D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)

Retour vers le passé

Après avoir consciencieusement étalé des miettes de croissants sur la couette de Sand, je me lève et vais ranger la basket lumineuse à sa place. Cette basket, c'est toute une histoire. Elle est entrée dans ma vie en même temps qu'une certaine fille blonde aux yeux bleus.

Il y a trois ans

- Alors vous voyez, ici il y a une grande fenêtre double vitrage avec une très jolie vue sur le parc. C'est idéal pour étudier au calme Mademoiselle Strange.

Nancy l'agent immobilier connaît parfaitement son boulot. Juchée sur des talons de quinze centimètres et vêtue d'un tailleur beige elle me décrit en détail tous les avantages de ce magnifique appartement. Les bracelets à ses poignets s'entrechoquent à chacun de ses mouvements. Cuisine américaine toute équipée, salle de bain entièrement refaite, quartier animé (mais pas trop), à deux pas des transports en commun, dans un immeuble récent... Le plus, c'est bien évidemment ses deux chambres avec placards intégrés dont l'une peut être transformée en bureau. Bref cet appartement est celui de mes rêves. Le seul hic, le loyer. Je savais qu'il n'était absolument pas dans mes moyens, mais quand j'ai vu l'annonce sur le site internet je n'ai pas pu résister à l'envie de le visiter.

- Vous savez mademoiselle, le propriétaire n'est pas contre une colocation. Me dit Nancy, en me collant un dossier de candidature dans les mains.

Une colocation ? Je n'y avais pas pensé, ça peut effectivement être la solution. Après tout à notre époque c'est courant et relativement sympa. A condition de trouver la bonne personne.

- Il me faut une réponse avant vendredi. Précise l'agent immobilier, réduisant à néant mes espoirs.

Vendredi, mais on est déjà mercredi matin. Après avoir fait un dernier tour, Nancy ferme la porte sur mon rêve et me tend tout de même un dossier de candidature. Je me réfugie dans une brasserie au coin de la rue et, complètement sous le charme de cet appartement, je publie une annonce sur Internet. Après tout ça peut marcher. Je peux sans doute trouver une étudiante, nouvelle en ville, qui aime la littérature et qui appréciera des sessions révisions en mangeant du popcorn. Bref la coloc idéale pour moi. Avant seize heures j'ai cinq appels et je propose aux futurs candidats de me retrouver dans la brasserie le soir même.

Il me tarde de les rencontrer!!!

Quelques heures plus tard, je suis dépitée. Les deux premières étaient complètement bourrées et empestaient la cigarette. Au final elles ont décidé de partir en boîte et de s'installer ensemble dans le garage du cousin du frère à un ami de je ne sais plus qui.

La troisième était en fait un homme qui avait déguisé sa voix. Il souhaitait me rencontrer car il avait besoin, je cite, « d'un endroit où crécher ». Apparemment il était agriculteur et ne cultivait pas que des tomates. A l'entendre son affaire était florissante et il était prêt à payer sa part de loyer en herbe ou autres substances hallucinogènes. J'ai bien évidemment pris son numéro (afin de prévenir la police) et lui ai promis de le rappeler très vite.

La quatrième ne s'est pas présentée et la cinquième m'a gentiment demandée si, une fois qu'on aurait aménagé, je pourrais libérer l'appartement un jour sur deux car elle organisait des soirées de spiritisme avec ses amies sorcières. Intérieurement je me suis demandée si ce n'était pas une cliente régulière de l'agriculteur.

Enfin, j'en suis à mon troisième cocktail, en train de me dire que je resterai condamnée à tout jamais dans ma chambre d'étudiante, à devoir faire salle de bain commune avec tout l'étage, quand une jeune fille blonde, mince, avec de grands yeux marrons s'installe en face de moi.