Chapitre 2 Meurtre à Manhattan.

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Depuis ses vingt deux ans, Simon Cortez vivait d'entrer dans cette agence très renommée. Il pensait AMAC, il se douchait AMAC, il mangeait AMAC, il se brossait AMAC, bref c'était son rêve, celui qui le maintenait en vie. 

Et le voilà aujourd'hui, à vingt cinq ans, penché au dessus d'un corps pourrissant, dont l'odeur était si infecte que Simon maudit le jour où il croyait que les cadavres étaient tout joli dans leurs cercueils. 

Très tôt le matin, l'équipe 13 avait été chargé d'enquêter sur le meurtre de la comtesse de Villeroche, une vieille dame âgée de soixante-quatorze ans, possédant une richesse démesurément grande qu'elle n'utilisait pas. Le concierge l'avait trouvé égorgé sur le tapis du salon. Hederald Damiens avait insisté pour que l'équipe 13 soit sur le coup, et Simon en fut ravi car ce meurtre résolu serait une chance pour lui d'être promu - et de ne plus être sous les ordres de Light, accessoirement. 

Simon observait attentivement la victime, en veillant à ne pas la toucher, au risque de détruire des indices. 

La comtesse était allongée sur le sol, presque désarticulée. Les marques sur le verre de la table basse indiquaient qu'elle avait tenté de s'y accrocher. Sa gorge avait été coupé salement, par à coups, et l'arme du crime n'avait pas l'air présente. Le sang s'était incrusté dans le tapis beige du salon. Il ne semblait pas y avoir eu de lutte. 

La NYPD s'était déployée dans l'appartement à la recherche d'indices, ainsi qu'au bas de la ruelle. La vielle femme habitant au deuxième étage d'un appartement de Manhattan, un escalier de secours était aussi passé au peigne fin. 

Simon s'accroupit délicatement, et pointa sa lampe torche sur la blessure de la victime. 

Soudainement, une main lui tapota gentiment le postérieur. Surpris, Simon sursauta en miaulant et échappa sa lampe. En voulant la rattraper, il fut déséquilibré et manqua de tomber sur le cadavre. Heureusement, il s'accrocha à la table basse de toutes ses forces et soupira. C'est à ce moment qu'il vit le vase en verre au coin de la table vaciller. 

  - Non, non, non ! 

Le vase se brisa en mille morceaux lorsqu'il toucha le sol. 

L'appartement fut vite silencieux. La main de Simon était désespérément tendue vers l'objet brisé. La bouche ouverte, il réalisa qu'il venait de perdre toute chance de crédibilité. 

Simon se retourna vivement vers Light, qui était accroupit à son tour vers le macchabée, un énorme sourire sadique sur le visage. 

  - Toi ! Toi, mais alors ... TOI !

Light le regarda et son sourire s'élargit, puis il fit le signe V avec son index et son majeur. 

Simon bouillonnait de rage. Cependant, il tenta de se calmer et se releva. 

  - Je vais faire un tour, marmonna-t-il. 

Lorsqu'il passa devant les policiers, attirés par le bruit, il remarqua tous les regards portés sur lui, et ça le mit encore plus en rogne. Mais personne ne lui dit rien, même l'inspecteur sur le terrain, sans doute par respect ou par peur de l'AMAC. 

Son badge doré accroché à sa ceinture, Simon acquérait une certaine forme de crainte, qui ne lui déplaisait pas. 

Simon dévala les escaliers et se retrouva à l'air frais, loin du cadavre et du sang, loin de Light. 

C'était sans compter sur la dernière membre de l'équipe 13, Catherine Douglass, qu'il pouvait entendre à plusieurs mètres. 

Le secteur avait été sécurisé, les bandes jaunes entouraient l'immeuble et des voitures de police stationnaient devant. Plusieurs policiers repoussaient les petits curieux, qui s'entassaient devant les bandes, ainsi que les journalistes à la recherche d'un scoop. 

Au milieu de tout ça, une jeune femme atypique hurlait contre un des policiers, qui n'avait pas l'air de vouloir faire la paix non plus. Cet échange attira nombre de regards, dont celui de Simon qui s'approcha. 

Catherine avait attaché ses cheveux tayenday blanc et bleu pastel en queue de cheval. Bien que peu musclée, ses grands gestes effrayaient certains. Une cicatrice partant de son œil droit et descendant jusqu'au bas de son cou avait figé la moitié de son visage. 

L'équipe 13 n'était composé que de trois personnes, et Simon avait compris pourquoi. Catherine et Light était invivable. Cette raison accabla le jeune homme. S'il ne faisait pas quelque chose pour les calmer et les faire obéir, il perdrait son job, promesse d'Hederald Damiens. 

  - Vous me méprisez parce que je suis une femme, n'est-ce-pas ? s'énerva Catherine. 

  - Vous racontez n'importe quoi, je ne vous méprise pas ! 

  - Vous appelez ça comment, alors ? 

Simon s'avança davantage et voulut intervenir. Catherine le remarqua et lui barra la route. 

  - Dégage, le moucheron, on t'a pas sonné. 

  - Waouh, avec les conneries que tu sors tu pourrais être dans le Guinness des records, râla Simon en s'écartant. 

Catherine retourna à ses occupations sans lui prêter un nouveau regard. Ça allait très bien à Simon, puisque la jeune femme le mettait toujours mal à l'aise. Au bureau, un cabanon qui servait de repère à l'équipe, Catherine lui lançait toujours des regards mauvais. À part ça, elle n'avait pas l'air de posséder d'autres émotions envers lui, et ça le troublait. Pas assez pour qu'il se remette en question, cela dit. 

Simon entreprit de faire le tour de l'avenue, au cas où le tueur serait reparti un peu trop vite et aurait échappé l'arme, ou même -miraculeusement- sa carte d'identité. 

À chaque fois qu'il voyait un élément susceptible d'être relié à son enquête, il l'inspectait soigneusement, ce qui lui valait des regards étonnés de la part des passants, surtout lorsqu'il examina un chewing-gum. Jugeant que le meurtre avait eu la nuit, qu'il était huit heures du matin, ce chewing-gum déjà sec ne lui avait rien apporté. 

Simon s'arrêta à nouveau pour ramasser un portable. Il commença à l'allumer lorsque des mains l'entourèrent. Un corps s'était collé à lui par derrière. Une voix suave lui souffla dans l'oreille, ce qui fit frissonner Simon. 

  - Qu'as-tu trouvé, petit ange ? murmura Light. 

Se sentant rougir, Simon s'écarta avec force et mit le téléphone sous le nez de Light, qui loucha quelques secondes avant d'attraper l'appareil. 

  - Ne fais plus jamais ça ! ordonna Simon. Je suis pas un jouet ! Surtout pas celui qui t'amuse deux minutes, que tu jettes ensuite dans la cave, et qui se retrouve entouré de pots de confiture et d'araignées ! Même les grands-mères ne font plus attention à lui. 

  - Belle métaphore. Pense à raccourcir la prochaine fois, j'ai eu du mal à suivre, rit Light. 

  - Ha-ha-ha, mort de rire, marmonna Simon en croisant les bras. 

Un bruit métallique fit sursauter Simon. Light rangea le téléphone dans la poche de son blazer, puis poussa Simon sur le côté avant d'inspecter les alentours. Simon se sentait observé. Il leva les yeux vers les immeubles et remarqua instantanément l'individu en haut des escaliers de secours, qui venait de faire tomber une canette de soda sur les marches métalliques. 

L'inconnu portait une veste à capuche qui empêchait une vue claire de sa personne. Il était entièrement habillé en noir et, lorsqu'il vit que Simon l'avait capté, il recula et s'enfuit de leur champ de vision. 

  - Super, faut appeler l'hélico, comment ça se passe ? 

Light passa devant lui à la vitesse de la lumière et grimpa l'escalier de secours avec aisance. Puis, à son tour, il disparut dans les hauteurs. 

  - Ou alors, on se fait une course-poursuite à l'américaine sur les toits, dit Simon. Moi, je le fais pas. Il a cru que j'étais un chat ou quoi ?!

Simon s'apprêtait à remonter l'avenue pour prévenir la NYPD et, éventuellement, Catherine, mais des coups de feu le figèrent immédiatement. 

Light [MxM] T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant