Vie d'une Fille Compliquée

Chapitre 9

-Vous vous connaissez ? demanda sa mère qui avait surpris notre échange de regards.

Je répondis que l'on était dans la même classe en tâchant d'ignorer le fait que Zack ne me quittait pas des yeux. Ça me faisait très, très peur.
Clairement. J'étais limite en train de me pisser dessus.

Au bout d'un instant, il arbora son légendaire petit air satisfait et me détailla encore une fois au rayon laser. Je voulais disparaître sous terre.

-Oh ! Mais c'est formidable ! Le monde est si petit... Bon, je vais vous laisser travailler. Zack, mon cœur, tu lui montres ta chambre ?

Celui-ci cessa enfin de m'inspecter pour marmonner quelque chose dans sa barbe.

Oh, il est gêné du surnom que sa mère lui donne. Trop mignon...

Il passa une main dans ses cheveux en bataille, sûrement pour se donner un genre. Il se décida ensuite à faire demi-tour et remonta les escaliers en sens inverse. Je le suivis en m'appliquant à ne pas faire de bruit. Si seulement je pouvais devenir invisible...

Allez Lola, courage.

Arrivée sur le palier, je pris une discrète inspiration. J'étais sur le point d'entrer dans la chambre d'un garçon pour la première fois. Et pas de n'importe quel garçon : de Zack Carter, le mec dont on entendait le plus parler au lycée !

Je pénétrai à sa suite dans une chambre qui collait complètement avec l'idée que je m'étais faite de celles des ados populaires dans son genre.

Des murs gris sombre, un lit à moitié défait au milieu le la pièce -on apercevait encore la trace de la tête de Zack sur l'oreiller-, un écran plat avec une pile de jeux vidéos dans un coin, des posters de boxeurs en maillot et des vêtements éparpillés un peu partout sur le sol.

Plus cliché, tu meurs.

Le seul truc qui différait de mes aprioris était l'odeur qui flottait dans la pièce. Je m'étais attendue à un mélange de pizza périmée et de vieille chaussette sale, mais je ne sentais rien d'autre qu'une légère trace de parfum masculin.
Probablement du déodorant passé en vitesse sous les aisselles il y a trois minutes.

Je restai debout à regarder mon irritant premier client s'affaler sur son matelas en poussant un soupir. Je crus déceler un petit rire caché derrière celui-ci.

-Quoi de neuf ? lâcha-t-il nonchalamment.

Je décidai de l'ignorer en déposant mon sac au pied du bureau sur ma gauche. Purée, c'était possible d'être aussi désordonné ? À côté de son PC traînaient plusieurs boulettes de papier et une incroyable quantité de stylos non bouchés. En revanche, pas la moindre de trace de cahier ou de support vierge.

Vous me prenez sûrement pour une folle, mais je détestais voir des stylos sans capuchon. J'avais à chaque fois une envie irrépressible de les fermer, comme si j'étais destinée à accomplir un devoir de la plus haute importance.

Il n'y avait qu'une chaise à roulettes de disponible, et je réfléchissais sur lequel de nous deux aurait le privilège de s'asseoir dessus.

Une réflexion extrêmement profonde et troublante, je sais.

Je sentis Zack se relever dans mon dos tandis que je sortais mes affaires une par une. C'était moi où le matelas avait craqué quand il s'était mis debout ?

-Tu m'en veux toujours pour la plage, hein ?

Il me contourna pour aller chercher quelque chose dans l'armoire accolée à son plan de travail anarchique. Quand il se retourna enfin, il m'offrit son sourire le plus parfait.