Chapitre 3: Masque de Mort

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Nous nous mîmes à courir dans les rues dévastées. A intervalles irréguliers, des boules de feu projetées par Masque de Mort explosaient près de nous. A chaque fois, mon cœur faisait un bond terrorisé. Mon oreille gauche me faisait mal après être passée trop près d'une explosion. Tous les elfes fuyaient au loin, terrorisés. Herod et moi zigzaguions pour éviter les jets de magie que nous lançait le sorcier.

-Que va-t-on faire? me demanda Herod, épuisé.

J'étais moi aussi à bout de souffle, mes jambes me semblaient faibles à cause de mon séjour prolongé en prison et mon oreille émettait un sifflement désagréable. A ce rythme, on n'allait pas tenir longtemps. Malgré tout, je haletai :

-On court! C'est le seul moyen d'échapper à ce sorcier!

Un rire rauque résonna derrière nous. J'accélérai en priant de toutes mes forces pour que mes jambes tiennent le coup.

Soudain, j'aperçus une silhouette immobile devant nous. En me rapprochant, je reconnus les longs cheveux noirs et les yeux gris... C'était Maïlys! L'elfe ne bougeait plus, pétrifiée de terreur. Je me précipitai vers elle:

-Maïlys! Va-t-en, vite!

Mais elle ne bougeait pas, terrifiée. Je la saisis par le bras et la secouai:

-Maïlys! Il faut partir, tu m'entends?

-Mes jambes ne m'obéissent plus ! souffla la jeune fille, paniquée. Il m'a lancé un sort pour me paralyser ! Toi, enfuis-toi, vite !

-Non! criai-je. Ne le regarde plus, Maïlys, ferme les yeux!

-Je ne peux pas! chuchota-t-elle, terrorisée.

-Alysée, attention! hurla Herod.

Une boule de feu fonçait sur nous. En désespoir de cause, je tirai l'elfe aussi fort que je le pus et tombai sur le côté en l'entraînant avec moi. La magie destructrice nous rata de peu.

Je me relevai en hâte. Maïlys bondit sur ses pieds. Le contact visuel avec le sorcier ayant été rompu, elle avait retrouvé l'usage de ses jambes. Nous nous remîmes à courir, désespérément. Masque de Mort était toujours derrière nous, nous bombardant de décharges magiques.

J'esquivai une boule de feu mais Maïlys n'eut pas cette chance. Elle fut touchée à la cheville et s'effondra dans un cri. Je me précipitai près d'elle, Herod sur les talons. Elle était mal en point, son os était sûrement touché.

-Herod! hurlai-je. Tu peux la soigner avec ta magie?

-Non! Je n'ai pas encore récupéré tous mes pouvoirs!

-Fuyez, articula faiblement Maïlys, grimaçante de douleur.

-Jamais! déclarai-je. Je ne t'abandonnerai pas!

-Alysée! hurla Herod. Attention!

Je tournai la tête. Une boule de feu fonçait en ma direction. Terrorisée, je voulus crier mais mon hurlement resta dans ma gorge.

-Non! cria Maïlys, toujours à terre.

Soudain, sa main droite s'illumina et un mur de pierre sortit de terre juste devant moi. Je reculai à temps pour ne pas être empalée par les pics rocheux. Les yeux écarquillés, je fixai ce mur miraculeux en titubant. A côté de moi, Maïlys souffla:

-Qu... Qu'est-ce qui s'est passé?

-A toi de nous le dire! lui répondit Herod sur le même ton stupéfait.

-Qu... Quoi? s'étonna l'elfe, perplexe.

-C'est toi qui a créé ce mur de pierre, Maïlys, expliqua gravement le magicien, se tournant vers elle. Tes pouvoirs se sont activés car Alysée était en danger de mort.

-Mes... pouvoirs? répéta l'elfe. Mais... je n'ai pas de... oh!

Elle se tut. Elle venait de comprendre. Elle était une elfe élémentaire.

Les elfes élémentaires avaient un pouvoir très spécial: ils pouvaient fusionner avec les éléments s'ils les touchaient. Pour maîtriser cette magie, il fallait de longues années d'entraînement en activant un à un chaque pouvoir élémentaire. Cette magie était très rare ; il ne pouvait y avoir qu'un seul elfe élémentaire à la fois. Ils étaient les gardiens de la Paix de notre monde.

Maïlys venait d'activer le premier pouvoir: celui de la terre.

Émerveillée, la jeune fille fixa ses mains sans oser y croire. Soudain, un rire sinistre résonna derrière nous. Nous nous retournâmes. Masque de Mort avait dépassé le mur de pierre créé par Maïlys et s'avançait lentement vers nous.

De près, il était encore plus effrayant. Son masque amaigrissait les contours de son visage, sa cape noire traînait sur le sol à chacun de ses pas lents. Nous sentîmes distinctement l'air devenir plus froid autour de nous. Je frissonnai, Herod recula et Maïlys se fit la plus petite possible. Puis la voix rauque du sorcier s'éleva dans l'air glacé:

-Ainsi, c'est toi, la prochaine elfe élémentaire... Je vais te mettre hors d'état de nuire.

Maïlys écarquilla les yeux, horrifiée. Une main squelettique descendit vers son cou et l'attrapa à la gorge. Masque de Mort la souleva sans difficulté. L'elfe hoqueta. L'air ne parvenait plus à ses poumons. Elle étouffait. La jeune fille nous lança un regard suppliant. Je sortis mon sabre de son fourreau, le regard fixé sur son visage qui pâlissait à vue d'œil.

-Tu ne la tueras pas! hurlai-je en me précipitant sur Masque de Mort.

Mais le sorcier leva la main et je fus violemment repoussée contre le mur de pierre. Je me relevai, un peu sonnée. Herod lança un éclair magique que Masque de Mort dévia facilement. Le jeune homme fut percuté par sa propre attaque et il s'effondra.

-Herod! hurlai-je.

Masque de Mort tenait toujours Maïlys. Une lumière noire l'entoura soudain.

-Un sort de téléportation! s'écria Herod. Il faut l'empêcher d'emmener Maïlys!

Je me jetai vers le sorcier... mais je ne rencontrai que le vide.

Il avait disparu. Et Maïlys avec lui.

Le lien du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant