Chapitre 15

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Je n'avais jamais été aussi heureuse de ne pas travailler un samedi matin.

Quand j'ouvrais finalement les yeux vers dix heures, ma main me faisait toujours aussi mal et on aurait dit qu'un essaim d'abeilles avait élu domicile à l'intérieur de mon crâne.
J'avais passé une nuit étonnamment paisible, mais je me sentais toujours très fatiguée.

Je resserrai ma robe de chambre et descendis les escaliers d'un pas lourd avec la grâce d'un zombie tout droit sorti de The Walking Dead.

Ma mère avait laissé un post-it sur la table de la cuisine disant que Marjorie arrivait en fin de matinée. Il me restait donc un peu plus d'une heure devant moi.

Je pris un copieux petit-déjeuner et remontai ensuite dans ma chambre pour me glisser de nouveau sous la couette.

En attrapant le Blackberry qui me servait de maigre compensation, je m'attendais à recevoir une quinzaine de messages de la part de Julia qui se demandait pourquoi nous n'étions pas rentrées ensemble hier soir.

Rien, nada, niet.

Mais je suis bête... pensai-je en me frappant le front du plat de la main.

Ce fâcheux réflexe eut pour conséquence de m'arracher un gémissement de douleur.

Tout ce qui se trouvait dans mon ancien portable était foutu, y compris ma carte SIM. Je pouvais déjà réfléchir à toutes les démarches à faire pour me créer un nouveau compte...

Une vague de déprime se mit à flotter tout autour de moi.

Je gardais le moral en espérant que Julia avait essayé d'appeler sur le fixe.

Je reposai le smartphone par terre et repoussai les démarches ennuyeuses à plus tard. Pour l'instant, j'avais besoin de me reposer encore un peu.

J'allumai l'ordinateur portable dangereusement penché au coin de mon lit et mis la playlist "relax" en route.

Je fermai les yeux et me laissai emporter par les paroles de Revenge, le titre de Danger Mouse et Sparklehorse qui me faisait à chaque fois pleurer et sombrer dans un profond sommeil en même temps.

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La sonnerie mélodieuse -notez l'ironie- qui résonna dans toute la maison me fit presque bondir sous la couette.

Je fis un effort pour plisser les yeux et déchiffrai la forme floue des chiffres sur mon réveil.

11h30

Maudits soient les gens qui respectent leurs horaires.

Je me tirai une fois encore péniblement du lit et enfilai un pull marron trop grand qui m'arrivait presque aux genoux.

Je me forçai à sourire au moment où la porte d'entrée s'ouvrait sur ma tante et mon adorable cousin.

Marjorie était une femme mince aux cheveux roux coupés courts et à la peau pâle comme le clair de lune. Elle tenait une petite boulangerie dans un village de campagne à une demi-heure de route d'ici et s'était récemment remariée avec un homme plus jeune qui s'appelait Frank.

Ce changement de conjoint ne me posait pas de problème particulier, étant donné que je ne m'intéressais pas vraiment aux affaires familiales et qu'il avait fait bonne impression dès le début.

C'était plus pour Arthur que je m'inquiétais. Le bout de chou venait de prendre quatre ans et sa mère avait trouvé quelqu'un d'autre moins d'une semaine après son anniversaire.

Vie d'une Fille CompliquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant