Un prénom ridicule

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- Comment ça je vais dîner avec Monsieur Beast ??? M'étranglé-je, à moitié soulagée et à moitié terrifiée.

- Relax tout ira bien. Assure-t-il tout en passant la main dans ses cheveux courts. Mes yeux sont attirés par son poignet autour duquel brille la plus grosse montre que j'ai jamais vue. Je suis sure qu'en plus de donner l'heure et la date elle fait scanner et imprimante !

Maintenant que j'ai la quasi-certitude qu'il ne va pas froidement m'assassiner j'observe plus en détail mon mystérieux accompagnateur. Il est grand, 1m 85 je dirais,  les cheveux châtains, coiffés avec du gel, de beaux yeux bleus, plutôt mince et un costume qui doit sans doute valoir plus cher que mon loyer. Je ne lui donne pas plus de 25 ans.

- Au fait, je suis Big B. Dit-il en me tendant la main.

- Sérieux ?

Un ange passe et là c'est plus fort que moi j'éclate de rire. C'est comme si la tension accumulée ces dernières minutes s'évanouissait. Je suis pliée en deux tellement je rigole. Big B, puisqu'il me faut l'appeler ainsi, me regarde avec un air ahuri qui me fait repartir de plus belle.

- Excusez-moi, parvins-je à formuler entre deux gloussements, c'est juste qu'il y a cinq minutes j'ai cru que votre patron vous avez demandé de me liquider et de faire disparaître mon corps, et là, j'apprends que je vais dîner avec lui et que vous vous appelez... Big B. Je suis désolée, c'est tellement ridicule.... 

J'essaie de me mordre les lèvres pour ne pas exploser de rire mais c'est encore pire.  Big B (non mais franchement on ne peut pas s'appeler comme ça !!!!) est complètement désemparé et ça n'aide pas à me calmer.

- Vous avez vraiment cru que j'allais vous buter ? S'étonne-t-il

- Euh....oui. Avoué-je un peu honteuse.

Je rêve où c'est un petit sourire satisfait que je vois apparaitre sur son visage ?

- Cette soirée risque d'être intéressante. Conclut-il en sortant de l'ascenseur.

Nous traversons le sous-sol jusqu'aux archives où, au milieu de cartons (non rangés), trônent mes chaussures. Big B les ramasse et me les tend :

- Et vous c'est comment votre nom ?

Aïe la question qui tue.

- Belle Strange.

C'était à prévoir, là c'est lui qui se marre.

- Vous vous moquez de moi parce que je m'appelle Big B et vous c'est Belle ????? C'est l'hôpital qui se fout de la charité !!!

- Oh ça va ! (oui je peux me moquer des autres mais ce n'est pas forcément réciproque). Moi je n'ai pas choisi ce nom-là, alors que vous c'est visiblement un surnom. D'ailleurs c'est quoi votre prénom officiel ? Ça peut pas être pire que Big B, si ?

- Si je vous le dit, je devrais vous tuer ensuite. Rétorque-t-il froidement du tac au tac.

Je lève les yeux vers lui, et là nous rions ensemble. Je ris tellement que je manque de tomber en arrière, ma chaussure à la main. En moins de deux secondes Big B est prêt de moi et me retient. Nous restons ainsi, face à face, sa main posée au creux de mes reins, pendant ce qui me semble durer des heures. J'ose à peine respirer lorsqu'il attrape une de mes mèches et la glisse derrière mon oreille.

- Nous allons finir par être en retard. Me murmure-t-il doucement.

Je n'ose répondre. Soudain son portable se met à sonner, il décroche en s'éloignant, répond trois mots à son interlocuteur,  et me fait signe de me dépêcher. Je presse le pas pour le rattraper mais avant que je n'ai pu dire quoi ce soit il se tourne vers moi et m'explique d'une voix tendue qu'étant la seule à avoir lu le manuscrit (celui qui a traversé le bureau), je vais accompagner Monsieur Beast à son repas d'affaires. Mon rôle sera de distraire le fils de son investisseur en lui prouvant que son travail a été pris au sérieux et qu'il a beaucoup de talent.

Su-per ! En gros je vais servir de baby sitter à un gosse de riche! Regardons le bon côté des choses, au moins ce soir je ne mangerai pas de pâtes.

Je m'empresse d'envoyer un SMS à ma coloc : « Ne m'attends pas, je dors avec mon patron ce soir, c'est pour les affaires, je t'explique tout en rentrant » !

Sa réponse ne se fait pas attendre : « ?????????? WTF ??????? »

Ben qu'est-ce qu'elle a ? Je reviens en arrière, relis mon texto et là je comprends. Texto rectificatif : «  Je Sors avec mon patron ».

« OK ! Je prépare la glace aux cookies pour ton retour ! Hors de question d'aller me coucher avant de TOUT savoir ! »
Je souris en coupant mon portable. Elle est géniale !

Nous voilà donc Big B et moi devant la tour des éditions Beast, il fait presque nuit et j'ai froid. Il s'avance vers l'immense limousine noire qui semble nous attendre et m'ouvre galamment la portière. A l'intérieur, le terrifiant Monsieur Beast est en train de lire une revue économique. Dans cet espace confiné il parait encore plus imposant, plus sombre. Il lève les yeux de son magazine et me regarde intensément, comme s'il me jaugeait. Je suis de nouveau figée (c'est une habitude aujourd'hui). Mais à ce moment précis je sais que j'ai encore le choix. Si je le veux je peux fuir,  le fuir lui et son mauvais caractère pour  ne jamais revenir, mais je peux aussi choisir de monter dans cette voiture et prouver à cet homme, à qui tout le monde semble obéir, dont je ne sais rien et qui pourtant me fascine, qu'il ne m'impressionne pas du tout (bon ok un tout petit peu).

Alors ? Semble dire son regard.

Je me retourne, j'hésite, je jette un dernier regard en arrière et m'engouffre dans le véhicule.

Après tout, ce soir il a besoin de moi et j'ai toujours aimé rendre service.

Big B referme rapidement la portière sur le froid de la nuit tombante et sur mes appréhensions (il doit avoir peur que je change d'avis), j'entends le « clic » caractéristique des portes qui se verrouillent  et, tandis que je baisse les yeux pour vérifier que ma bombe d'auto défense est bien dans mon sac, je ne vois pas le sourire carnassier de Monsieur Beast qui replonge satisfait dans sa revue.

Petit mot de l'auteur : Bon voilà le chapitre 3 est terminé! J'espère que ça vous plaira ! N'Hésitez pas à me laisser vos commentaires (positifs ou négatifs, je ne mords pas) pour me dire ce que vous pensez de Big B

D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant