Esprit Vengeur |Terminé| (En réécriture)

11 ~ Réveil

J'étais allongée dans un grand lit à l'ancienne, en bois poli avec des tentures d'un vert sombre et des draps assortis. Je portais une chemise blanche et un pantalon de toile gris. Des bandages me serraient la tête, l'épaule, le flanc, la cuisse, et mes chevilles. Je me sentais étrangement calme et reposée. Et plus important encore, ma tête ne ressemblait plus à un feu d'artifice. Où diable étais-je ? La dernière chose dont je me rappelais était mon oncle qui me capturait... Était-ce lui qui m'avait fait ça ? Et où était Tom ?

Je me levai de ce lit et arpentai la pièce en recherche d'une source de lumière. Seulement, je ne m'attendais pas du tout à ce que je vis. Quand je tirai les rideaux d'une fenêtre, je restai bouche-bée : Un ciel noir, parsemé de milliers d'étoiles de toutes les couleurs. Littéralement, multicolores. Je restai sans voix. Les étoiles bougeaient, disparaissaient, scintillaient à leur guise dans un spectacle tout bonnement magique. Au loin, une lune d'un bleu vif brillait, et des groupes de galaxies, de novas et de planètes scintillaient de lueurs qui éclairaient étrangement la pièce. On aurait presque dit qu'on pouvait les toucher. C'était splendide. Aussi splendide que bizarre. Que faisais-je dans un coin sans atmosphère ? Enfin, c'était impossible, bien sûr. C'était plutôt une atmosphère invisible alors... non ? Où étais-je, nom d'un chien...

Cela ne ressemblait pas à un endroit où un psychopathe ayant passé deux ans à me traquer m'enfermerait...

Autant de questions se bousculaient dans ma tête. Je m'assis sur une chaise et réfléchis. Tom. Il fallait que je le voie. J'essayai de l'invoquer à nouveau. Je fermai les yeux et me concentrai. Tom, où es-tu ? Je veux te voir... Tom ? Tom ? Ça ne marcha pas et j'appréhendai le pire. Était-ce seulement moi qui m'y prenais mal, ou alors était-ce lui qui n'était pas en état de me répondre. Je m'efforçai de ne pas céder à la panique et de réfléchir posément. Je réessayai, en vain. Mais je continuai, encore et encore. Je ne savais pas où est-ce que j'étais, ni comment j'y étais arrivée, et je ne serais soulagée qu'en le voyant.

Si seulement j'arrivais à l'invoquer...

Subitement, je me sentis arrachée à mon corps, tirée comme à travers un voile à une vitesse incroyable, puis comme plaquée contre le corps d'un autre. Quand j'ouvris les yeux, je voyais par d'autres. Ma respiration se calqua sur celle d'un autre. Quand j'essayai d'écouter, je le fis par des oreilles étrangères. Ce corps-là était grand, avec une carrure masculine. Il était assis sur une chaise, dans une pièce éclairée par des sortes de boules de lumière blanches flottantes dans chaque bout du plafond, avec pour tous meubles une longue table en bois où étaient alignés six chaises de chaque côté. Il était assis face à une fille aux cheveux noirs et aux yeux violets. À la droite de cette fille était assis un garçon aux cheveux du même noir mais aux yeux d'un vert incroyable, fluo, vert citron. À sa gauche un autre brun aux déroutants yeux vairons, l'un couleur miel, l'autre vert émeraude.

- T'aurais dû la voir quand on était sur terre, fit le mec avec qui je partageais son corps.

Si je n'étais pas invisible, j'aurais probablement lâché un énorme soupir de soulagement. Tom ? Au lieu de lui parler je l'avais carrément possédé ? Et... Nous n'étions plus sur terre, apparemment... Je n'eus même pas le temps de m'affoler, mon attention attirée par la fille aux yeux violets, me fixant, enfin, fixant Tom, d'un regard qui n'avait rien à envier à la mort elle-même.

- Ah oui, c'est vrai, laisse-moi me souvenir, railla-t-elle, Tu te montrais, tu lui parlais, tu confirmais ses prémonitions, tu l'incitais à se venger, tu lui fournissais des armes... Indubitablement, son passage sur terre était d'une parfaite discrétion.

- Si les Étoiles ont choisi de libérer ses pouvoirs de prémonitions, ce n'est pas pour rien, s'indigna Tom. Si la perte d'Aidan, qu'elle croyait toujours être son grand frère d'ailleurs, et qu'elle aimait profondément, avait relâché ses capacités physiques surdéveloppées, ce n'est pas pour rien. Je n'allais pas rester là à la regarder souffrir dans l'ignorance sans rien faire.