Chapitre 24

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Ce moment extrêmement gênant et surtout bouleversant ne m'avait pas empêchée de terminer ma semaine de la façon la plus normale qui soit.

Enfin, quand je dis normale, il y avait eu certaines choses qui ne figuraient pas dans mon emploi du temps habituel.

Entre autre le fait que ma mère ait dû changer tous les soirs mon bandage en me faisant chaque fois souffrir un peu moins, mais souffrir quand même.

Heureusement, la plaie s'était plutôt bien refermée et je ne portais plus qu'un pansement qui ne me gênait pas le moins du monde.
Le calvaire allait bientôt disparaître pour de bon.

Le mois d'octobre était le mois des anniversaires, et nous étions allés au restaurant en famille pour célébrer celui de mon père. La haute gastronomie m'avait toujours fascinée.

Deviner ce que contenaient les plats cuisinés avec talent et originalité relevait de l'expertise, mais la soirée du vendredi s'était déroulée sans accroc.

Mon père avait même eut la bonté de discuter d'autre chose que de son métier harassant qui l'achevait un peu plus chaque année, et nous avions passé un bon moment à parler de tout et de rien dans la bonne humeur.

Peut-être que la période maussade que je traversais actuellement avec lui n'était que passagère, et qu'un jour nous pourrions nous entendre normalement et profiter pleinement l'un de l'autre.

Je me surpris à souhaiter que cela arrive rapidement.

Le lundi, Zack et moi n'avions pas échangé un mot de tout le cours de physique. Même quand la prof nous avait rendu notre 17/20 sur l'expérience mémorable que j'avais faite sur les alcools.

Mon agaçant voisin était devenu étrangement silencieux, ce qui ne me rassurait pour ainsi dire pas du tout. Il devait mijoter quelque chose.
Son mimétisme était trop louche pour que je puisse pleinement m'en réjouir.

Coup de malchance, Mme Troyens nous avait distribué à la suite une feuille d'inscription à remplir pour le voyage au musée des Sciences et de la Mécanique, à rendre pour le lendemain sans faute.

Le montant à verser ne dépassait pas les quinze euros, c'est pourquoi mes parents s'étaient entendus pour me payer la sortie.

Et ça, c'était indéniablement une mauvaise nouvelle.

Je grimpais en ce moment même à bord du car scolaire dans lequel j'allais passer les deux prochaines heures à m'ennuyer ferme.
Mon gros sac sur le dos, je gravis quelques marches et saluai le chauffeur d'un signe de tête qui se voulait compatissant.

Je plaignais les conducteurs de bus. Les classes les traitaient bien souvent comme des moins que rien, et je pariais qu'ils comptaient à rebours le temps à passer en notre compagnie sur l'autoroute entre les bouchons.

Comme j'étais montée parmi les derniers, j'eus du mal à me trouver une place.

La bande de populaires attardés s'était approprié les deux rangées du fond tandis que les plus réveillés occupaient les places à l'avant, sans doute pour discuter avec les deux profs qui nous accompagnaient.

Le voyage s'annonçait long et barbant.

Je remontai l'allée vide sous l'œil de quelques déficients mentaux qui ne manquaient jamais une occasion de me juger. Évidemment, Zack en faisait partie.

Un sentiment indescriptible s'empara de moi quand je vis qu'il avait passé son bras autour des épaules de Sarah Souley. La petite peste jouait les écervelées en tirant sur la fermeture de son sweat-shirt, ce qui semblait l'amuser.

Vie d'une Fille CompliquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant