De flashs et d'angoisse.

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Il n'y avait pas un bruit. Ou du moins, il n'y avait pas le bruit auquel Stuart s'attendait. Il pensait entendre des gens parler voir, des mains qui claquent, des appels téléphoniques dans plusieurs langues, des réglages de caméras. Mais il n'y avait que des chuchotements, qu'ils soient dans la salle des journalistes, ou dans les coulisses. Ce n'était pas les médias qui lui fendaient le cœur à cet instant précis, non. Mais les rumeurs qui circulaient autour de lui. Comment les arrêter ?

Il n'avait pas vu Axel depuis la salle d'embarquement de Shanghai, il y a trois jours. Ce n'était pas pour autant qu'il pouvait empêcher son esprit de penser à lui. De penser à ce sourire timide, à ces larmes perlant sur ses joues comme une fraîche rosée d'été, à ses iris oscillant entre saphir et bleu nuit.

Alice arriva dans les coulisses, vêtue de sa robe la plus aguicheuse que jamais je n'avais vu. Secrètement, Stuart se demanda où elle les trouvait, et si les créateurs n'essaient pas de faire des économies de tissus en vérité. Mais avec son assurance, son sourire aux lèvres, ses mèches brunes qui dégringolaient en cascade dans son dos nu, absolument tout pouvait lui aller. À côté d'elle, il avait l'ultime impression de n'être qu'un ado en perfecto de motard et sourire un peu faux.

- Alors l'Irlandais va parler ? Tu es vraiment sûr de vouloir mettre fin au mythe "le garçon insensible qui se la joue dur-à-cuir", lui sorti Alice en roulant des yeux sur le perfecto Bordeaux de Stuart.

Stuart leva les yeux au ciel. Il n'avait pas à répondre à ça, l'indifférence était encore la meilleure des armes.

- Que vas-tu dire alors, renchérie-t-elle.

- Je ne sais pas encore.

Elle me prit violemment le coude et m'entraîna sur le côté, à l'abri des regards. Enfin, autant que l'on puisse l'être dans une émission de télé.

- Attends attends... Répète pour voir... Tu as fait convoquer une horde de journalistes, toutes chaînes confondues, et tu ne sais pas ce que tu vas leur dire ? Non mais je rêve !

- Surprise, lui répondit Stuart dans un sourire malicieux.

Le jeune garçon se dirigea vers l'estrade, suivant les t-shirts Staff qui circulaient un peu partout. Dans sa tête, c'était les "sans-visages", ceux qui restaient dans l'ombre, ceux que l'on éjectait à la moindre faute, au moindre mot en trop, ceux qui ne représentait rien. Et Stuart ne pouvait pas supporter ce type de maltraitance et d'injustice.

Juste avant de monter sur scène, Alice le retint une dernière fois par son blouson :

- Tu sais, si tu avais été moins immature...

- Je sais, oui, la coupa Stuart, le regard froid, indifférent, plongé dans le vague.

Et puis, tout arriva si vite. Des éclairs blancs, des cris, des bruits de toute sorte, de toute part. Tétanisé. Apeuré. Il avait toujours été comme ce chiot protégé, rencontrant aujourd'hui la dure réalité. Alors, avant de ne partir pour un monde qui ne serait pas le sien, dont il ne reviendrait peut-être pas, il glissa discrètement un cachet entre sa langue et son palet.

Parce que oui, en plus de détester les gens, Stuart avait toujours été agoraphobe.


Pour que les étoiles brillent toujours (BL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant