Chapitre 22 : Un pas en arrière.

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Michael.

"Tu... QUOI ?! cria Luke.

-Ferme-la ma mère est en bas ! gronda Ashton.

-SORTEZ LE CHAMPAGNE ! rit Calum.

-Mais.. Il la laissé partir ! bouda Luke.

-Elle a dit que j'étais gentil par contre, dis-je en baissant la tête."

Un long silence suivit ma phrase.

"C'est mauvais ça... Ça put même.., souligna Ashton.

-Mais vous avez failli vous embrasser ? reprit Calum toujours joyeux.

-Oui mais..

-Alors ça ne compte pas ! s'exclama-t-il.

-Michael est un génie, murmura Luke. Se faire friendzoner puis rentrer de nouveau dans le vif du sujet à l'aide d'une guitare. Incroyable."

Ils hochèrent la tête et j'éclatais de rire.

"Pourquoi tu ne l'as pas embrassé ? s'intrigua Calum.

-Ma.. Ma mère est entrée dans ma chambre.."

Ils affichèrent tous une mine triste avant de rire.

"Ça devait être incroyablement frustrant ! rit Luke."

Je roulais des yeux.

"Mickey va avoir une copine ! dit Calum avec une voix aiguë et efféminée.

-Je.., commençais-je.

-Michael va avoir une copine ! répéta Luke.

-Les gars, je..

-MICHAEL. VA. AVOIR. UNE. COPINE, cria Ashton.

-T'avais pas dit que ta mère était là, toi ? remarqua Calum.

-Quand c'est moi qui cri ça va, le problème c'est quand c'est les autres, expliqua Ash'."

On rit bêtement en se rappelant la fois où la mère d'Ashton nous avait viré de chez elle après que Calum est renversé accidentellement de la pizza dans les toilettes. Bouchant toute la tuyauterie...

"Michael va avoir une copine ! pouffa Luke au bout d'une heure et demie.

-Je pense que non, dis-je.

-Quoi ? s'exclama Ashton.

-Je ne pense pas qu'il y aura quelque chose entre nous.

-Attends, mec, tu déconnes là ? sourit doucement Calum.

-Les gars, ouvrez les yeux ! m'exclamais-je. Elle ne sera jamais avec moi.

-Mais.. Pourquoi ? commença Luke.

-Pourquoi ? ris-je. Tu me demandes pourquoi ? Mais regarde-moi ! Regarde mon visage, regarde mon corps ! Regarde !"

Un silence suivit mes paroles et les garçons semblaient étonnés.

"T'es pas sérieux Mike.., dit doucement Calum.

-Je suis sérieux. Je ne la mérite pas et de toute façon il n'y a rien entre nous."

Ashton m'observa longuement. Luke ouvrit la bouche mais Calum lui fit signe de se taire. Je passais mes mains dans mes cheveux. Mon coeur battait assez rapidement et j'étais très mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il m'avait pris..? Je baissais les yeux, honteux de mes mots, honteux de moi, honteux de la vérité que je venais de cracher aux visages de mes amis.

"Je vais y aller, murmurais-je.

-T'es sûr ? demanda Luke.

-Ouais."

J'enfilais ma veste et quittais la chambre d'Ashton.
Je marchais vite, comme pour fuir quelque chose. Fuir ce qu'il venait de se passer. Fuir leurs regards étonnés.

"MICHAEL !"

Je me retournais.

"Je le savais, souffla Ashton en reprenant son souffle après sa course.

-Super.

-Je le savais, parce que t'es plus le même que dans les souvenirs de Luke. Quand vous aviez juste douze ans, c'est à partir de là hein ?

-Qu'est ce qu'il t'a dit ? demandais-je la voix rauque.

-A toi de me le raconter, répondit-il."

Je continuais mon chemin silencieusement. Ashton marchait à mes côtés. Il respectait le silence et j'appréciais vraiment. On trouva un coin d'herbe et on s'y assit.

"En primaire, on se moquait de moi, on me disait que j'avais un gros nez et des yeux de poissons, dis-je doucement. Je m'en fichais, j'étais gosse. Je n'étais pas vraiment mis à l'écart, juste moqué. Au collège, c'était plus compliqué. Il y a eut l'entrée dans l'adolescence, et à onze ans, une fille a dit à toute notre classe que j'étais un crasseux, que j'avais des poux, que j'étais grossier et laid. Ils ont tous suivi. Sauf Luke. Il ne disait rien. Il me souriait par moment... J'ai gardé le surnom de "pouilleux" pendant pas mal d'années.

-Tu fais parti des personnes les plus propres que je connaisse ! s'exclama Ash'."

J'haussais les épaules, je ne sais pas pourquoi mais j'étais décidé à parler maintenant, Ashton semblait prêt à m'écouter et je crois qu'il s'agissait du bon moment.

"Pas pour eux, continuais-je. A douze ans mon père s'est énervé contre moi, il était rentré saoul un soir, c'était la première fois que je l'avais vu dans cet état. Il a été odieux avec ma mère et avec moi... Il m'a dit que s'il avait su qu'il aurait eu un fils aussi incapable, il n'aurait pas fait d'enfants. Il m'a dit que j'étais la chose la plus laide qu'il n'est jamais vu et qu'il était triste que je sois son fils...

-C'est horrible, souffla Ashton.

-Il s'est excusé un millier de fois, répondis-je. Mais ma confiance en moi était définitivement brisée. Ensuite il y a eut de nouvelles moqueries. De nouvelles insultes, de nouveaux moyens de se moquer, toujours plus blessants. A quatorze ans, une fille m'a fait croire qu'elle était amoureuse de moi, j'y ai cru, elle en a profité pour me rabaisser encore plus. Calum est arrivé ensuite, puis toi. Le lycée c'était différent, la seconde avait l'air bien commencé mais il y avait toujours les même élèves. Dans une petite ville, les visages ne changent pas je suppose. L'une d'elle a réussi à monter son copain contre moi, il a ramené ses amis et..

-Attends, me coupa-t-il. Pourquoi on est pas au courant de ça ?

-Ashton laisse-moi finir, dis-je la voix rauque. Ils m'ont attendu à la sortie du lycée. Quand nos chemins se sont séparés et que je rentrais chez moi seul, ils sont venus me voir. Ils m'ont frappé, m'ont insulté, m'ont jeté des pierres. Ils m'ont mutilé...

-Ils t'ont quoi ?! s'emporta-t-il.

-Le long de mes côtes. Des dizaines de lignes blanches maintenant. Elles ne sont pas profondes, elles disparaîtront d'ici quelque temps. Je n'ai plus jamais eu de problèmes aussi graves. Ils ne sont pas revenus. Les filles profitaient des quelques fois où j'étais seul pour se moquer. Rien de bien méchant.

-Et ta confiance ? demanda Ashton.

-Je pense qu'il s'agit du genre de chose que l'on ne retrouve jamais totalement..."

Un long silence suivit mon monologue, il restait là à fixer le sol, à arracher quelques brins d'herbe, à rester muet.

"Tu ne la crois pas c'est ça ? demanda-t-il au bout de longues minutes.

-Pardon ?

-Charlie. Tu ne la crois pas ? répéta-t-il le regard perdu dans le vide.

-Non, je ne la crois pas sincère."

LIBERATION 《Michael Clifford》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant