Quand Phineas revint dans le salon de ses grands-parents, une froideur incomparable animait son visage. Il s'avança jusqu'à Arcturus et le pria de les excuser Isla et lui. Magenta se détourna de la conversation qu'elle entretenait avec Ella et Ursula et le regarda sévèrement. Phineas sentant la colère de sa grand-mère vint s'incliner devant elle avec respect et lui présenta ses plus plates excuses. Le jeune homme avait le don d'obtenir grâce à son charme tout ce qu'il souhaitait de la gent féminine et bientôt Magenta lui assura qu'elle le trouvait bien trop bon de gâcher son après-midi pour sa sotte de sœur. Phineas se contraignit à sourire puis après de brefs adieux il s'éclipsa.
Quand les deux Black sortirent de la cheminée du square Grimmaurd, Isla chancela légèrement. Phineas la soutint fermement. Il fronça les sourcils quand il constata la pâleur de sa cadette qui avait visiblement mal supporté le voyage. Se souvenant parfaitement de sa mère quand elle attendait elle-même Isla et les malaises qu'elle faisait à l'époque, Phineas se radoucit juste un peu. Il aida sa sœur à s'allonger sur un sofa puis lui tendit bientôt un verre d'eau.
Quand Phineas s'était remis du choc de sa découverte dans la petite salle d'eau. Il avait demandé d'une voix où perçait sa colère et sa déception :
« Qui Isla ? Qui a osé te profaner ? »
La jeune femme tremblait, mais n'avait pipé mot. Phineas de plus en plus en proie à un immense courroux, s'était rapproché d'elle et l'avait saisie par le poignet. L'héritier des Black l'avait alors secouée et questionnée de nouveau :
« Donne-moi son nom Isla. Donne-moi le nom de l'infâme bâtard qui a osé te toucher. »
La jeune femme s'était effondrée en larmes et Phineas avait senti son cœur se serrer. Mille interrogations se bousculaient en lui. Sa petite sœur avait-elle été violentée ou s'était-elle laissé séduire par un coureur de dot ? Devait-il en parler à sa famille ? Fallait-il éloigner Isla quelques mois et lui faire abandonner l'enfant ou prendre le risque de consulter un de ses médicomages qui proposait aux filles perdues de les débarrasser de leurs fardeaux non désirés ? Il savait que cette dernière option était dangereuse. Ces charlatans de pseudo-médicomages utilisaient un puissant sort de magie noire pour faire partir les embryons.
« Isla, parle-moi. Dis-moi, qui est l'auteur de ce crime ? avait-il insisté.
- Non, avait répliqué Isla. Je ne te laisserai pas lui faire de mal. »
Puis subissant une nouvelle nausée, Isla s'était précipitée au-dessus du lavabo. Phineas avait alors décidé de la ramener chez eux. Et à présent, Isla attendait que son frère parle de nouveau. Elle savait que Phin' n'en resterait pas là.
« Maintenant, Isla, il est temps de tout me dire. Je veux tout savoir. Tu entends Isla. Je ferai ce que je pourrais pour t'aider mais tu dois tout me raconter.
- Même si ce que tu vas entendre, ne va pas te plaire ? murmura la jeune femme hésitante.
- Je ne peux rien te promettre, petite sœur mais sache que je ferai ce qui est en mon pouvoir pour en limiter les conséquences. »
Isla soupira. Au point où elle en était, cela ne changerait rien que Phineas apprenne tout. Elle gardait un minime espoir en songeant que son aîné n'avait pas prévenu leur Oncle immédiatement. Elle commença donc son récit par sa rencontre avec Bob.Jeudi 1 avril 1869
Elladora venait de disparaître dans la cheminée et sa mère incita Isla à entrer dans l'âtre à son tour. La jeune fille prit donc une poignée de poudre de cheminette et s'y engouffra. Elle lâcha la poudre verte et avant d'avoir prononcé entièrement " chemin de traverse", elle fut prise d'une effroyable quinte de toux. Elle vit à peine les maisons sorcières qu'elle traversait tant elle était essoufflée. Quand sa chute finit enfin, il fallut plusieurs minutes à la benjamine des Black pour se remettre d'aplomb. Puis la Serpentard balaya la pièce du regard. Elle se trouvait dans un obscur et minuscule salon à l'ameublement miteux. Une couche de poussière recouvrait l'ensemble et la pièce était jonchée de cadavre de bouteilles de whiskey pur feu. Sur un divan à moitié éventré, un homme semblait dormir profondément.
