là !!! L'article qui va me sauver : «Comment le surprendre ». Je le lis attentivement, en sautant les passages sur comment le surprendre au lit (Non c'est faux je les ai lus aussi... mais ce n'est pas le propos) et une idée commence à germer dans mon esprit, il faut juste que j'attende le bon moment pour la mettre à exécution.

J'attends...

J'attends toujours...

Je commence à me dire que c'est foutu lorsqu'enfin une opportunité se présente. Monsieur Beast ouvre le minibar (oui il y a des minibars dans les limousines, dans ma Kia non, mais dans les limousines si!), et en sort une bouteille d'eau. Il commence à boire tout en fixant sa revue stupide. Il m'ignore toujours donc ! Je choisis ce moment pour agir :

- Big B m'a informée de mon rôle pour la soirée. Pour mener à bien ma mission j'ai besoin de deux choses : le stylo hors de prix qui se trouve dans votre poche et un orgasme.

J'ai dit tout cela sur un ton neutre et monocorde, de la même manière que j'aurais annoncé une évidence du genre « la terre est ronde et j'adore manger le Nutella à la cuillère » sans quitter mon article des yeux.

Sa réaction ne se fait pas attendre, il manque de s'étouffer, recrache de l'eau sur son journal, et sur son costume (Aïe ça va faire tâche pour le rendez-vous) et daigne enfin m'accorder son attention. Je décide de poursuivre sur ma lancée sans lui laisser le temps de répondre :

- Ah ! pardon ! J'avais oublié que j'avais à faire à un homme et pas à un robot sans éducation qui entraîne une jeune stagiaire innocente dans sa voiture pour lui rendre service, sans lui dire ni merci ni merde. Et qui, j'en suis sure, ne connait pas le prénom de ladite stagiaire.

Je profite de ce qu'il reste sans voix pour enchaîner :

- Pour en revenir à mes conditions, rassurez-vous elles sont strictement professionnelles. Le stylo servira à me conférer un peu plus de crédibilité que ma tenue. Au pire je passerai pour une assistante qui ne sait pas s'habiller, au mieux pour une excentrique, mais dans tous les cas pour une personne qui a les moyens de se payer un stylo à plus de 500 €. Et si elle a les moyens de se payer un tel objet c'est qu'elle doit avoir des compétences et qu'il ne faut pas se fier à son apparence. Quant à l'orgasme... dis-je en insistant sur le dernier mot, il s'agit d'un shooter d'alcool qui me permettra d'occulter votre immense gentillesse et votre convivialité sans limite.

Ma tirade enfin terminée, je tourne nonchalamment la page de mon magazine. Surtout ne pas lever les yeux et ne pas croiser son regard. J'attends immobile, sa réponse, tout en faisant semblant de me concentrer sur ma lecture (une photo d'un produit contre l'herpès), mais elle ne vient pas.

La voiture s'immobilise enfin. Monsieur Beast sort de la voiture avant même que je n'ai pu esquisser le moindre geste. Il m'attend, debout en retenant la portière. Je m'extirpe de la voiture, toujours en évitant son regard, et du coin de l'œil je le vois porter la main à sa poche et me tendre quelque chose:

- Pour information, il n'a coûté que 200 €. J'ai rempli l'une des conditions, pour la seconde on verra... Belle. Dit-il en m'offrant ce qui ressemble à une esquisse de sourire.

Comment il connaît mon nom ? A tous les coups c'est Big B qui lui a dit, je le maudis intérieurement.

Il se penche vers moi et mon cœur se met à battre à mille à l'heure. Je sens son souffle contre mon oreille. OH –OH, voilà ce qu'on récolte à faire la maligne avec plus fort que soi.

VLAN

Ah non en fait il voulait juste fermer la portière ! Qu'est-ce que je m'étais imaginée encore !!! Je me sens soudainement honteuse. Monsieur Beast ne semble pas remarquer mon trouble et se met à marcher en direction du restaurant. Je suis sure qu'intérieurement il jubile. Je le déteste c'est officiel. Je vais mener à bien ma mission et me barrer en gardant, en guise de paiement, ce joli stylo.

« Le glaçon maudit » ! C'est là que je vais dîner !!! J'ai déjà entendu parler de cet endroit, j'ai même vu des photos dans le dernier « Voilà » !!! Il parait que leurs cocktails sont aussi chers que bons, que tous les plus beaux partis s'y retrouvent et qu'il est plus facile de rentrer au Pentagone que d'y avoir une réservation. J'hésite à faire un selfie mais je me dis que ce serait pousser le bouchon un peu loin (rapport à Monsieur Beast, sa notoriété et tout et tout). J'accélère le pas, sinon vu ma tenue, et malgré le stylo, qui pourrait à lui seul couvrir ma facture d'eau, d'électricité, de téléphone et me laisser encore un peu d'argent pour faire du shopping, je ne risque pas de rentrer. Il faut dire qu'il y a foule ce soir (et sans doute les autres soirs aussi ceci dit). Des jeunes femmes aux jambes interminables et aux robes inversement proportionnelles tentent de faire les yeux doux au type chargé de l'accueil. Ce dernier reste impassible, je suis sure qu'il est gay... ou très bien payé ! Quelques paparazzis sont présents également, espérant sans doute immortaliser la venue de quelques célébrités.

Derrière nous Big B nous a rejoints. Décidément il fait tout cet homme-là, chauffeur, garde du corps, assassin personnel (on ne me l'enlèvera pas de l'idée). Je m'apprête à aller faire la queue, sagement, comme tout le monde, mais Big B me guide vers l'entrée. D'un geste de la main, il fait un signe à quelqu'un et miraculeusement les portes s'ouvrent, permettant à la foule d'entrevoir la beauté des lieux. Au moment de passer je pince discrètement le poignet de Big B (ça lui apprendra à donner mon nom à n'importe qui) qui semble ne rien sentir, ce n'est pas un homme, lui aussi c'est un robot !

Je pénètre dans le restaurant et ce que je découvre me laisse sans voix.

Petit Mot de l'auteur : Voilà le chapitre 4 est terminé, j'ai beaucoup souri en l'écrivant et j'espère qu'il vous fera rire aussi! Dans les commentaires ce serait sympa de me dire comment vous trouvez l'héroïne ? N'oubliez pas de voter pour les chapitres, ça me permet de savoir que ça vous a plu ! ;-)

D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant