Disputes

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  Je croyais que le pire serait d'apprendre que j'avais voué les gens qui m'avaient gentiment aidé et mes amis à la mort. Mais en fait pas du tout. Le pire, ça a été de voire Neck, Arru et Nath se disputer. Comme des gamins.

  Ok, je suis pas la mieux placée pour dire à quelqu'un qu'il est un gamin mais là, ça dépassait de loin tout ce que j'avais pu voir au niveau de la débilité. Ils se jetaient des regards noirs, dès qu'ils devaient parler ensemble ils s'insultaient.

  En temps normal, j'aurais été ravie que des garçons se disputent pour moi. Mais quand la mort est à mes pieds, qu'elle n'attend que le fait que je tombe, je trouve ça terriblement idiot. Et qui plus est, de base, c'est con de se disputer pour une fille.

  J'étais donc prise en sandwich. Je ne savais pas vraiment quoi faire. Déjà, il faut séparer Arru et Nath de Neck. Ensuite, il y a entre Arru et Nath. Je sais pertinemment que l'on ne choisit pas quelqu'un comme ça. Thea et Pola (qui avaient en fait plein de points communs) m'aidaient un peu à surmonter le coup.

  Quand j'étais avec Arru et Nath, Neck me jetait un regard noir parce qu'il se retrouvait avec l'autre débile avec qui il m'avait trouvée. Et quand l'inverse se produisait, quand j'étais avec Neck, Arru et Nath me toisaient comme si je me baladais avec un caca sur la tête. Même si je pense que vu leur maturité, ils auraient ri. Vive l'intelligence masculine! Je tiens tout de même à préciser que tous les garçons ne sont pas comme ça. Il y en a qui sont intelligents. Je suis juste pas très chanceuse.
Ouais. J'ai perdu mes parents qui étaient ma seule famille. Je me souviens de leur mort comme si c'était hier. Ma mère, prétendue tuée par un animal, en fait tuée par Yiu. Quel connard. Je lui ferais payer.

  Mon père était mort avant. Il travaillait dans les comptes et tout le tralala. Un gars a voulu se venger. Il était bourré (le gars pas mon père) et est venu avec du gaz à la maison. Je n'étais pas là, j'étais à l'école et ma mère au travail. Je suis rentrée la première. Je m'en souviens parfaitement.

  Je rentrais de l'école. Papa et Maman allaient être ravis. J'avais eu un vingt. Pour une fois. La maîtresse ne m'aime pas. Quand elle me met un vingt, mon père dit que Hitler a donné un morceau de pain à un juif. A chaque fois je lui demandais qui était Hitler, et qu'est-ce qu'il avait fait. Ma mère réprimandait mon père du regard et il me disait que c'était un méchant monsieur et qu'il me raconterai quand je serais plus grande ce qu'il avait fait.

  Il n'en a pas eu l'occasion.

  J'avais neuf ans. Je l'appelais mais il ne répondait pas. Je me demandai alors si il dormait. J'allais voir dans sa chambre mais rien. J'entrais dans la cuisine pour prendre mon goûter quand je vis quelqu'un de le jardin. Et ce n'était pas Papa.

  Je me suis approchée lentement. Mon cœur s'est arrêté de battre. Il tenait le corps de Papa, inerte. J'étais petite mais j'étais futée. La poitrine de mon père ne se soulevait pas. Ma gorge se serrait, mes poils se hérissaient mais aucune larme ne coulait. Je laissais mon sac à terre, sans bruit. Je me plaquais contre le mur et regardait le monsieur. Il jeta le corps de Papa dans le lac. Je hurlais. Il ne m'entendit même pas. Il se frottait les mains.

  La rage prit le dessus et je couru dans le jardin et lui donnais un coup de poing le plus fort possible. Il me prit par le col et me jeta à terre. Ma peau se déchirait sous le choc. Je gémis. Il rigola puis partit. Moi, je me suis évanouie.

  Ce flash était arrivé en pleine conversation avec Neck. Il me regardait un peu bizarrement. Cela faisait longtemps que je cachais mon passé. Plus maintenant.




  Je lui dis tout ce que j'avais sur le cœur. Les larmes coulèrent sur mes joues.



  Et il m'embrassa.


RuinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant