*** 16 - Bob Hitchen et la double vie d'Isla Black ***

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Effarée, Isla n'avait rien répondu. Elle avait refusé d'écouter Bob et avait voulu passer un dernier été avec sa famille avant de retrouver son amant moldu. Et si elle ne faisait rien, elle devrait en subir les conséquences. Isla eut pour la première fois depuis ses dix ans envie de pleurer. Elle allait devoir fuir avant ses fiançailles. La jeune fille se leva, sortit de sa table de chevet sa tabatière et prisa un peu de tabac. Ragaillardie, la jeune diplômée, elle venait d'obtenir huit aspics, songea qu'il lui faudrait jouer le jeu pour ne pas attirer la méfiance de sa famille, mais surtout celle de cette peste d'Ursula.

Isla, qui quelques heures plus tôt, se sentait coupable de trahir sa famille, était animée désormais par une profonde colère qui lui faisait penser aux biens fondés de ses actes.

Isla se replongea dans ses souvenirs. D'abord sa rencontre avec Bob, un jour où prise d'une quinte de toux alors qu'elle utilisait de la poudre de cheminette, elle s'était perdue. Elle avait eu la malchance de tomber chez un sorcier qui habitait parmi les moldus de Londres. Alors qu'une bande de voyou, la harcelait et que la jeune fille hésitait à utiliser sa baguette, un jeune homme d'une vingtaine d'année, sortant d'une épicerie, avisa la scène et laissant tomber ses achats vient la secourir.

Isla avait chaleureusement remercié le moldu, terriblement gênée. Si sa mère et son oncle apprenaient cela, ils seraient très fâchés. Le jeune Robert, insista pour raccompagner la jeune fille pour qu'il ne lui arrive plus pareil mésaventure. Isla ne voyant pas trop comment retrouver seule son chemin accepta donnant cependant l'adresse de la librairie située juste à côté du chaudron baveur.

Robert, Bob pour ses proches était un jeune homme enjoué et il trouvait la jeune fille, bien qu'apparemment très timide, exquise. Il lui raconta pleins de petites anecdotes et il réussit peu à peu à dérider la jeune fille. Et quand ils arrivèrent enfin sur Charing Cross Road, la jeune Isla avait finit par apprécier l'humour et la gentillesse qui émanaient du jeune homme, aussi quand il proposa de se revoir Isla accepta.

Isla se rappela ensuite leur rendez-vous où Phin' et Arcturus la croyait chez son amie Susanna Malefoy qui avait accepté à contrecœur de servir d'alibi. Isla soupira et s'allongeant sur le lit ferma les yeux et revécut en songe le jour où elle avait scellé son avenir à celui de Bob.

Samedi 15 juillet 1870

Isla avait fêté ses dix sept ans deux mois plus tôt, elle était donc majeure dans le monde des sorciers mais il lui restait une année à faire à Poudlard. Bob lui avait terriblement manqué depuis les vacances de pâques où il n'avait pu se voir qu'en coup de vent. Isla avait dû se résoudre à lui avouer ses origines passant outre la peur d'être accusée d'avoir violé le code international du secret magique, afin de pouvoir rester en contact lorsqu'elle était à Poudlard. Sa chouette Iphigénie avait fait plusieurs fois par semaine le voyage entre Londres et l'Ecosse. Mais malgré les précieuses missives qu'elle gardait dans sa malle, protégées par un sort d'invisibilité, Isla avait hâte de revoir son bien-aîmé.
Susanna assisse prés de la fenêtre, sourit en voyant son amie consulter la grande horloge du salon. Phineas ayant insisté pour accompagner sa benjamine jusqu'à chez les Malefoy, Isla avait dû se résoudre à y passer quelques jours avant de retrouver son joli moldu comme le nommait Susanna. Isla était sensée retourner chez elle ce jour-là mais par précaution, elle devait attendre que le père de son ami parte au ministère.

« Mais arrête donc de tourner en rond, rouspéta Susanna. Tu vas faire un trou dans mon magnifique tapis. Tu vas bientôt pouvoir aller le rejoindre.
- Oui, oui. Dis, tu es sûre que mes bagages ne risquent rien ?
- Non, ne t'inquiète pas je les ai réduits et j'ai demandé à Gabor de les monter au grenier. Mon elfe te les ramènera quand, tu retourneras réellement chez toi.
- Je te remercie Susanna.
- Oui, oui, ironisa la jeune Malefoy. Mais si on vient m'interroger, je ne suis pas sûre de tenir ma langue.
- Oh, Suze, je t'en prie.
- Je plaisantai Isla. Je vais finir par croire que mon frère a raison quand il me dit que j'ai l'humour d'un gobelin. »

L'horloge carillonna ses onze coups et Isla eut un grand sourire. Elle se saisit d'un petit sac de toile que son amie avait déniché dans de vielles guenilles, dans les combles et les deux amies sortirent dans le fond du parc du manoir des Malefoy où les transplanages étaient permis.

Lily avant de disparaître à la suite d'Isla se retourna vers le manoir et souffla à Scorpius :

« Je ne le voyais pas si grand. Au fait tu connais cette Susanna ?
- Je crois que c'était la tante de mon arrière-grand père où quelque chose dans ce goût là. »

Isla avait transplané prés de la frontière écossaise où Bob devait l'attendre. Elle le retrouva devant une petite auberge. Bob eut un doux sourire et enlaça sa dulcinée qui leva ses grands yeux bleus gris vers lui. Le jeune homme prit alors possession de ses lèvres pour un long baiser de retrouvaille puis il l'attrapa par la main et la fit entrer dans l'auberge où ils prirent un repas frugal.

Lily observait le jeune couple avec une pointe d'envie. Le jeune homme tout en devisant gaiement avec Isla lui caressait tendrement les doigts. Après avoir bu un café, Bob paya le tenancier puis tira Isla jusqu'aux écuries où un cheval les attendait. Le jeune homme se mit en selle et de ses bras vigoureux attira sa bien-aimée devant lui. Il l'aida à s'installer et il partit au galop en direction de l'Ecosse. Le jeune homme s'y avait emménagé depuis presque un mois. Le jeune Hitchen s'arrêta devant une vielle masure devant laquelle les ronces et chiendents proliféraient. Il eut un sourire d'excuse pour sa belle qu'il fit descendre.

« Ce n'est pas un palais mais c'est le seul endroit que j'ai trouvé dans le coin, souffla Bob anxieux.
- Cela ira très bien. Ce n'est que pour une nuit.
- Oui. J'espère que tout se passera bien.
- Voyons Bob, avec un petit sortilège, il ne sera pas difficile de leur faire croire que je résidai avec toi et nous pourrons nous marier sans difficultés
- Oui, tu as sûrement raison mais... et si tes parents se rendaient compte que tu n'es pas chez ton amie où si ton frère t'oblige à annuler notre union.
- Phineas ne pourra pas me faire changer d'avis et puis de toute façon même si ce mariage ne sera valable que pour les moldus, je serais devenu impure, une traite à mon sang alors... »

Bob prit sa future épouse contre lui et la consola. Isla avait laissé transpercer toute son amertume et sa douleur de devoir bientôt renoncer à sa famille et particulièrement à son frère Phin', à sa mère et à son grand-père.

Samedi 1 juillet 1871


Isla sortit de son corsage une longue chaîne en argent au bout de laquelle un simple anneau en étain pendait. Son alliance, le symbole de l'amour éternel, celui qui faisait d'elle une traite à son sang, une paria, une Hitchen.

Isla ne regrettait pas son choix et elle était même impatiente d'avoir son époux dans sa couche chaque soir mais en même temps elle souffrait. Elle s'en voulait de mentir à ses proches, de les trahir et elle avait d'autant plus mal qu'elle savait que pour vivre son amour, elle devrait les quitter et ne plus jamais les revoir.

Isla sortit un parchemin et écrivit une longue lettre à son époux, lui renouvelant tous ses vœux d'amours et lui assurant qu'elle le rejoindrait à la tombée de la nuit le lendemain. Ce soir là, toute la famille était conviée chez la tante Misapinoa et Isla feindrait d'être souffrante. Cela ne lui était pas difficile, il lui suffirait de faire croire qu'elle avait ses menstruations. Elle était toujours indisposée à cette période du mois. Isla songea que c'était loin de la vérité puisqu'elle venait de réaliser qu'elle était enceinte. Isla sourit en se remémorant la conception de ce petit être qui grandissait en son sein. Il avait été conçu pendant les vacances de pâques qu'Isla avait passées chez les Malefoy, enfin c'était ce qu'avaient cru Ella et Phineas, car la jeune femme avait en réalité dés le premier soir rejoint son moldu. Isla caressa légèrement son ventre qui commençait à se prononcer mais qu'elle arrivait à cacher avec ses amples robes de sorcière. Isla sourit en songeant à ce que Bob en dirait quand elle lui annoncerait la nouvelle. Pourtant la jeune Madame Hitchen se rembrunit, Bob refuserait certainement qu'elle revienne au square Grimmaurd jusqu'au mariage de Phineas et Ursula. Hé bien, tant pis, elle ne lui laisserait pas le choix. Elle aimait trop Phin' malgré la distance qu'elle se plaisait parfois à instaurer quand son aîné était trop protecteur, pour ne pas être présente ce jour-là. Ensuite et bien elle devrait se résoudre à abandonner l'univers qu'elle avait toujours connu. Isla savait qu'elle risquait gros si Arcturus, Misapinoa et même Elladora découvraient la double vie qu'elle menait depuis qu'elle avait rencontré Robert mais elle voulait profiter une dernière fois de sa tendre mère, de son frère si exigeant mais si aimant et de son aïeul qui derrière sa sévérité apparente cachait un homme au grand cœur. Et elle comptait pleinement savourer chaque instant.

Mardi 4 juillet 1871

Isla était appuyée sur la cheminée du salon, chez son grand-père. Sa grand-mère Magenta avait convié toute la famille à dîner. Dés leur arrivée, Magenta avait de suite critiqué la tenue de sa petite fille et son manque de raffinement. Isla s'était contentée de lui adresser un sourire perfide. Ella avait, avec tact, orienté la conversion vers le prochain mariage de Phineas et Ursula qui assisse prés d'Elladora jouait à la jeune damoiselle effarouchée pour le plus grand dégoût d'Isla et l'amusement moqueur de Phin'. Edric Flint était plongé dans une partie d'échec avec l'oncle Jimbo. Misapinoa sirotait un cocktail en regardant méchamment sa plus jeune nièce et en complimentant sans cesse la seconde.

Isla étouffait et sentit un étourdissement monter en elle, en même temps qu'une violente nausée la fit blêmir. Elle se tourna alors vers son grand-père et lui demanda la permission de s'éclipser un instant à la salle d'eau réservée aux invités Celui-ci opina avec chaleur. Arcturus aimait profondément sa rebelle de petite-fille qui osait transgresser les règles de la maison Black qu'il avait eu si souvent envie d'oublier dans sa jeunesse. Oui, le patriarche admirait le courage d'Isla à ce sujet, lui qui ne l'avait pas eu. Il fut sorti de ses pensées par sa sœur Phoebe qui vint l'interroger sur ses dernières acquisitions d'œuvres d'arts dont il était un grand collectionneur.

Phineas écoutait le bavardage insipide de sa fiancée et de sa grand-mère, tout en fixant obstinément la porte. Il avait vu le malaise de sa jeune sœur et s'inquiétait à son encontre. Il l'avait pourtant prévenu qu'à force de priser, elle finirait par tomber malade. Il s'excusa auprès de son aïeule à qui il fit un baisemain et posa brièvement ses lèvres sur la joue d'une Ursula rougissante, sachant que Magenta serait ravie de cette marque d'affection, elle, qui était la plus comblée par leurs futures épousailles.

Quand il entra dans le petit cabinet de toilette que ses grands-parents destinaient aux invités, il y trouva sa sœur en simple chemise et pantalon de lingerie. L'étoffe de coton garnie de dentelles et de rubans de la chemise laissait transparaître les nouvelles courbes que la grossesse donnait au corps d'Isla. Celle-ci, inconsciente de l'arrivée de son frère nettoyait de sa baguette la robe qu'elle avait ôtée. Phineas d'abord gêné de la voir si peu vêtue resta figé, puis réalisant ce que signifiait le petit renflement du ventre de sa sœur, il murmura distinctement d'une voix atone :

« Isssssla... »

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Le grenierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant