Chapitre 12 Un homme, un enfer.

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Noir. 

Tout était noir, gris ou blanc. Les visages étaient baissés. Les corps étaient las. Certains avaient des mouchoirs. D'autres des parapluies. Certains secouaient la tête. D'autres pleuraient. Noir. Tout était noir. Même le ciel. 

On enterrait le souvenir d'une femme. Julie O'Malley. 

Son cœur descendait dans les tréfonds des enfers, rejoignant les Champs Élysées. Une ombre de plus qui disparaissait du tableau. Un grain de poussière, quand on y songe, qui rendait tant de gens désespérés, haineux, criant à l'injustice. Comment cela avait-il pu se produire ?

Simon, en retrait, le savait. C'était de sa faute. Ses recherches avaient causé sa mort. Il était responsable de la perte d'une étoile du monde. Cependant, cela avait aussi agrippé sa rancœur, et plus rien ne pourrait l'empêcher de poursuivre son investigation. Il trouverait le coupable, et il paierait. 

Le jeune homme pensait qu'il n'avait aucun droit à siéger aux côtés de Julie une dernière fois. Debout, près d'un chêne, il fixait le cercueil s'évaporant dans le sol. 

Des larmes discrètes s'écoulaient sur ses joues. 

Simon s'empressa de les chasser, ne voulant pas s'autoriser à pleurer. 

Au fur et à mesure, les amis partaient. Emmitouflés dans leur manteau noir, avançant lentement vers un nouvel avenir, ils s'éloignaient. Puis, ce fut au tour de la famille qui, déversant sa haine sur le monde, était emplie de regrets qui la suivraient jusqu'à son extinction. 

Simon n'avait pas bougé. Il en était incapable. 

Figé telle une statue, il n'arrivait pas à détacher son regard de ce bout de terre retournée. Comment pouvait-on effacer si vite une vie ?

La sonnerie de son téléphone brisa toutes ses pensées. 

Simon renifla et se frotta le nez avant de répondre. 

  – Mamá

À l'autre bout du fil, la voix se fit hésitante. Simon n'eut aucun mal à deviner que sa mère avait pleuré. 

  – Je perds les mots, lo siento, Simón ... 

[trad: pardon, Simon]

Simon souffla, la boule au ventre. Il tremblait. Il ne savait pas si c'était à cause du froid mordant ou de sa propre conscience. 

  – Qui est Theo Villeroche ? demanda-t-il sévèrement. 

  – Je ne peux pas ... 

  – Mamá ! Julie est morte à cause de cette putain d'histoire ! Je dois savoir ! 

  – ¡ No puedo ! s'écria sa mère. 

[trad: Je ne peux pas !]

Simon écrasa son poing contre le chêne. 

  – ¡ Dime ! 

  – ¡ Me cago en Dios, no, no ! 

[trad: Dis le moi ! - Nom de Dieu de merde, non, non !]

Puis, elle raccrocha. 

À bout de nerfs, Simon jeta son téléphone contre une pierre tombale. L'appareil éclata en plusieurs morceaux. Simon avait l'impression d'être de la dynamite. À la moindre flamme, il risquait d'exploser. 

Ravalant sa rage, le latino retourna à sa voiture et démarra en trombe.

Dans les embouteillages de New York, il se préparait à la future scène qu'il allait vivre. Il devait absolument parler à Gunter Villeroche. C'était la seule personne qui pourrait lui fournir les informations que Simon souhaitait. De gré, ou de force. 

Light [MxM] T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant