TRIEB

Chapitre 18

Lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, Angie fit le tour de la chambre pour s'assurer qu'elle était seule. Rien n'avait bougé. Elle se leva et regarda son réveil. Son cœur rata un battement. Il était passé 16 heure.

- Bordel. Murmura-t-elle en se précipitant vers la salle de bain.

Elle se fit une rapide toilette et s'habillait. Elle n'avait pas de temps à perdre. Prête à partir, elle se dirigea vers sa moto, après avoir fermer la maison à clé. Une fois à la hauteur de sa moto, elle s'arrêta net et rebroussa chemin. Elle avait oublie l'adresse de Maurice Dugrand sur sa table de nuit. Elle remonta dans sa chambre, prit le morceau de papier et stoppa net sur le pas de la porte. Elle retourna vers son lit et prit son arme à feu, qu'elle plaça dans son dos. Enfin prête à partir, elle retourna vers sa moto. Elle avait juste le temps de prendre un sandwich et un café avant d'aller chez monsieur Dugrand.

Thonon-les-Bains n'avait pratiquement pas changé depuis 6 ans. A pare ici et là de nouvelle construction, mais le centre-ville n'avait pas changé. Lorsqu'elle venait, elle aimait aller dans un des restaurants du port et comme l'ancien policier habitait dans un des quartiers résidentiels qui se trouvait à l'est de la ville, Angie était déjà sur place.

Elle commanda un café, un verre d'eau et un jambon beurre. Elle n'avait pas très faim depuis quelques temps, alors elle se nourrissait juste ce qu'il fallait.

- Vous désirez autre chose ? Lui demanda le serveur en lui amenant sa commande.

Perdue dans ses pensées, la jeune femme mit quelques secondes à réagir.

- Heu, non, merci. Répondit-elle enfin.

Le serveur partit et Angie repensa au coup de téléphone qu'elle avait passer 24 heures plus tôt à monsieur Dugrand. Elle avait une boule au ventre.

- Que vais-je apprendre de plus ? Se tortura-t-elle l'esprit.

Elle se frotta le visage et but son café. Un courant frais glissa à l'intérieur du restaurant et la jeune femme reprit ses esprits. Elle se força à manger son sandwich et reprit un café.

Peu avant 18 heures, la jeune femme paya sa note et partit en direction d'Anthy-Sur-Léman. Le village où vivait l'ancien policier. 20 minutes plus tard, elle sonnait fébrilement à sa porte.

- J'arrive. Cria une voix féminine.

La porte s'ouvrit faisant place à une dame d'un certain âge, mais encore toute pimpante. Grisonnante, les cheveux plutôt courts, un regard noisette et un visage aussi souriant qu'avenant.

- Oh. S'écria-t-elle soudain. Heu, que puis-je pour vous jeune femme ?

Sa voix cachait brusquement une pointe d'émotion et de tristesse. Angie la regarda en se demandant si elle était à la bonne adresse.

- Vous êtes madame Dugrand ? Demanda Angie.

- Grand dieu non. Rigola-t-elle Je suis Magalie Neuville. La compagne de Maurice. Vous devez être mademoiselle Delmare, la journaliste ?

- Oui c'est moi.

- Entrez seulement. L'invita-t-elle. Ne faite pas attention au désordre. Maurice est dans la véranda. Il est de mauvaise humeur, mais n'y faite pas attention, c'est un vieux grognon. Rigola-t-elle.

- Tu sais que je vis aussi dans cette maison et que je peux t'entendre. Lui répondit une voix, qui semblait effectivement un peu morose.

Angie entra dans la veranda et essaya de rester le plus simple possible. Maurice Dugrand était un grand homme, fin avec des faux airs de Jacques Brel. Les cheveux gris et de grand yeux bleus qui la scrutaient. La jeune femme comprit pourquoi il avait fait partie de la police et pourquoi il avait été lieutenant. D'ailleurs, il aurait pu faire partie de l'armée ou autres, car il respirait l'ordre et la discipline. Rien à voir avec la tornade avec laquelle il vivait. La jeune femme ne put s'empêcher de sourire. Ils étaient à la fois un contraire et un tout.

Magalie Neuville arriva soudain derrière la jeune femme et tira une chaise.

- Installez-vous. Vous prendrez bien un café et une tranche de tarte aux pommes ?

Et avant même qu'Angie puisse répondre, elle repartit comme elle était venue.

- Bonjour. Commença la jeune femme en s'adressant à Maurice Dugrand. Je suis contente que vous puissiez me recevoir.

- Je n'ai pas vraiment eu le choix, vu le nombre de messages que vous vous entêtiez à me laisser.

- Maurice Dugrand. Cria soudain Magalie depuis la cuisine. Je te préviens que si tu ne fais pas preuves de plus de courtoisies envers cette jeune femme, tu iras trouver ta mère tout seul.

L'ancien policier grommela quelques mots et s'excusa vaguement auprès de la jeune femme.

- Donc, vous êtes journaliste. Comment êtes-vous tombée sur cette vielle enquête? Et en quoi puis-je vous aider?

La menace de sa compagne avait fonctionné à merveille, Angie n'est revenait pas.

- Oui je suis journaliste d'investigation. Je travaille sur plusieurs enquêtes. Ma famille a une maison de vacances dans la région et je suis tombée sur de vieux journaux de mon grand-père. J'ai voulus en savoir plus et me voilà.

La jeune femme ne mentait pas vraiment. Elle était tombée sur un vieux journal, sa famille avait vraiment une maison ici, même si désormais, elle était la dernière héritière des « De-La-Tours » et elle voulait plus que tout découvrir qui était le tueur de Thonon.

Maurice se leva, prit un carton et le posa sur la table.

- Tout est là. Les dossiers, les interrogatoires, les listes de témoins, les autopsies. Tout.

Angie se leva à son tour et s'approcha du carton. L'ancien policier plongea soudain dans son regard.

- Et pour ce qui est de cette nouvelle série de meurtre, je n'ai pas eu beaucoup d'infos. En réalité, il n'y a pas plus d'infos qu'à l'époque. A ceci prêt que...

- Voila. Disait Magalie en arrivant avec trois cafés et trois parts de tartes. Oh désolée, je ne voulais pas vous interrompre. S'excusa-t-elle en débarrassant son plateau.

Angie se tourna vers Maurice qui reprit là où il en était resté.

- A ceci prêt qu'il y a quelques années, j'ai découvert une autre série de meurtre similaire.

La jeune femme sentit des milliers de papillon dans son ventre. Voila pourquoi il avait été contrarier. Ces jeunes femmes n'étaient de loin pas des cas isolés. Le tueur de Thonon était un véritable tueur en série.