Esprit Vengeur |Terminé| (En réécriture)

6 ~ Enquête

Ce n'était pas la première fois que je mettais les pieds à Michigan. Quand j'étais au collège, c'était là où vivaient mes grands-parents avant qu'ils ne déménagent pour se rapprocher de nous. Ils avaient toujours leur maison là-bas et on y fêtait Noël ou Thanksgiving de temps en temps. Mais ce n'était pas cette partie-là de la ville, ou de ma vie, où je me trouvais, à présent.

L'immeuble de fer et de verre s'étendant sur une trentaine d'étages était silencieux alors qu'il se reposait dans le calme bienveillant du ciel nocturne, ne se doutant pas qu'une jeune femme de petite taille, aux longs cheveux noirs ayant visiblement besoin d'un coup de peigne, faufilait son corps amaigri à travers les escaliers plongés dans la pénombre après avoir forcé d'un coup de pied la porte du toit. Toit où elle avait atterri en sautant depuis celui l'immeuble à côté. Elle avait des capacités physiques hors du commun, cette jeune femme.

J'avais prétendu avoir pris un rendez-vous avec un avocat puis filé vers le toit où j'avais attendu les douze coups de minuit, et le feu vert de mon ami le fantôme, pour me propulser d'un bond vers ma véritable destination : l'immeuble juste à côté, abritant la Williamson Real Estate Agency llc, dont les gardes surveillant les écrans des caméras étaient assoupis à présent. Mon ami le fantôme.

De cette manière, les caméras de surveillance à l'intérieur de la bâtisse aux façades luisantes ne m'avaient pas interceptée. Ce qui ne me laissa m'occuper que de celles du toit, que j'avais abattues à l'aide d'un Beretta 92 équipé d'un silencieux au cours des quelques instants de ma chute où j'étais assez proche pour viser et assez loin pour ne pas être découverte, me fiant à ma vitesse surnaturelle. Tom s'occuperait en théorie de corrompre les enregistrements après mon passage, mais on ne savait jamais.

À présent, je tâchais de suivre le plan de l'édifice dont j'avais l'image plantée dans mon esprit grâce à Tom. Il ne pouvait pas m'accompagner car, d'après lui, nos pouvoirs à nous deux étaient trop puissants pour passer inaperçus.

Vingt-septième ème étage. Là, à droite ! Je contournai le corps assommé d'un bon coup de coude à la tête, évitai les débris de métal de la caméra brisée par terre, et fonçai vers la double porte en verre. Si je ne voulais pas mon identité compromise, je voulais quand même qu'on se doute de mon passage, histoire de passer le message que j'étais à leurs trousses, qui qu'ils fussent.

Je baladai ma lampe de poche tout autour. Le bureau était grand, spacieux et luxueusement meublé, il me rappelait les locaux de l'agence de mon père à Denver. À l'opposée d'une baie vitrée qui donnait une vue splendide du jardin de la propriété, éclairé par des lampadaires et des lumières au sol, se trouvait une vitrine en verre, fermée à clé. Des dossiers pleins à craquer, ainsi que des décorations minimalistes, quelques trophées et des cadres photo. Rien de suspect, tout comme les deux premiers tiroirs du bureau trônant au centre de la pièce, qui, eux, cachaient des feuilles vierges, des paquets de cigarettes, divers documents administratifs ainsi que quelques trousseaux de clés. Le dernier tiroir, le plus grand, abritait comme suspecté un coffre-fort. Je ne me fis pas assez confiance pour essayer de le forcer par crainte de déclencher une alarme de sécurité. Son ordinateur était protégé par un mot de passe.

Estimant que j'en avais assez vu, je m'apprêtai à sortir quand un petit détail qui m'avait échappé avant attira mon attention : à côté d'un mini-bar, un assez beau tableau d'art abstrait était légèrement, légèrement incliné. A pas sourds, je m'en approchai, mais je reculai instantanément lorsque je remarquai qu'un discret clignotement rouge s'était déclenché là où était supposé être une vague forme florale. Après une minute, le clignotement cessa et je pus enfin tirer sur le dispositif de détection de mouvement et la minuscule caméra attachée de celui-ci. Je me mis alors délicatement à décrocher le tableau. Derrière se trouvait un petit bouton que j'actionnai lentement, pleine d'appréhension.