Le silence régnait là où nous étions. Personne n'osait parler. Certain pleurait la mort de ceux qu'ils avait perdus.
Le reste du groupe était ici. J'allai les voir et dis, en essayant de ne pas trop trembler de la voix :
<< Hem... Vous avez sauvé des gens, vous ?
- Tu parles comme si tu n'en n'avais pas sauvés, murmura Pola.
- Je... C'est-à-dire que... J'ai sauvé des gens. Mais j'ai vu quelque chose qui m'a détruite.
- Comme quand tu regardes un film d'horreur trop jeune ? demanda Arru.
- T'as d'jà vu un film d'horreur ? questionnai-je.
- Ouais mon père aimait beaucoup ça.
- Ben... Je sais pas, répondis-je, je... C'était une petite fille. Elle voulait s'enfuir. Mais elle a fait tomber son doudou.Elle a vu la tornade et elle a crié sa mère. Elle... Je l'ai vu s'envoler dans la tornade s'était... affreux. >>Le silence régna longtemps. Soudain, Neck prit la parole. Il dit :
<< C'est con que je te le demande maintenant, ça fait longtemps que j'aurais du te le demander mais tu ne t'appelles pas Milena n'est-ce pas ?
- Oui. Je m'appelle Djila.
- Ça te va bien. je veux dire, mieux que Milena. >>
Cela faisait bizarre qu'il me pose la question maintenant, à ce moment précis où le pire semble être arrivé, et où l'on dit quelque chose, comme si on voulait la dire avant de mourir. En même temps, c'est vrai que la mort ne semble pas très loin.
Tout ça était arrivé à cause d'une seule personne. Yiu. Les images de ma mère, mon père et la petite fille défilèrent dans ma tête. J'aurais voulu leur dire de partir mais j'aurais eu l'air folle à parler à des choses que je pense.
Les gens disent souvent qu'il ne faut pas haïr des gens. Moi je pense que c'est des conneries. On ne peut pas aimer tout le monde. Alors que l'on peut parfaitement détester tout le monde. C'est triste mais c'est comme ça. Il n'y a pas d'amour sans haine. Alors que la haine peut très bien se passer de l'amour. Dans un sens mais pas dans l'autre. Comme quand on dit que toutes les roses sont des fleurs mais que toutes les fleurs ne sont pas des roses. Ça paraît con comme ça, mais c'est très logique.
Yiu. Tant de malheurs à cause de son envie de domination. Comme pour me réprimander de ces pensées haineuses envers Yiu, un cri retentit vers ma droite. Je me levai immédiatement, puis cherchai du regard qui avait crié. Un nouveau cri retentit. Je couru dans sa direction. Pas la peine de réfléchir. Les plans ça foire. Donc, non merci.
J'étais suivie par mes amis. Du moins, par une bonne partie. Je n'avais pas le temps de regarder derrière moi. Une mort, pas plus. Pas consciemment du moins. J'arrivai soudain à une falaise. J'essayai de me convaincre que les falaises portaient chances. La première fois ça avait porté chance.
Malheureusement, les cris étaient de plus en plus affreux, et une immense tâche de sang formait une sorte de rivière sous le passage de la personne qui criait. Je déglutis et descendis la falaise accroupie. De la poussière formait un nuage marronâtre (je ne sais pas si ça existe) autour de moi. Dès la fin, je couru et vis Yiu. Et pas seulement. Il traînait un petit garçon, de environ huit ans. Quand il tourna son visage vers moi, je le reconnus. C'était le petit garçon qui était venu nous prévenir comme quoi le cinéma marchait. Il avait une immense plaie dans le dos.
Ma colère envers Yiu fut terrible. Une bouffée de chaleur monta en moi. Je couru vers lui et lui flanquai un énorme coup de poing. Il grogna et lâcha le petit. Neck qui arrivait derrière moi le prit par la main, et lui fit signe de partir. Il s'enfuit en courant (le petit pas Neck). Les autres, Thea, Pola, Arru et Nath arrivèrent. Yiu dit d'une voix faible :
<< Alors, quoi ? Vous êtes six, et je suis seul. Ne serait-ce pas un peu lâche ?
Les autres restèrent silencieux, mais moi je savais quoi dire.
- Oh, mais tu n'es pas seul...
- Qui te le dis ?
Je souris, prête à savourer cet instant.
- L'hélico derrière toi... >>
Il serra les mâchoires, et plissa les yeux, ce qui était assez drôle à voir. Il cria quelque chose que je ne compris pas. Des hommes armés sortirent de l'hélico. Là, je pris un peu peur. Mais je restai là. Pola dit :
<< Alors, quoi ? Vous êtes une trentaine, et nous sommes six. Ne serait-ce pas un peu lâche ?
Je souris.
- Oh mais vous n'êtes pas six...
- Tu sais pas compter le vieux ? On est totalement six ! répliqua Nath.
- Plus maintenant. >>
Presque simultanément, un coup de feu partit. Ce fut comme dans un film. La balle sembla passer au ralentis. Et on ne sut pas immédiatement qui avait été touché. Mais cela apparut vite.
Le silence n'est pas ce que j'aime le plus au monde mais il aurait pu te servir.
Nath...
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Ruines
Science FictionDans un monde détruit par le réchauffement climatique, une petite communauté de personne subsiste. Mais un cyclone va changer la vie d'une des filles de ce groupe...