Chapitre 23 : Détente.

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Charlie.

"Tu es totalement fou.

-Quoi ? Tu ne voudrais pas t'enfuir ?

-Michael, je suis la première à vouloir fuir, mais on ne peut pas. C'est comme ça.

-J'ai mon permis, dit-il.

-Mais tu n'as pas la voiture ! ris-je.

-Je pourrais ! continua-t-il.

-Où voudrais-tu aller ? demandais-je.

-Loin me convient, répondit-il.

-Moi aussi, mais pour le moment on doit finir de recopier cette dissertation. Alors écris."

Il pouffa et se reconcentra sur son écriture.

Nous étions chez moi, contre toute attente, mes parents travaillant tous les deux toute la journée, j'avais donc proposé à Michael de venir recopier notre travail chez moi. Cela me gênait de déranger sa maman.

"Et si..

-Michael, le coupais-je.

-Pardon."

Il sourit et termina la conclusion. Cela lui prit une dizaine de minutes mais le dernier paragraphe était enfin fini.

"Qu'allons-nous faire maintenant ? demandais-je."

Il observa autour de lui, inspectant chaque détail de ma chambre de ses yeux verts.

"Il y a quoi là-dessous ?"

Il désigna l'emplacement de mon miroir, la grande couverture le couvrait toujours.

"Rien, dis-je.

-Alors pourquoi cacher "Rien" ?"

Il se leva et arriva en deux pas face à mon miroir, il tira le grand bout de tissu et son reflet apparut.

"Je me disais aussi qu'une chambre de fille sans miroir était étrange..."

Je ne disais rien, je n'avais rien à dire.

"Pourquoi le cacher ? demanda-t-il.

-Parce qu'il ne me sert à rien.

-Ou parce que tu n'aimes pas ce que tu vois ?

-Michael. Ça suffit. Recouvre-le s'il te plaît, dis-je d'un ton que je voulais doux.

-Non."

Il jeta la couverture sur mon lit et je levais les yeux au ciel.

"T'es têtu comme garçon.., soulignais-je.

-Je ne t'entends pas ! s'exclama-t-il."

Il refit le tour de ma chambre.

"Elle est nulle, conclut-il.

-Je ne te permets pas ! ris-je.

-Je me permets !"

J'allais m'assoir sur mon lit. Il me rejoint. Je jouais avec la couverture qu'il venait de poser sur mes draps.

"Ne cache plus ce miroir, dit-il.

-Mais..

-Non. Ne cache plus rien. Ni tes cheveux, ni ton miroir. Ne te cache pas.

-Michael, je ne veux pas montrer des choses qui ne me plaisent pas.

-Elles devraient te plaire ! s'exclama-t-il.

-Mais, c'est moche !"

J'avais dis cette dernière phrase en désignant mon visage et mes cheveux.

"Moi ça me plaît, chuchota-t-il."

Je sentis mes joues chauffer et mon poul s'accélérer. Comment faisait-il cela ? Avec de simples mots. Je le regardais et vis qu'il jouait lui même avec ses doigts.

"C'est pas bien de fixer les gens, rit-il."

Je frappais dans son épaule.

"Charlie.., commença-t-il, Ne joue pas à ça."

En effet, sans doute aurais-je dû y réfléchir à deux fois avant de le frapper ? Maintenant qu'il m'avait montré à quel point il était bel et bien plus fort que moi, nous retrouvions notre calme.

"Tu as toujours des problèmes au lycée ? demanda-t-il.

-Non, et toi ?

-Juste des regards."

J'hochais la tête.

"Alors il faut que l'on reste ensemble pour ne plus avoir de problèmes ? résumais-je.

-Oui, malheureusement pour moi, sourit-il.

-Tais-toi Clifford ! C'est moi qu'il faut plaindre ! ris-je.

-Pas du tout ! Je suis le plus triste, tu es si ennuyante, si inintéressante ! Quel ennuie de rester avec toi ! dit-il en entrant parfaitement dans un rôle dramatique.

-Alors que fais-tu encore en ma compagnie ?

-A vrai dire, je n'en ai strictement aucune idée."

Il semblait maintenant parfaitement sérieux.

"Comment ça ?

-Je ne sais pas, peut-être que je suis là parce que j'apprécie être avec toi, peut-être que c'est parce que l'on a subit la même chose ? Peut-être que c'est juste parce que je me sens mieux quand tu me parles ?"

Je restais muette. Perdue entre la stupéfaction, la joie, la tristesse de ses mots et l'espoir qu'on y trouvait dedans.

"Je suis ton amie ? demandais-je.

-Hé ! Qu'est-ce qu'il y a la dessous ?"

Il pointa du doigt un bout de vieux tissu à fleurs qui dépassait de sous mon lit.

"Un..

-Ne dis rien ! me coupa-t-il. Je veux avoir la surprise !"

Il descendit de mon lit et se mit à genoux à terre, il tira sur le tissu et compris qu'il y avait un objet en dessous. Il le saisit donc fermement et le fit sortir de sa cachette.

"D'où vient cette idée de tout cacher comme ça ? gronda-t-il."

Je souris et le vis soulever la cape protectrice vieillotte de mauvaise qualité.

"Mon dieu ! Tu sais jouer ?! demanda-t-il.

-Non, c'était à ma tante, elle me la donné avec une partition, j'ai jamais réussi à la jouer."

Il observa tel un enfant le piano numérique face à lui.

"J'ai toujours voulu jouer du piano, dit-il.

-Tu joues déjà de la guitare ! m'exclamais-je.

-Oui, mais j'aimerais jouer le plus d'instruments possible ! Ashton joue de la batterie, j'ai jamais réussi, mais je vais réessayer !"

Je l'observais parler et mettre tant de passion dans ses mots que j'en voyais ses yeux briller. Je ne pouvais dire s'il s'agissait d'un effet d'optique, du soleil, ou bien de ses yeux qui brillaient simplement. Mais une chose est sûre, cela faisait maintenant parti des plus belles choses que j'avais pu voir. Et je donnerais tout pour que cette lumière ne s'éteigne jamais.

LIBERATION 《Michael Clifford》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant