Échec et mat [TERMINÉ]

Chapitre 8

« Mais c'était ainsi, les personnes les plus tristes cachaient souvent leur peine derrière des sourires, des rires. »

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Défiant en silence mon propre reflet, je soutenais mon regard noir en tapotant ma mâchoire bleutée à l'aide d'un mouchoir, évitant soigneusement de m'attarder sur les autres hématomes couvrant ma peau. Des cernes creusaient mon visage pour me donner un air fiévreux, accentuant davantage ma mine blafarde.

Un soupir m'échappa, et je me détournai pour rejoindre le vestiaire. Des filles du Tabu entrèrent et, en m'apercevant, une lueur peinée traversa leur regard. L'une d'entre elle me salua d'un signe de tête, quand l'autre se détourna en me soufflant un bonjour, et elles se changèrent en poursuivant leur discussion.

— Salut, les filles ! lâcha une voix chaleureuse. Ah, Melina, je te cherchais, je savais que tu serais ici. Tu vas t'entraîner ?

Surprise, je tournai la tête vers Dalila qui s'approchait de moi en souriant aux deux autres femmes présentes, et son regard noisette passa rapidement mon visage en revue avant que ses lèvres ne se pincent.

— Non, je voulais seulement me rafraîchir un peu. Je ne pense pas m'entraîner aujourd'hui. À vrai dire, je pensais qu'on aurait besoin de moi pour une mission, mais ce n'est pas le cas. Je ne vais pas tarder à rentrer.

Elle fronça les sourcils avant de s'asseoir sur le banc se trouvant à quelques pas de moi, et elle me lança un coup d'œil, les membres crispés.
Et sans qu'elle ne prenne la parole, je compris à son visage assombri par le chagrin qu'elle compatissait.

Si j'étais dans un tel état, c'était parce que Filipp avait appris ma mésaventure datant de quelques jours le soir même. J'avais été contrainte de lui raconter que j'avais suivi cette adolescente, mais que j'avais été repéré, et cela n'était pas sans conséquences, car nos deux gangs, déjà en conflit, risquaient de voir d'autres querelles prendre forme maintenant qu'ils m'avaient vu auprès de leurs frontières.
Mais également parce que, de leur côté, ils avaient envoyé une prostituée dans nos quartiers, ce qui était une énorme provocation.