Chapitre 8

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Parfois on apprend des choses aux gens, mais ils les oublie, comme ils vous oublient vous. Mais jamais, jamais, vous ne l'oublierez, vous, parce que seul votre esprit se retient de vous faire des remarques.

Seul l'esprit se rappellera de ce jour. Et j'espère que ce ne sera pas le miens.

- Malefoy... grinçai-je. Quel plaisir de te voir...

Je me tourne vers lui, et lui adresse mon sourire le plus faux.

Il s'élance vers moi, et je ne fais rien pour l'esquiver, pour faire comme s'il n'était rien pour moi. Ce qu'il est d'ailleurs. Je sens le regard gêné de Viktor pesé sur moi, lorsque la peau du blondinet prend contact avec la mienne.

- Oh ! Je dérangeais peut-être ? Un conseil - il se se penche à l'oreille de Viktor - j'ai déjà vu Hermione s'entraîner à embrasser sur son crapaud, se permet de commenter Malefoy.

Je croise les bras, ce n'est pas acceptable. Malefoy n'a pas à s'immiscer dans ma vie comme ça.

Malefoy m'adresse un grand sourire innocent et lance d'une voix fluette :

- Mes plus beaux vœux !

C'est alors que je remarque que Viktor nous regarde avec des yeux ronds :

- Vous... sortir ensemble ?

J'écarquille les yeux horrifiés. Nous deux ? Sortir ensemble ? Malefoy et moi ?

- Certainement pas ! m'écriai-je, plus que dégoûtée, quoique un peu flattée de pouvoir être vu comme une fille inaccessible.

De toute façon, n'est-ce pas ce que je suis ? Une fille destinée à satisfaire les regards et les pensées, mais pas les besoins ? L'idée d'être une allumeuse ne me déplaît plus tellement en fait.

- Cette Sang-de-Bourbe ? s'écrie Malefoy, au bord du vomissement, avant de cracher par terre.

Cette soudaine prise de conscience me tire de mes pensées peut-être un peu exagérées, et brise quelque chose en moi. Sûrement mon espoir d'être celle sur laquelle tout le monde fantasme.

- Mr Malefoy ! hurle la bibliothécaire à vous en briser les tympans.

La bibliothècaire arrive en courant et nous attrape chacun par notre écharpe, au risque ne nous étrangler et nous jette dehors.

- Et ce n'est même pas la peine d'essayer de revenir !

Pour quelqu'un qui n'aime que l'on crie, elle crie fort, quand même... Je retiens mes larmes. C'est le pire jour de ma vie. Humiliée et rejetée de l'endroit que je préfère au monde.

Je sens le regard de Malefoy sur moi, et une soudaine envie de le baffer me prend. Après tout n'est-ce pas de sa faute tout ça ? Mais l'idée que ce vaurien me fasse expulser par l'intermédiaire de son père me force à me tenir à distance de lui.

Je tourne les talons, la tête haute, sans un regard en arrière. Les tableaux me regardent avec cette affreuse pitié qu'on réserve au bon-à-rien comme Malefoy, ce qui me fend un peu plus le cœur et donne un coup à mon ego.

Une voix féminine m'interpelle. Elle provient d'un tableau au-dessus de moi, d'une dame richement vêtue qui, en voyant que je la regarde, se tait, et je ne comprends pas tout de suite ce qu'il se passe. Les tableaux ne sont-ils pas censés avoir du respect pour chacun des résidents ? Une autre pensée affreuse me traverse l'esprit : sont-ils aussi méchants avec les elfes de maison ? Je note intérieurement de faire des recherches sur cela à la bibliothèque, sachant que, à cause de Malefoy, je ne pouvais même plus l'approcher.

- Hermione !

Cette voix douce et sensuelle me sort de mes pensées.

- Oui ? je croasse.

Oh ! Quelle horreur ! Viens-je vraiment de croasser au nez de Viktor ? Le beau, le parfait Viktor Krum, le célèbre joueur de Quidditch... Bien meilleur que Malefoy d'ailleurs... Pourquoi est-ce que je pense à Malefoy, moi ? Je me dégoûte moi-même... Je ne vais tout de même pas m'abaisser à ça ? Je ne dois plus jamais penser à Malefoy, surtout quand des gens aussi intelligents, aussi forts, aussi beaux, que Krum, veulent me parler.

- Oui ? je répète, mais ce n'est pas tellement mieux, et je préfère lui envoyer mon plus beau sourire.

Puis je reprends mon sérieux, qu'est-ce qu'il me prend de sourire bêtement comme ça, je ne suis tout de même pas américaine ! De plus, Viktor est quelqu'un d'intelligent et de cultiver, il n'a pas besoin que je lui souris comme une actrice de cinéma. Mon cœur se regonfle un petit peu à l'idée de ressembler une star de cinéma.

- Hermione, ça-va ?

Je me rends alors compte que cela fait un moment qu'il est planté devant moi, à me poser cette même question.

- Euh... oui ! Oui, bien sûr, pourquoi cela n'irait-il pas ? Pourquoi, toi, ça ne va pas ? Moi, ça-va, tu sais, alors si toi ça-va pas, je peux t'aider... Je peux t'emmener à l'infirmerie ? Enfin, si tu veux, parce que je peux aussi te prodiguer des soins, je connais quelques sorts que j'ai appris l'année dernière en soins aux créatures magiques ? je débite sans pouvoir m'arrêter.

Viktor pose son doigt sur mes lèvres, et je rigole gênée. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il veut que je soigne son doigt ? Il veut savoir combien de temps je peux retenir ma respiration ? Qu'il est bête finalement... je suis déçue... ne sait-il pas qu'on peut respirer par le nez ? La pitié me prend pour lui. Peut-être n'a-t-il jamais eu de parents pour le lui expliquer... Je ne crois pas que ce soit expliquer dans les livres... Il faudra que je vérifie...

Soudain un horrible rire retentit. Je ferme les yeux, et le rire devient de plus en plus fort. Malefoy apparaît alors derrière Viktor, et je me force à garder les yeux fixé dans ceux de ce dernier. Tandis que Malefoy débite son discours, je serre les dents, et porte ma main au visage pour me pincer l'arrête du nez. Je n'en peux plus de lui...

- Granger et Krum ! J'en étais sûr ! On dirait que la bave de crapaud t'attire dis donc ! Soit, mais fais attention, en l'embrassant.

Il lui adresse un clin d'œil, de façon à ce que je puisse le voir moi aussi - malgré mes efforts pour ne pas lui écraser la tête contre le mur - suivit d'un sourire mauvais. En voyant qu'aucun de nous deux ne réagit, il reprend, avec une surprise forcée :

- Oh ? J'ai gâché quelque chose ? Ne vous inquiéter pas je me ferais discret, vous pouvez continuer.

Viktor qui ne devait pas comprendre la moitié de ce qu'il se disait, se pencha vers moi, comme si la présence de Malefoy ne le dérangeait pas le moins du monde. Je fermais les yeux, me concentrant pour faire le meilleur baiser qu'il n'eut jamais eu.

Je sentis son souffle sur mon lèvres.

Malefoy émit un bruit qui ressemblait vaguement à un vomissement.

Non. Je n'allais pas le laisser gâcher ce moment.

Le vomissement de Malefoy se fit de plus en plus fort.

Non, je ne céderais pas. Je ne me laisserais pas avoir, pas maintenant.

Son imitation se transforma en rire.

Non, je ne me ferais pas avoir. Pas maintenant. Alors que je suis tout prêt du but. Alors que j'y suis presque...

Malefoy rota. Suivit d'un pet.

Viktor s'arrêta juste avant notre baiser.

Non, il est hors de question...

Je me penche et avale pratiquement les lèvres de Viktor. Elles sont douces. Comme sa voix. Mais froides, comme son pays. Mon baiser se fait plus tendre, et je n'entends plus Malefoy.

Ce serait plus simple si je ne te détestais pas /Dramione/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant