Vie d'une Fille Compliquée

Chapitre 21

Le soleil est visible à travers les minuscules fenêtres qui donnent sur les jardins depuis la cafétéria.

Il n'y a jamais grand monde qui vient ici après les cours, seulement quelques élèves qui n'ont pas le temps de rentrer chez eux et passent prendre un truc à grignoter.

Moi, je vais faire le plein. Le trajet en bus jusqu'à chez ma grand-mère est assez long, et j'aurai besoin de forces pour apprendre mes cours et faire mes exos calée dans mon siège.

La mère de mon père habite seule à une vingtaine de kilomètres de la ville, en retrait d'un petit village dont les habitants sont essentiellement des retraités en quête de silence et de calme.

Je lui rends visite deux fois par mois ou plus si je ne suis pas trop débordée, et on se balade entre les champs sur les routes désertes en parlant de tout et de rien.

Ses souvenirs d'enfance m'amuse beaucoup. Ma grand-mère est très créative et ne manque jamais d'idées pour me divertir.
Ce que je préfère, c'est le tricot. Pensez ce que vous voulez, ça demande une patience et un talent inimaginable de savoir manipuler les aiguilles.

J'avais réussi à confectionner un ensemble pyjama que j'avais offert à mon cousin Arthur à sa naissance. Ça m'avait au moins pris une année pour le faire, mais je trouvais le résultat trop mignon. Et en plus, ma tante avait dit qu'il tenait super chaud.

Je me réveillais en réalisant que la fille qui commandait devant moi était partie depuis un petit moment et m'approchai du comptoir avec un sourire.

-Bonjour, je voudrais un panini au chocolat et une barre de céréales s'il-vous-plaît.

La dame en tablier disparut et revint presque aussitôt avec deux sachets en papier qu'elle déposa sur le plan de travail.
Je payai le montant indiqué avant de repartir les bras chargés. Avec en plus mon sac qui pesait lourd, j'eus du mal à enfoncer la porte de sortie.

En fait, je m'acharnais tellement que je finis par bousculer assez fort la personne qui entrait en sens inverse.

Au moment où je relevais les yeux pour m'excuser, je m'immobilisai. Pas possible. Je résistai à l'envie de me frotter les yeux pour découvrir si je portais réellement la poisse.

Pourquoi ?

Zack se tenait devant moi avec le même gars que ce midi et me dévisageait d'un air moqueur.
Il laissa échapper un petit rire en me voyant rougir à cause de son attitude.

-Saute dans mes bras si tu m'aimes autant, ça ira plus vite.

Je grommelai et passai mon chemin sans relever sa remarque. Comme dans quatre-vingt dix pour cents des cas, en fait.
Je crus noter un sifflement grivois au moment où je dégageais ma jupe coincée dans la clenche, mais je fis comme si cela ne m'atteignait pas.

Mieux valait ignorer les personnes dans leur genre.

A peine dix minutes plus tard, j'attendais seule à l'arrêt de bus devant le lycée. Le numéro six devait arriver d'un instant à l'autre.

Sentant mon ventre gargouiller, je déballai le premier paquet en réussissant à le coincer avec mon coude et entamai mon sandwich de la main gauche.

Même si j'avais dû batailler avec le papier qui entourait le pain, j'étais récompensée par le Nutella qui fondait sur ma langue à chaque bouchée.

-Eh la miss, t'as oublié ça !

Je fis volte-face et me retrouvai encore une fois nez à nez avec mon insupportable voisin de classe qui me rapportait...