Partie 38 : « Le temps qui court »

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Les jours passent, les semaines défilent, les mois s'enchaînent, mais moi j'suis toujours au même point, rien n'a changé. Un cœur aussi vide que mon verre de sky, les yeux aussi rouges que le sang de mes frères ...

Aujourd'hui, un autre soldat est tombé, aujourd'hui la ville est de nouveau en deuil. J'ai dis un soldat ? Un petit soldat en réalité. Le petit Kader, 9 ans, s'est fait abattre par un homme d'une trentaine d'année. J'me demande encore comment le destin est parvenu à faire rencontrer ces deux personnes, elles n'avaient rien à voir l'une avec l'autre. Comment un enfant de 9 ans, jouant tous les après-midi au foot s'est-il retrouvé face à un homme de trente ans, délinquant et vendeur de shit ? C'est la question que tout le monde se pose. Deux personnes complètement différentes se sont retrouvées au même endroit, au même moment ...

Ce petit bonhomme, je ne le connaissais pas beaucoup, je le voyais courir derrière le ballon avec Rédouane. Mon petit frère ... J'peux pas m'empêcher de penser que ça aurait pu être lui. Et si c'était mon frère qui avait reçu cette balle ? Ils disent que c'était une balle perdue ... Comment tu veux croire à cette histoire ? Elle s'est perdue beaucoup trop loin à mon goût ... J'peux pas me mettre en tête que ce petit bébé à reçu une balle "par erreur", c'est pas possible !

Je renverse le reste de mon verre sur la table et j'quitte le bar, j'prend ma voiture et rentre à la cité. Elle n'a jamais été aussi calme, un calme pesant sur mes épaules. Je n'ai pourtant rien à voir avec ce drame, mais je me sens presque responsable, ce n'était pourtant pas moi qui tenait l'arme, mais je me sens quand même coupable.

La seule satisfaction que j'peux avoir, c'est que l'homme à été attrapé le lendemain, grâce à une caméra de surveillance. J'me dis merci Dieu pour cette justice. Tout le mal que tu fais te reviendra et j'espère qu'il pourrira en prison.

« Les soldats tombent mais aucun ne se relèvent »

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Le temps passe, vite, très vite ... Maintenant cinq moi que je n'ai pas parlé ni même revu Haniya. Warda me fais la gueule parce que mademoiselle refuse de venir chez oim', elle m'esquive comme un monstre, ça pique. La dernière j'étais chez Nassim, d'après Ahlem elle y était mais elle a fait tout un stratagème pour m'esquiver et sortir de l'appart' sans me croiser. Les meufs ...

Comme je l'ai dis, le temps passe, ça fait cinq mois que je n'ai pas vu Haniya et pourtant j'me retrouve encore sur un banc entrain de parler d'elle comme un PD. Faut-il que j'ai le cœur rempli de liquide pour qu'il parle ?

Sanaa: T'en a pas marre de toujours lutter contre ce que tu ressent ?

Jasim: ...

Sanaa: Franchement ? T'as pas envie de vivre comme t'en a envie ? T'as pas envie de rire ? De te sentir heureux ?

Jasim: J'rigole wesh !

Sanaa: Arrête, tu vas pas me mytho à moi

Jasim: Vous êtes des grands malades

Sanaa: C'est peut-être toi le malade

Jasim: ...

Sanaa: J'te conseil de te réveiller et vite parce que le jour où Haniya t'oubliera et fera sa vie avec un autre mec, tu t'en mordra les doigts et ça sera trop tard, y'aura plus de retour en arrière possible.

Jasim: N'imp' ! Qu'elle fasse sa vie c'est très bien

Sanaa: Tu te mens à toi-même Jasim ... Il est temps de grandir

Jasim: Wohwoh, j'suis un rajel [homme]

Sanaa: T'es encore un petit garçon qui a peur de ses sentiments

«A leurs yeux tu n'es qu'une caille»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant