Chapitre 18

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J'avais pris la direction du nord. Je ne savais pas où je pouvais aller, ma destination s'était en quelque sorte imposée d'elle-même. Je voulais tout d'abord sortir de la ville, j'avais donc pris le chemin le plus court pour y arriver. J'étais arrivée sur la voie rapide puis je m'étais contentée de rester dessus, roulant tranquillement.

J'avais eu des tas de SMS. Je jetais à chaque fois un coup d'œil à mon téléphone. J'en avais eu un de ma mère qui me disait de bien travailler avec mon ami, signe qu'elle avait bien lu mon mot, les autres n'avaient que été des garçons. C'était toujours les mêmes questions : "où est-ce que tu es ?", "qu'est-ce que tu fais ?" ou des demandes "tu ne veux pas venir au garage ? On pourra parler". La façon de le dire était différente selon l'expéditeur, mais dans l'ensemble, ils voulaient tous dire la même chose.

La plupart du temps je me contentais de regarder ce que c'était avant de relancer mon téléphone sur le siège passager. Mais merde à la fin ! Ils ne pouvaient pas comprendre que si j'étais partie c'était parce que je voulais être seule avec moi-même ? C'était si difficile ? De toute évidence oui. Je bloquais sur le dernier message que j'avais eu d'Ashton :

De Smash :
Mais putain, où est-ce que tu vas ?

Je me demandais pendant une minute comment il pouvait savoir que j'allais quelque part. C'est vrai : j'aurais très bien pu partir de chez moi, me poser dans un café et attendre que ma vie passe ! Puis je compris : le logiciel que Fluke, aka Luke, avait installé sur mon téléphone. Il lui suffisait de regarder sur son ordinateur pour me localiser. En clair : ils me suivaient à la trace. Non mais et puis encore ?! Une fois que j'aurais commencé à faire le point ils allaient tous débarquer en force ?! Non mais ils rêvaient !

J'avais donc récupérer mon téléphone pour désactiver la géo-localisation. Oui, je sais, ce n'est pas conseillé de le faire au volant. Je ne le faisais jamais d'habitude, mais là il fallait que je le fasse pour être tranquille. Je venais de passer près de la ville d'Everett, ne sachant toujours pas moi-même où j'allais. Au point où j'en étais, j'irais peut-être jusqu'à la frontière canadienne. Ben oui, si je ne quittais pas cette route, c'est là que j'atterrirais !

Puis je vis un panneau indiquant les villes que je pourrais rejoindre en prenant la sortie suivante quelques kilomètres plus loin. Ce n'est pas une ville qui attira mon attention, mais un lieu : le lac Cavanaugh. Ça me rappela des souvenirs. On y allait souvent avec mes parents, au moins une fois par mois, à une époque. Mon père travaillait beaucoup, il aimait donc partir avec nous pour le week-end. Ce n'était pas bien loin, on mettait une heure et demi pour y aller, deux au grand maximum si on partait le vendredi soir quand il y avait des bouchons. Je n'y avais que de bons souvenirs : on pêchait dans le lac, faisant griller nos prises le soir sur le feu que mon père avait allumé, on faisait des grandes randonnées dans les alentours, d'autant plus que les paysages étaient magnifiques, on pouvait même se baigner en été ! Je me souviens que mon grand-père nous avait même accompagnés quelques fois. C'était agréable parce que mon père et lui restaient toujours branchés sur leurs téléphones portables ou leurs tablettes en temps normal, ce n'était qu'au lac Cavanaugh qu'ils réussissaient à les laisser de côté. Ben oui : on faisait du camping à l'ancienne : dans une tente sans prise pour brancher leurs joujoux ! Ils ne pouvaient pas toujours rester dessus sinon ils risquaient de vider la batterie et ne seraient pas prévenus s'il y avait une urgence ! J'adorais ces sorties au lac... Enfin, jusqu'à ce que ma sœur pique une crise parce qu'elle en avait assez de devoir y aller. Mon père nous emmenait là bas pour passer de bons moments en famille, il n'avait jamais voulu forcer qui que ce soit. En sachant que Missouri ne voulait plus y aller, les sorties au lac avaient tout bonnement été abandonnés il y a deux ans.

We Don't Stop // 5 Seconds of SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant