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Je comprends alors tout. De A à Z. Le pourquoi du comment. Pourquoi je n'ai vue personne jusque là, pourquoi personne n'a l'air de me voir. Pourquoi je suis couverte de bleu et cette phrase mystérieuse. Tout. C'est comme si je revenais de retrouver ma mémoire. Je me souviens d'hier et d'avant hier. Puis je revois des brides de ma vie. De quand j'étais plus jeune, de moi au collège, à la primaire, avec mes amis, avec ma famille. Tout me reviens un à un. J'ai l'impression de sombrer. Je me laisse aller à mes sentiments et pleure car je sais que ces moments là ne reviendrons plus jamais. Mes jambes se dérobent et je tombe à genoux. Je pleure encore et encore. Comme quelqu'un qui vomit, je me vide. Je me vide de ce trop plein que je viens d'avoir. Ce matin j'étais vide et maintenant je déborde. J'ai l'impression que je vais me vider ainsi pour l'éternité mais les gamins qui se poussent devant moi me ramène à la réalité.

Les gens se bousculent pour rentrer dans le bus et moi j'ai l'air d'un zombie. Un zombie avec des yeux dégoulinant de larmes et mes joues ruisselé par ces dernières. Je monte dans le bus de justesse avant que le conducteur ne ferme les portes. Je vais m'asseoir à côté de mon meilleur ami. Simon. Je tente de lui faire la bise mais il m'ignore. Puis les souvenirs ressurgissent de plus belle et mes sentiments reprennent une nouvelle fois le dessus. Je pleure de tout mon saoul. De toute façon tout le monde s'en fout. À croire que je n'existe pas.

Simon. Mon meilleur ami. 3 ans d'amitié. Je pense que je pourrais donner ma vie pour lui. Il est tout pour moi. C'est simple, s'il meurt, mon monde s'effondra. Je n'aurais plus rien. Je serais une coquille vide. Il suffirait de me faire une pichenette pour que je m'écroule. Voilà. Un monde sans Simon n'a pas lieu d'être, c'est aussi simple que ça. 

Récemment on s'est un peu éloigné car il a eu une petite amie. J'ai eu beaucoup du mal à me faire au fait qu'il me laisse de côté ainsi. J'ai souffert. Mon meilleur ami me manquait. Mais peu importe, de toute façon c'est fini maintenant. Tout est fini maintenant.

-C'était affreux hier. dit Maxime d'une voix fébrile à Simon.
-...

Simon à le regard vide. Je pose ma main sur son épaule. Il est vulnérable. Je ne l'ai jamais vu ainsi. Je vois une larme couler le long de sa joue. Ce qui me refait de la peine et je me remets à pleurer. Puis je pose mon regard sur Maxime. Mon ami depuis maintenant 2 ans. Rebecca (Beckie pour les intimes), c'est sa petite amie. C'est mon amie aussi, depuis 4 ans. C'est elle qui n'était pas là ce matin à l'arrêt de bus.

Maxime pleure aussi. Beaucoup plus que Simon. Si Beckie n'est pas venu ce matin c'est qu'elle à une véritable raison pour ne pas venir et ce matin elle doit être à l'hôpital. Encore dans le coma. Cette pensé me fait pleurer encore plus fort.

Je pose ma tête sur l'épaule de Simon et pleure, encore et encore. Je sais qu'il m'ignore et qu'il ne sent surement pas ce contact mais pour moi il est bien réel. C'est affreux ce qui nous arrive. Affreux.  Il n'y a pas d'autre mot possible pour d'écrire l'atrocité que nous vivons.

Je n'ai jamais vue un mec pleurer et je pense qu'en voir deux en même temps est une chose importante. J'espère de tout coeur que Beckie reviendra, et vite. Elle me manque déjà.

Le bus arrive au collège et pas mal des élèves du bus regarde Simon et Maxime incrédule. C'est clair que les voir pleurer tous les deux me fout une claque. Je me lève tant bien que mal et les gens me bousculent. Je sens que la journée va être difficile. Max et Simon sortent eux aussi du bus. Ils sont vite rejoint par Lucas, mon deuxième meilleur ami qui pleure aussi. C'est si dur et je re pleure encore une fois. Ça ne cessera donc jamais.

Mes jambes se dérobent et je tombe. Je suis soudain prise d'un furieux vertige. J'ai beau être assise les vertiges deviennent de plus en plus intenses. Ma vue ce brouille et je finis par sombrer dans un univers inconnu fait de noir et blanc.

SauverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant