Je ne savais pas quoi faire. Je devrais essayer de sauver un maximum de gens, mais mes jambes me paraissent faibles, et mes bras lourds. J'avais l'impression que tout allait au ralentis, comme dans un film.
Puis, il y eut comme une sorte de reeboot. Une sorte de décharge électrique pour me dire "bouge ton gros cul et sauve des vies !". Je me levai et fléchis les jambes pour descendre du tas de gravats. De la poussière se souleva derrière moi, mais pas le temps d'admirer la beauté des paysages et des instants. Parce que bientôt, Il n'y aura ni paysage ni instant si je ne bouge pas.
Je couru chercher les autres. Ils dormaient tranquillement. Je restai un instant immobile, pour décider qui je secouerai en premier. Mes pas me dirigèrent vers Arru, puis vers Thea. Je secouai Pola avec violence. Je devrai m'appeler Girouette, cela m'irait mieux que Djila. Elle gémis puis me demanda pourquoi je la secouai. Je répondis :
<< Sur le compte à rebours, y a marquer tu peux m'échapper mais tu ne lui échappera pas. Pas deux fois. Elle est là.
Ses yeux s'écarquillèrent, puis elle me prit le compte à rebours des mains.
15.56.32
Quinze minutes. Elle couru vers Arru et Nath, et les secoua avec force.
Mon cœur battait avec force, je suais, et je me sentais faible. Faible d'avoir laisser cela se produire.
Je me dirigeai vers Neck et Thea. Ils se réveillèrent vite. Je leur expliquai rapidement la situation. Ils hochèrent la tête. Pola arriva derrière moi avec le chrono et dit :
- Allez !!!! Il reste treize minutes !!!
- Hem... fit Thea qui semblait effrayée, on va chacun dans un coin de la ville, on réveille les gens, et se casse ! C'est clair ?
Tout le monde hocha la tête. C'était un plan simple et concret. En plus il y avait beaucoup de chance pour qu'il marche.
J'allai vers le centre. Je couru plus vite que jamais. Je criai dans les rues, je tapai contre les portes, je jetai des choses contre les vitres. Les gens partaient dans l'autre sens que moi pour s'enfuir.
Soudain je m'arrêtai. L'air sembla se volatiliser.
- Tu croyais vraiment qu'une adolescente orpheline serait une héroïne ?
- Garde des paroles de serpent pour toi, Yiu, crachai-je.
- Mais dans un sens, j'ai raison, tu n'es la fille de personne, tu n'est la fille de rien.
- Toi tu es fils de pute donc t'as rien à dire.
Il sourit face à ma remarque. Comme si ça l'amusait que je sois vulgaire. Envers lui. Il dit :
- Ce n'est pas une fille, aussi forte qu'elle soit qui m'arrêtera.
- Qui t'arrêtera dans quoi ? Dans ta marche vers le pouvoir ? Dans un monde détruit où rien de subsiste ?
Il sourit à nouveau.
- Tu ne comprendras jamais. Mais tes amis si. Ils en auront le temps. Pas toi.
Je ne compris pas.
- Tu seras morte avant.
Là, je compris. Très bien même. Il sortit un couteau, plus un poignard. Déjà plein de sang. J'eus envie de vomir.
C'était le même couteau que celui qui avait tué ma mère. C'était le même avec lequel il était sorti de la forêt en prétendant que ma mère avait été tuée par un animal. Moi je sais par quoi elle a été tuée.
Il sourit (encore) en voyant mon expression. Il avança vers moi, et mes jambes restaient plaquées au sol. Au dernier moment, je pus courir. Donc je couru. Il lança le poignard. Il passa proche de mon bras gauche. Je criai. Ne regarde pas. Ne regarde pas. Ne regarde pas. Je jetai un coup d'œil. Le sang coulait à flot, et l'entaille faisait la taille de ma paume. Ça paraît petit mais j'ai des grandes mains. Une larme se forma au creux de mon œil. Je courais. Ne t'arrête pas, ne te retourne pas, ne perds surtout pas de temps. Juste un regard en arrière. Yiu était tout proche. Je me sentais si faible.
Pola apparu à côté de moi. Enfin, elle est pas apparue comme ça du néant et puis... pas la peine de justifier l'emploi de mes mots. Elle parut surprise. Je hurlai :
- Cours putain reste pas là comme ça tu vas de faire trucider !
Elle comprit et courut à mes côtés. Soudain, un bruit horrible apparut derrière nous. Je pensai à la même chose que Pola. Elle leva le chrono. Mon cœur tomba dans mes chaussettes. Je sais, d'habitude, c'est l'estomac, mais je dis ce que je veux.
00.00.00
Je suis pas une héroïne. Je suis une pauvre merde.
La tornade était là. Yiu partit sur le côté, puis, quelques secondes plus tard, un hélico décolla. Je grinçai :
- Fils de pute. >>
Pola hocha la tête. Elle partit vers la droite pour vérifier que personne ne restait. Moi par la droite. Et ce que je vis brisa ma conscience. A jamais.
Une petite fille courait. Elle appelait sa mère. Son doudou fut emporté par le vent, elle se retourna pour aller le chercher. Je voulais lui hurler de ne pas faire ça mais j'étais hypnotisée par cette scène. Elle hurla en voyant les vents tournants. La dernière chose que je vis d'elle, fut son corps frêle emporté par le vent, et son cri voilé par celui du vent. Je couru jusqu'à la sortie de la ville. Avec les survivants, nous déviâmes le chemin par la droite pour aller ailleurs que la tempête. Au bout de plusieurs heures, nous fûmes hors de portée de la tornade.J'étais sauvée. Mais au fond de moi, j'avais tout perdu.

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Ruines
Ciencia FicciónDans un monde détruit par le réchauffement climatique, une petite communauté de personne subsiste. Mais un cyclone va changer la vie d'une des filles de ce groupe...