Chapitre 25 : Prisonniers

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Maïlys :

Roulée en boule sur le sol froid de la prison, je tentais de ne pas me laisser aller au désespoir. Ici, j'étais privée de mes pouvoirs, inoffensive comme un nouveau-né. J'avais peur. Une angoisse sourde me nouait la gorge. Je la chassais du mieux que je le pouvais, mais elle revenait, inlassablement.

Soudain, une intense sensation de plaisir me parcourut. Surprise, je me redressai. Ma peau était comme traversée par un vent qui la chatouillait agréablement et une douce chaleur irradiait de mon ventre.

Puis cette sensation disparut d'un coup. Stupéfaite, je mis un moment avant de reprendre mes esprits.

Ça ne venait pas de moi, c'était sûr. C'était une sensation éprouvée par un des autres Élus. Et à mon avis, ça ne venait pas d'Herod non plus.

La vérité me frappa de plein fouet.

Alysée...? Non... Elle n'aurait quand même pas...

Si, c'était bien possible, finalement. Après tout, Masque de Mort n'était-il pas lui aussi une de ses deux âmes sœurs ?

Cela me dégoûtait. Je maudis Opale de toutes mes forces. Ce qu'elle lui avait fait était inhumain.

Cependant, je dus aussi m'avouer que j'éprouvais une pointe de colère envers Alysée. En cédant à ses avances, elle nous avait tous trahis. Les larmes me montèrent aux yeux.

Ce n'est pas de sa faute et tu le sais bien, me raisonnai-je. Elle l'aime et elle n'y peut rien. Et, qui sait ? Peut-être l'a-t-elle fait pour nous protéger. Peut-être lui a-t-il fait du chantage, l'ordure.

Je me blottis à nouveau sur le sol, au bord des larmes. Dans tous les cas, je priai pour qu'Herod n'ait pas ressenti cette sensation lui aussi. Il n'avait pas besoin de ça. Depuis tout à l'heure, son désespoir et son inquiétude me rendaient folle.

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Alysée :

Les jours suivants, j'évitai Halcyon du mieux que je le pus. Je ne me sentais pas prête à le revoir, pas après ce que j'avais fait.

La culpabilité me rongeait. J'avais le sentiment d'avoir trahi mes amis. Le visage d'Herod revenait sans cesse devant mes yeux, comme pour me rappeler ma faute. Cela m'était insupportable, au point même que je refusais de fermer les yeux.

Maintenant que je lui avais cédé, Halcyon me laissait aller où je le voulais dans le château. Enfin, où je le voulais, c'était un grand mot : j'étais constamment surveillée par les gardes ou les servantes.

Assise dans ma chambre, je contemplai le miroir d'un air défait. Mes cheveux désordonnés retombaient sur mes épaules et des cernes soulignaient mes yeux. J'étais pâle à faire peur. Je n'arrivais plus à dormir, rongée par la culpabilité, et mes forces déclinaient.

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Maïlys :

Je dépliai un à un mes membres gourds de fatigue. Il faisait froid. J'eus un frisson tandis que je fouillais des yeux la pénombre environnante. Ma cellule était minuscule, à peine la largeur d'une couchette. Les barreaux donnaient sur un couloir obscur. Au delà, je ne voyais rien.

Je tâtai le sol à la recherche d'une fissure dans le métal qui recouvrait la terre, m'interdisant d'avoir recours à mes pouvoirs. En vain. Tout avait été soigneusement préparé. Il n'y avait pas d'eau, contrairement aux autres prisons qui étaient toujours humides, ni de feu, et l'air restait emprisonné à l'intérieur, sans contact avec le couloir.

Le lien du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant