Échec et mat [TERMINÉ]

Chapitre 3 [revu]

« Quelle ironie, pourquoi promettre la lune, finalement, quand il était impossible de supporter la noirceur d'une soirée ? »

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— N'oublie pas, Melina, ce soir, tu seras Katherine Dovan, me répéta Sarah pour la énième fois en agitant la carte d'identité falsifiée devant mes yeux.

Un sourire amusé tordit mes lèvres avant que je ne réponde :

— C'est bien noté. Je serai Karine Dovan.

Quand son regard bleu s'écarquilla, et que ses sourcils se froncèrent en une moue perplexe, je secouai la tête et ajoutai :

— Je te taquine, Sarah, je ne vais pas oublier. Ce n'est pas la première fois que je fais ce genre de missions, tu le sais bien.

Ses épaules se détendirent et, enfin, un sourire fleurit sur son visage aux joues couvertes de taches de rousseur.

— Oui, je le sais, affirma-t-elle, mais tout de même ! Je préfère me répéter !

Sarah, une jolie rouquine qui approchait de la quarantaine, était une femme au passé trouble.
Un passé difficile, comme pour la majorité des membres du Tabu, finalement.
Sa sagesse réchauffait plus d'un cœur, quand ses paroles réconfortantes, s'opposant aux mots tranchants au sein de ce monde, redonnaient bien souvent de l'espoir aux individus l'entourant.

Malgré son histoire, son vécu, elle ne perdait pas de sa pureté.
Elle m'avait conté son passé il y avait maintenant quelques années, et je me rappelais avoir ressenti un énorme chagrin en l'entendant.
Une colère sourde.
Elle avait rejoint le Tabu lorsqu'elle était étudiante, car ses parents avaient peu de moyens.
Si, d'abord, cette vie lui convenait, elle avait fini par comprendre qu'elle avait commis une terrible erreur en renonçant à son désir de devenir un jour journaliste pour mettre un pied dans ce gang qui lui prenait tout son temps, mais aussi son énergie.
Comment ferait-elle, maintenant qu'une vie grandissait en elle, et que le danger guettait constamment ?
Son mari, las, l'avait quittée lorsqu'elle était au plus bas, enceinte et le cœur en miettes, errant dans les regrets et le doute.

Après ça, elle avait fait une fausse couche qui l'avait davantage anéantie.
Impossible pour elle, par la suite, de faire confiance à nouveau à un homme lui promettant la lune, quand elle savait qu'il risquait de lui tourner le dos lorsque la nuit apposerait ses ténèbres au-dessus d'eux.

Quelle ironie, pourquoi promettre la lune, finalement, quand il était impossible de supporter la noirceur d'une soirée ?

Elle avait ainsi vu son seul désir, qui était de fonder une famille, d'avoir des enfants, volé en éclats.
Alors, pour ne pas perdre la face, et peut-être l'esprit, elle s'était dévouée encore plus au Tabu.
Pour beaucoup, elle était comme une mère, et à ses yeux, les plus jeunes membres étaient comme ses enfants.