Ruines

Sang

  Il avait réussi. Il avait fait son petit effet. Mon cœur s'était arrêté quand les souvenirs du jardin étaient revenus. Puis de la colère. La haine. Le désir de vengeance.
  J'avais vite repris le dessus dans le combat. Et je n'étais pas la seule. Les "troupes" de Yiu battirent en retraite. Avant de partir, Yiu me lança un truc. Réflexe, je l'attrapai. Il partit avant que les gens ne puissent lui faire plus de mal. Je regardai ce qu'il m'avait envoyé. Une sorte de boule écrasée avec un écran noir et des chiffres rouges dessus. Les chiffres défilaient plus ou moins vite selon s'ils étaient plus à gauche ou à droite. Je compris vite pourquoi. C'était un chrono. Enfin non, un compte à rebours. Mais indiquant quoi ? Le temps qu'il restait avant que Yiu revienne ? Avant qu'il envoie une arme sur nous ? Avant son prochain pet pourquoi pas ?
  Cela me titillait très fort. J'allais en parler à mes amis. Je dis :
  << Regardez, c'est un compte à rebours.
  - C'est Yiu qui te l'a donné ? demanda Pola ?
  - Je dirai plutôt envoyé, corrigeai-je.
  - Oui, mais tu vois ce que je veux dire !
  - C'est pour quoi tu penses, coupa Neck.
  - J'étais justement en train de m'interroger.
  - Et.... s'impatienta Thea.
  - J'ai pensé à trois choses. Un, c'est sa prochaine attaque, il veut nous faire stresser.
  - C'est plausible, remarqua Arru.
  - Deux, c'est quand il va envoyer sur nous une arme méga puissante.
  - Ça l'est déjà un peu moins, fit Nath.
  - Trois, son prochain pet.
  Tout le monde éclata de rire.
  - Il se passe vraiment ça dans ta tête ? demanda Neck ?
  - Oui, avouai-je.
  - C'est vraiment bizarre, moi dans ma tête...
  - Chut, j'ai pas envie de savoir ce qu'il se passe dans ta tête, coupai-je avant de rétorquer, ah mais non, c'est vrai, il s'passe rien dans ta tête !
  - OOOOHHHH !!!! firent les autres en cœur.
  Je souris fière de ma vanne. Lui, avait une lueur malsaine dans les yeux. Il dit :
  - Bah moi au moins je réagis quand on me pose une question vitale ! Je sais toujours pas qui s'était !
  Je souris avant de lui donner un coup de poing dans le bas du ventre. Attention, je dis bien le bas du ventre, parce que je parle du bas du ventre. Ceci n'est pas un moyen d'esquiver le mot désignant l'appareil génital masculin. Il rit en disant :
  - Le retour du sourire !!!! Il faut se méfier !
  Loin de me rassurer, sa remarque me rendit nostalgique. Parce que, aux moments où je souriais avant de le frapper, je n'avais pas de crainte, pas de peur, pas de remord.
  Maintenant si. Tout ça.
  La conversation continua un peu moins gaiement. Je n'étais pas la seule à être nostalgique. Je regardai le compte à rebours.
  3.43.37.27
  Trois heures. Quarante-trois minutes. Trente-sept secondes. Vingt-sept centièmes. Évidemment, ça avait changer entre temps. Je regardai les chiffres défiler. Les minutes se rapprocher d'un événement inconnu. D'un événement dont tout le monde avait peur, mais dont personne ne connaissait réellement ce que c'est. La journée tira sa révérence, puis la lune commença son ascension dans le ciel. Je regardai le ciel, puis le compte à rebours. Le ciel. Le compte à rebours.
  Je sentis une sorte de relief. Je retournai l'ovale et vis des mots.
  Tu peux m'échapper, mais tu ne lui échappera pas. Pas deux fois.
  Mon sang ne fit qu'un tour. Je regardai au loin, puis grimpai sur un tas de gravât, pour mieux voir.

Oh mon dieu. Mais tu ne lui échappera pas. Pas deux fois.

Elle était là.

La tornade. Droit vers nous.

17.00.54

Dix-sept minutes. Ni plus ni moins.