La ruelle était jonchée de détritus, s'entassant autour des poubelles que plus personne ne vidait. Même les chats et les rats évitaient ce passage. Les seuls qui s'aventuraient encore ici étaient les prostituées et leurs clients. Cette ruelle était donc pauvre en culture mais riche en animation.
Le soleil n'éclairait jamais l'endroit, restant dans l'ombre des péchés. Pourtant, ce jour-là, de nouveaux visiteurs attirèrent les regards.
Deux jeunes hommes débarquèrent dans la ruelle. Ils étaient bien vêtus, marchaient en ligne droite - ce qui changeait des habituels ivrognes -, et semblaient chercher quelque chose de particulier.
Le garçon qui était en tête avait l'air d'être le plus à l'aise des deux. Il avançait avec assurance, les yeux gambadant entre les personnes présentes dans la ruelle. Sa démarche était clairement celle d'un chat qui traquait une proie. Il portait un chapeau haut de forme noir, assorti à son style victorien. Ses vêtements montraient de lui quelqu'un de soigneux et méthodique. Une bague en argent ornait tout son index droit. De fins cheveux noirs s'échappaient de son chapeau et couvraient presque ses yeux émeraudes.
Le deuxième garçon, un peu plus en retrait, suivait avec un mécontentement certain le premier. Son style vestimentaire était celui de tout américain normal, un jean et un sweat-shirt gris. Les mains dans les poches, cette sortie semblait lui déplaire. Sa peau mate, ses yeux marrons et ses cheveux bruns foncés lui prêtaient des origines latines.
Quelques curieux les regardaient passer, d'autres ne se rendaient même pas compte de leur présence, et quelques uns fuyaient brusquement.
- Pourquoi j'ai dû te suivre à quatre heures du mat', sérieux. Je serais bien mieux dans mon lit. En plus, il fait froid. Et j'ai faim. Et je ne suis pas aller aux toilettes, déblatéra le deuxième homme.
- Arrête donc de te plaindre, c'est une affaire urgente, répondit le premier.
- L'urgence m'incluait ?
Le premier jeune homme sourit en piochant dans la poche de son blazer une montre à gousset en argent. Il l'ouvrit et sa mine ravie contrasta avec celle de son camarade.
- Non, Simon, ça ne t'incluait pas. Je voulais juste t'embêter.
- J'en étais sûr, râla Simon.
Des bruits de pas métalliques résonnèrent dans la ruelle, couvrant tous les murmures des petits curieux.
Le premier homme poussa Simon derrière une poubelle.
- Regarde et apprend, dit-il.
- Super, ma joie de vivre dépasse actuellement la hauteur des pyramides, rouspéta Simon.
Des sons de cloches s'ajoutèrent en plus des pas métalliques. Une étrange assonance de tintements envahit la ruelle. Quelques personnes eurent peur et prirent leurs jambes à leur cou. Le premier homme restait au milieu de la ruelle, affichant une expression de confiance absolue.
En face de lui, un quadragénaire vêtu d'une armure de métal tenait deux épées dans ses mains. Il avait un casque médiéval auquel étaient accrochées deux petites clochettes, qui tintaient contre le métal.
Cette scène réveilla Simon complètement.
- C'est quoi ce machin ? On dirait une parodie de films policiers, a-t-il déclaré. On cherche des tueurs, pas des mecs séniles qui ont du temps à perdre.
- Ce mec sénile a assassiné cinq jeunes femmes en l'espace de deux semaines, Simon.
- Je rectifie. Un mec sénile psychopathe qui a du temps à perdre.
Le premier jeune homme sorti quelque chose de la poche de son pantalon, que Simon identifia comme étant une arbalète. Une flèche était déjà mise en place, et le jeune homme faisait tourner une deuxième flèche dans sa main.
- D'où t'as pu mettre cette arbalète sur toi ?! s'étonna Simon. D'où, à quatre heures du mat', le mec se dit je vais me balader avec une arbalète dans une ruelle à catins pour rencontrer un mec sénile psychopathe qui a du temps à perdre ? T'as vraiment un problème, Light, d'ordre mental !
Le fameux Light s'extasia devant son arme, tandis que le quadragénaire courrait difficilement vers lui, avec tout le poids sur ses épaules. Il chargea droit comme un rhinocéros. Light put l'éviter facilement avec une manœuvre souple sur le côté et tira sa première flèche dans la cuisse découverte de l'agresseur. Ce dernier en lâcha ses épées.
Light se racla la gorge et émit quelques sons chanté en guise d'entraînement vocal.
- Monsieur Deiger, vous êtes en état d'arrestation pour meurtre, déclara Light.
Simon imagina la douleur à la cuisse de ce monsieur, qui respirait avec dureté. Light aurait très bien pu le faire tomber et l'immobiliser au sol, comme on lui avait montré lors de son entraînement pour entrer à l'AMAC, l'Agence des Meurtres et Affaires Compliquées.
Cependant, Simon avait appris, depuis qu'il travaillait avec ce tout-permis, que Light aimait faire les choses à sa manière, ce qui incluait très souvent du sang, de la souffrance et des larmes.
Simon ne tolérait pas tout. Il avait fixé ses limites. Torturer quelqu'un n'était, et ne serait jamais, dans ses habitudes. Mais s'il reportait les différents incidents survenus, il pouvait dire adieu à sa carrière d'enquêteur chez l'AMAC. Il avait travaillé très dur pour entrer dans cette agence, qui ne prenait que les meilleurs des meilleurs, il ne voulait pas que ça s'arrête maintenant, alors qu'il y a quelques mois à peine on lui offrait ce travail.
Light l'avait bien noté, et il s'en servait énormément contre Simon pour qu'il garde le silence sur certaines activités.
Light attrapa la tête du quadragénaire et la tira en arrière. À l'aide du bout de son arbalète, il souleva le casque et le lança à l'autre bout de la ruelle. Puis, il remit son arbalète à l'arrière de son pantalon et prit la deuxième flèche comme un couteau. Il fit parcourir la pointe de la flèche sur le visage du monsieur.
Le visage dur, l'homme avait quand même du mal à cacher son angoisse, et Simon avait l'impression d'étouffer avec lui. Il se retourna quelques instants pour observer une canette vide de bière.
- Ne tourne pas les yeux devant l'ennemi, Simon.
- Ennemi, c'est un bien grand mot quand même, marmonna le jeune homme.
Light s'amusa quelques secondes à l'homme de pouvoir tenant l'arme, dont la vie d'un homme se trouvait entre ses mains. Il lui fit une coupure sur la joue.
- Light, j'aime pas voir du sang, et en plus j'ai froid, je peux rentrer ?
- Non, tu observes les manières de l'équipe 13, sourit Light. Une fois que ce monsieur ne sera plus qu'un vague homme sans conscience, je le donnerai à la police, il avouera et il ira en prison. C'est notre métier, envoyer les gens en taule.
- C'est pas protéger les faibles, plutôt ? Enfin, j'dis ça. C'est seulement ce qui est écrit en majuscule sur les 2 839 pages du guide de l'AMAC.
Light lui fit signe de se taire.
L'équipe 13 était la pire équipe que l'AMAC est jamais connue parmi les 1 054 équipes réparties aux États-Unis. C'était aussi, paradoxalement, la plus efficace. Les membres de l'équipe se trouvaient être de grands surdoués, seulement leurs techniques violentes, leur désobéissance constante et leur insolence grandissante faisaient d'eux les pires personnages recrutés par Hederald Damiens, le PDG de l'AMAC.
Simon l'avait intégré un peu hasardeusement. Néanmoins, il comptait bien prouver qu'il avait sa place dans l'agence, et aux côtés d'un des meilleurs détectives, Light, son camarade qui riait aux éclats en apercevant la goutte de sang glisser le long de la joue de sa victime.
_____________
Voilà le premier chapitre de Light ! J'espère qu'il vous plaît ! N'hésitez pas à voter, à me dire vos sentiments sur les personnages principaux, sur l'histoire en générale, etc. en commentaire.
Light et Simon reviendront d'ici peu ! Bonne lecture ! :3
VOUS LISEZ
Light [MxM] T1
Teen FictionSimon Cortez réalise enfin son rêve d'entrer dans l'AMAC, l'Agence des Meurtres et Affaires Compliquées. Un rêve vite écourté lorsqu'il intègre l'équipe du mystérieux et agaçant Light, qui n'a de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues. Le me...