Isla grimaça en se penchant sur lui et en reniflant les relents d'alcool qui s'échappaient de la bouche de l'individu. L'adolescente sortit de la masure sur la pointe des pieds, priant Morgane que l'ivrogne ne se réveille pas. Elle referma la porte précautionneusement et chercha à deviner où elle avait atterri. La maison qu'elle venait de quitter était située dans une nouvelle cité ouvrière moldue. Isla réprima un frisson et s'élança vers le bas de la rue longeant les allées de maisons en briques. Ses bottines semblaient battre la mesure sur l'asphalte. Isla se permit un petit sourire en songeant qu'au moins elle ne s'était pas retrouvée en pleine campagne. La jeune fille traversait un petit square, seul coin de verdure au milieu d'une multitude de constructions similaires. Isla tentait d'ignorer les regards curieux des quidams qu'elle rencontrait. Il fallait avouer que sa tenue n'était pas de celle que les gens du coin devaient avoir l'habitude de voir et encore la plus jeune des Black n'avait revêtu une de ses robes de sorcière. Perdue dans ses songes et sa peur de ne pas savoir retrouver sa famille, Isla ne vit pas qu'un groupe de jeunes travailleurs qui sortaient d'un estaminet pour retourner travailler après leur pause déjeuner, se rapprochait d'elle. Le plus âgé des jeunes hommes, la désigna d'un coup de tête à ses amis et ils vinrent l'encercler. Il s'inclina alors devant la sorcière en ôtant son couvre-chef et lui dit d'une voix grivoise pendant que ses comparses resserraient les rangs pour qu'Isla ne puisse fuir :
« Vous êtes perdue M'selle. Si vous voulez je veux bien, vous héberger chez moi. Y'a un lit tout chaud qui nous y attends. »
Terrorisée, Isla se recula pour se retrouver dans les bras d'un autre ouvrier qui la bouscula sans ménagement sous les ricanements des autres.
Bob Hitchen paya l'épicière, lui sourit et lui assura qu'il transmettrait ses vœux de prompts rétablissement à sa mère. Il s'avança vers le square qui lui permettait de gagner quelques minutes de marche. Il aperçut alors Thomas Elder et sa bande d'acolytes en train de persécuter une jeune fille de bonne famille. Robert lâcha alors ses provisions et s'avança vers le petit groupe. Dès que le chef de bande le remarqua, il abandonna et poussa Isla qui tomba sur le sol et eut un sourire mauvais.
« Elder, je ne pense pas que Brower serait mécontent de se débarrasser de toi, déclara Bob sèchement, en faisant allusion au contremaître qui employait le jeune homme et qui était accessoirement son parrain.
- On se retrouvera Hitchen, cracha Tom avec une moue méprisante. Venez-vous autre. »
Robert se rapprocha de la jeune fille qui stoïquement retenait ses larmes. Le jeune homme s'interrogeait sur ce qu'elle venait faire ici. Il l'aida à se relever et pendant que celle-ci époussetait brièvement ses habits il l'observa attentivement. Elle était vraiment très belle avec ses grands yeux de biche apeurée.
« Vous allez bien Mademoiselle ?
- Euh, oui... euh... merci, bégaya la jeune Black atrocement gênée mais en lui adressant un sourire éclatant. Je...
- Vous cherchez peut-être quelqu'un ou quelque chose, proposa Hitchen devant l'embarras plus que manifeste de la brunette, tout en pensant qu'elle était encore plus ravissante quand elle rosissait. Je peux peut-être vous aider ?
- Oh, euh je me suis perdue et... ma famille doit maintenant être loin, balbutia Isla mortifiée de devoir son salut à un moldu et n'osant imaginer la réaction de sa mère et de son oncle.
- Savez-vous où ils devaient aller ? l'interrogea doucement Bob.
- A Charing cross road, une petite librairie que ma mère affectionne particulièrement, mentit effrontément la benjamine Black, doutant que ce soit une bonne idée de lui parler du chaudron baveur.
- Pfft, siffla le jeune homme en se grattant la tête. Hé bé, vous n'êtes pas arrivée. Nous sommes à presque douze miles de là. »
Devant l'air catastrophée de la demoiselle, Robert sentit son cœur se serrer et lui soumis l'idée qu'il pourrait l'y accompagner. Isla qui n'avait jamais marché autant eut du mal à suivre le jeune homme mais celui-ci, prévenant ralentit. Il parvint même à leur faire faire une partie du voyage assis dans la charrette du laitier qui avait fini sa tournée et repartait à la laiterie se réapprovisionner. Quand enfin ils arrivèrent à destination, Isla s'était surprise à rire plusieurs fois aux remarques du jeune homme et quand il lui demanda s'il pouvait se revoir, l'adolescente se rendit compte qu'elle ne voulait pas refuser.
Mardi 4 juillet 1871
Phineas était resté impassible devant le récit de sa cadette de sa rencontre avec un moldu mais intérieurement il avait senti grandir en lui une oppression lui broyant la cage thoracique. Quand Isla se tut pour avaler une nouvelle gorgée d'eau, Phineas demanda d'une voix atone :
« Tu... Ce... c'est ce moldu qui... »
Isla ouvrit de grands yeux inquiets en voyant son frère au bord de l'apoplexie. Celui inspira et expira bruyamment et reprit :
« C'est donc ce... ce Bob... qui t'a mise mais... c'était... il y a deux ans»
Phineas blanchit un peu plus en réalisant ce qu'impliquait ce qu'il venait de découvrir.
« Bob et moi, nous nous sommes vus à chaque fois que j'étais chez les Malefoy, confessa la jeune femme dont les yeux luisaient d'espoirs et de craintes contenus»
Le futur directeur de Poudlard resta silencieux quelques instants puis venant prendre les mains de sa cadette dans les siennes déclama :
« Isla, je vais tout organiser. Nous tairons cette malheureuse histoire. Je m'arrangerais avec les Avery en invoquant une santé délicate. L'important c'est de t'éloigner quelques temps. Il faut que je réfléchisse où tu seras le plus à même de ne rencontrer aucunes de nos connaissances. Et une fois l'enfant né et adopté, tu reviendras et tu épouseras Bertram. Il existe des sorts pour que ton époux te croit encore vierge et si Bertram est trop saoul, il ne se rendra compte de rien, poursuivit Phin' avec agitation sous les regards hallucinés de sa sœur.
- Phin', le coupa Isla d'un ton suppliant. Tu ne comprends pas. Je... J'aime Bob. Il est hors de question que j'abandonne notre enfant.
- Mais Isla, protesta le jeune homme visiblement malheureux. Tu es promise à Bertram et... et je ne veux pas te perdre.
- Phin', je ne t'ai pas encore tout dit. »
Ses simples mots suffirent à l'aîné des enfants Black pour fissurer ses dernières défenses et des larmes emplirent se yeux.
« J'ai épousé Bob, il y aura bientôt un an. »
VOUS LISEZ
Le grenier
FanfictionQuand Lily Luna Potter a commencé à fouiner dans le grenier du 12 square Grimmaurd, elle ne pensait pas en découvrir autant sur ses anciens habitants et leurs familles.