Chapitre 5

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Surprise, je me retourne pour faire face à ma mère. Qui irait jusqu'à inventer l'existence d'un jumeau pour faire en sorte que sa fille reste ? Qui pourrait faire ça ? Je dévisage ma mère afin de savoir si elle dit la vérité. Et à ma grande stupéfaction je vois qu'elle de la sincérité dans ses yeux. Mais comment est-ce possible ? Comment ? Il y a trois jours je pensais avoir pour seule famille mes amis de la colonie. Hier j'ai appris que celui que je croyais être mon demi-frère est en réalité mon petit frère, et aujourd'hui j'apprends l'existence d'un frère jumeau. Pour la première fois depuis mon arrivée ici, mon masque de froideur se fissure :

- C'est vrai ?

C'est la seule chose que je suis capable de dire. Mes jambes refusent de bouger alors que mon esprit me hurle de partir en courant et de retourner à mon ancienne vie à la colonie.

- Tu ne veux pas t'asseoir, Rose ? C'est une longue histoire, me dit ma mère.

Sans un mot, j'obtempère et m'assois sur le fauteuil le plus proche.

- Je t'écoute, je réponds au prix d'un grand effort.

- Lorsque j'ai rencontré ton père, j'avais à peine 20 ans. J'étais folle amoureuse de lui, et...

- Je n'ai pas envie de connaître tous les détails de ton histoire d'amour avec...papa, je la coupe.

Ca faisait tellement bizarre d'appeler Apollon "papa". C'est vrai qu'il était mon père, mais j'avais parfois du mal à l'imaginer comme tel. Ignorant ma remarque, ma mère continue son récit :

- Je disais que j'étais amoureuse de lui lorsque je suis tombée enceinte. Enceinte de jumeaux, un garçon et une fille. Le problème, c'est que j'étais jeune. Beaucoup trop jeune. En plus, ton père ne pouvait pas rester à s'occuper de vous. Il ne pouvait pas vous amener sur l'Olympe et même enfant vous dégagiez déjà beaucoup de puissance. C'est pour cela que vous avez été séparé dès les premiers mois de votre vie. Ton frère, Hugo, est...

Elle s'arrête un instant comme si elle cherchait les bons mots.

- Il partit vivre en Europe avec ma sœur. J'ai dû... j'ai dû abandonner mon bébé. Juste pour être tombée amoureuse d'un dieu. Si ton père avait été une personne normale j'aurais pu vous garder toi et Hugo. Je suis une horrible mère.

Encore une fois elle s'arrête en plein milieu. Je n'ose pas parler de peur de dire quelque chose de mal, de peur de la blesser. Je sais que, malgré tout, ma rancœur envers ma mère est trop forte et je ne pourrais pas la contredire sur le fait qu'elle n'a pas été une mère modèle. Mais je ne veux pas la blesser, et je sais qu'elle n'est pas responsable de tout. Je suis coupée dans mes pensées par ma mère qui reprend son récit :

- Après le départ d'Hugo, ton père venait souvent me rendre visite. Tu ne t'en souviens peut-être pas, tu étais tellement petite. Je l'aimais encore et trois ans plus tard, Alex est né. Comme tu te doutes, les monstres auraient été vite attirés. Chaque année, j'ai essayé de retarder le jour de ton départ pour la Colonie des Sang-Mêlé. Mais le jour de ton huitième anniversaire, une hydre est arrivée chez nous. C'est ton père qui l'a tué et j'ai dû t'amener à la Colonie. Ton père a pu offrir une protection à Alex qui se lèverait à tes 16 ans.

Ma mère termine son récit en essuyant les larmes qui menacent de couler. Tellement de questions se bousculent dans ma tête. Comment ont-ils pu me cacher ça ? Comment ? Et surtout pourquoi ? Pourquoi je ne suis pas partie vivre en Europe ? Pourquoi ce n'est pas moi qui aie pu bénéficier d'une protection ? Pourquoi ? Toutes mes pensées se résument dans ce seul et même mot : pourquoi ?

- Pourquoi ? Je demande en fixant ma mère.

- Une histoire de destin que tu es la seule à pouvoir accomplir, me répond ma mère avec un ton triste.

Rose Hathaway, sang-mêlée malgré elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant