Être en fuite n'était pas du tout aussi amusant que sur la télé. Ce n'était pas une tâche aisée. Du jour au lendemain, j'avais dû laisser tomber l'école, la maison, mon identité. Faux papiers, faux permis, faux compte bancaire, et surtout, la discrétion la plus totale. Pour une fois que les séries policières que je dévorais sans arrêt en compagnie de mon père servaient à quelque chose. C'était grâce à Tom et sa faculté à posséder humains et objets que tout ceci put se réaliser.
Pouvoirs surnaturels. Qui aurait cru qu'un jour, je prononcerais ces mots en toute conviction.
Ce n'était pas sain de brider mon deuil, l'oppresser et le taire. Le muer en rage et haine. J'y étais pourtant obligée si je voulais arriver à mes fins. La colère traçait un chemin précis vers mon but, le chagrin l'entravait et obstruait ma vision.
Alors à chaque fois qu'une pensée menaçait de virer vers ma famille, à chaque fois que mes émotions essayaient de refaire surface, je tâchais de m'occuper par autre chose. Attraper une arme et viser un point précis du mur. Sortir un oreiller et le marteler de coups jusqu'à ce qu'il se déchire. Redoubler mes efforts, affiner mes recherches. Dire que je n'avais même pas pu assister à leurs funérailles.
Le temps pressait. Tom arriverait bientôt.
J'étais dans une antique auberge appartenant à un vieux type à l'hygiène douteuse, dans un quartier des plus pourris de Chicago où de toute mon existence je n'avais jamais mis les pieds, sous un débardeur noir et un jogging gris, avec Tom dans ce qui naguère était probablement une chambre à coucher respectable. Le lit menaçait de crouler à tout instant sous mon poids et celui de l'ordinateur de mon père, un ultraportable pourtant. Les jambes croisées, je m'appliquais à chercher comment pister quelqu'un à partir d'un numéro de téléphone.
Tom, bien que je n'arrivais toujours pas à croire la facilité avec laquelle il arrivait à ses fins, m'avait déniché un code d'accès aux bases de données de la police de Denver, où étaient probablement stockées toutes les informations concernant le mystérieux messager. Après tout, la police ferait un bien meilleur travail que moi, mais je ne comptais l'utiliser que quelque part avec un réseau public. En attendant, je faisais avec ce que j'avais. J'avais réussi à m'assurer que les messages ne venaient que des Etats-Unis, au moins.
- Tu as trouvé quelque chose ?
- Rien de vraiment intéressant, dis-je, il faudrait que j'utilise les données de la police mais je ne veux pas être traquée, je ne le ferai donc que lorsque je serai sur le point de m'en aller.
- Je crois avoir une piste, me surprit-il.
- Ah bon ? Qu'est-ce que tu as trouvé ? demandai-je.
- En pénétrant les esprits de gens plus ou moins liés à tes parents, comme des employés, les employés de leurs connaissances, etc., je suis tombé sur quelques-uns avec des souvenirs effacés.
- Effacés ? C'est possible d'effacer des souvenirs ? m'étranglai-je.
- C'est le signe de l'intervention d'un Siderien, probablement celui à qui je cours après. Pourquoi un Siderien serait-il ici sinon, et surtout comment...
Il semblait plus parler à lui-même qu'à moi.
- Un quoi ? Tu veux dire quelqu'un avec des pouvoirs ?
Il m'ignora. Sympa.
- Quoi qu'il en soit, je ne suis pas le mieux placé pour essayer de savoir qui a effacé leurs souvenirs, encore moins essayer de les restaurer, cela dépasse mon pouvoir. Si seulement Skylin était là... soupira-t-il. Par contre, j'ai cherché leurs images dans les esprits d'autres gens, et là, j'ai découvert quelque chose d'alarmant.
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Esprit Vengeur |Terminé| (En réécriture)
FantasíaCe n'était pas seulement le meurtre de mon frère. Ce n'était pas uniquement les prémonitions, les pouvoirs surnaturels, le fantôme que j'avais pour ami. Ce ne se résumait pas aux meurtriers, police et démence à mes trousses. Ni à mon enlèvement ou à...