3 ~ Départ

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Je ne savais pas quelle heure il était, les stores étant toujours baissés, j'étais plongée dans la pénombre depuis que je m'étais réveillée dans cette chambre.

Je me sentais seule. Terriblement seule. Ce sentiment était indescriptible. Plus horrible, plus réel que jamais. Leur manque creusait un gouffre sans fin dans mon cœur.

L'injustice. L'injustice me serrait dans un étau, m'étouffait de tous parts.

Mon état était franchement pitoyable.

Qui ne le serait pas à ma place ?

Ce que je ressentais était encore pire que lorsque Aidan fut tué. Et pourtant, je n'avais jamais surmonté sa perte. À présent, je me sentais complètement malheureuse.

Sans mes médicaments, toutes mes émotions refaisaient surface, et je ne savais pas comment leur faire face. Pourquoi... Pourquoi ?

Mes yeux étaient rougis, mes joues creusées par des larmes qui s'étaient taries depuis des lustres, ne me procurant plus nulle consolation.

D'après Tom, j'étais en sécurité ici, mais je ne pourrais pas me cacher pour toujours. Autant de la police que du véritable tueur.

Qui était ce psychopathe ? Pourquoi en était-il après ma famille ? Ou alors peut-être n'en était-il qu'après moi...

Une soudaine réalisation me frappa, et j'ouvris grand les yeux.

Et s'il me poursuivait pour... Et s'il me poursuivait pour mes dons ?

Cela tenait la route après tout. J'étais celle qui recevait ses messages. J'étais celle qui avait été épargnée, enfin, pour l'instant.

Dans ce cas... Dans ce cas, toute ma famille était morte en vain, rien que pour m'atteindre. Rien qu'à cause de moi.

Ils étaient tués parce que j'existais. On aurait pu me tuer, et les épargner. C'aurait été bien mieux.

Mais n'était-ce pas égoïste ? Vouloir infliger ma souffrance à ma famille et souhaiter être morte, paisible, à la place ? Dans ce cas était-ce peut-être mieux pour eux de quitter l'injustice de cette bien triste vie, je souffrirai volontiers pour la leur épargner.

Mais c'était tout de même ce que j'aurais préféré. Mourir à leur place. Ou mourir tout court... À tâtons, j'empoignai le revolver sous mon oreiller.

Si je mourais, ce tueur ne mettrai pas la main sur mes pouvoirs. Si je mourais, je n'aurais plus à souffrir...

Je fixai l'arme indécise reposant sur mes mains tremblantes, avant de la lâcher soudainement, ramenant mes mains vers ma poitrine, ne la quittant pas des yeux.

Non, je voulais d'abord le tuer. Je voulais le trouver, trouver mes réponses, et le tuer, le faire souffrir de la pire manière possible, lui rendre la pareille. Alors seulement pourrai-je les retrouver...

J'avais vraiment besoin de mes médicaments.

Un soudain éclat de lumière douce apparut à quelque pas du lit où j'étais étendue, une lumière aussi douce et délicate que l'aura d'un ange.

Tom.

Instantanément, l'épais brouillard de pensées qui occupait mon esprit se dissipa. Seul sa présence m'empêchait de faire des cauchemars, me faisant presque l'effet d'une morphine.

Sa voix délicate me fit peu à peu sortir de la léthargie où il m'avait baignée.

- Tu vas mieux ?

Je répondis d'un ton dur :

- Ça va. Mais je veux mes médicaments, ajoutai-je d'une voix tremblotante.

Esprit Vengeur |Terminé| (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant