Chapitre 28

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Etre ignorée n'est pas dans mes habitudes. Les professeurs me connaissent, les élèves aussi, un peu pour les mêmes raisons. Harry et Ron sont mes meilleurs amis. Je n'ai pas le contact facile et j'ai des difficultés pour me faire des amitiés, c'est pourquoi je n'ai vraiment d'affinité avec les filles qui partagent mon dortoir depuis quatre ans. Mais pourtant, je croyais avoir quelque chose avec Malefoy. Quelque chose qu'il arrive à ignorer maintenant. Était-ce de la haine ou un plaisir malsain à se chercher ? Se serait-il lasser de notre accord tacite ? Notre jeu est-il obsolète à ses yeux ? Et bien, pour moi aussi. Il est allé trop loin de toute façon.

Suis-je encore en train de le fixer ? Non, ce n'est que la fatigue. Le mardi est la pire des journées, et voilà que Rogue décide de nous mettre une retenue. Ensemble, seuls, pendant une heure. Je n'ai cessé d'y penser toute la journée. Lui n'a cessé que de fixer droit devant lui comme si je n'existais pas. Et bien, la retenue commence dans trois minutes, et il n'est toujours pas là.

Précisément quand la cloche sonne ses six coups, les pas de Rogue claque sur le sol en pierre des cachots. Il traîne derrière lui un Malefoy au visage impassible.

La langue du professeur de potion claque dans sa bouche.

- Bien, siffle-t-il à la manière d'un serpent, même en avance pour les retenues Miss-Je-Sais-Tout. Très bien, vous devez retrouver quelque chose de très important que j'ai perdu. Vous reviendrez quand vous l'aurez trouvé. S'il faut, vous resterez jusqu'à la reprise des cours demain matin.

Mon ventre se retourne plusieurs fois. Il n'est pas sérieux ?

- Euh... professeur ? osé-je d'une petite voix. Que faut-il trouver exactement ?

- Vous le saurez bien assez tôt, grince-t-il. Passez-moi votre baguette.

Je m'exécute à regret. Je me disais bien que cela devait arriver. Les travaux manuels ne sont-ils pas les meilleurs ? Ah ! Mais je suis une intellectuelle, moi ! Sur ce, il empoigne mon bras de la même manière qu'il empoigne celui de mon ennemi, et nous enferme dans sa salle de cours. Comment veut-il qu'on le regagne par la suite s'il nous emmure ainsi ? Oh non... Il veut qu'on trouve la clé. Mais ça n'est pas le pire. Le pire n'est pas non plus l'odeur nauséabonde qui fait suffoquer mon compagnon de malheur à côté de moi. Non, le pire c'est ce dont elle provient. Nous sommes empêtrés, si ce n'est, collés au sol, par une espèce de colle gluante. Je reconnais la texture que crache le Mimbulus Mimbletonia, mais je ne me souviens plus du nom...

- De l'Empestine, grogne Malefoy comme pour répondre à mes pensées.

- Exactement, je fais abasourdie.

- Ne sois pas si surprise, je sais des choses moi aussi.

Il se met à jurer, mais j'ai plus l'impression qu'il parle pour lui-même que pour moi. Génial.

Instinctivement, je cherche ma baguette dans ma poche, mais, évidemment, elle n'est plus là. Cette plante n'est pas au programme, je ne sais pas ce qu'il faut faire pour faire disparaître tout cet écoeurant liquide vert.

- Et bien, je fais d'une voix sarcastique, sais-tu comment on s'en débarrasse ?

Il grogne quelque chose que je ne comprends pas et je le pries de répéter. Il grince les dents, mais ne peux s'empêcher de rougir, en disant :

- C'est Zabini qui l'a mis là. Ce crétin n'a pas cherché à m'informer comment ça se nettoyait.

Vraiment ? Zabini ?

- Ah, parce que la plante est encore là ?

Il refuse catégoriquement de me regarder.

- J'en sais rien.

- Et... tu comptes rester là à rien faire combien de temps ?

- Pas longtemps, mes potes devraient pas tarder à venir me chercher.

Et il compte me laisser chercher toute seule ? Pourtant, je sais que ce n'est pas pour ça que je suis déçue.

- Ah.

J'espère que ma voix ne trahit rien, mais mes paroles le font à ma place.

- Ça te dérange pas que je te laisse toute seule ? demande-t-il sceptique.

Cette fois, il s'est tourné vers moi, et me transperce de ses deux yeux d'acier. Tout de suite, je me sens mieux.

Mais je n'ai pas le temps de répondre, une explosion vient de se faire entendre. Les fidèles serviteurs du prince sont venus le chercher. En effet, l'épaisse tête de Crabbe apparaît dans l'embrasure de la porte. Un sourire carnassier s'installe sur ses lèvres en nous voyant. Stupides et impuissants.

- Ça va sale Sang-de-bourbe ?

Je me sens bouillonnée de l'intérieur, mais comme je l'ai dis précédemment, je ne peux rien faire. Celui-ci ouvre entièrement la porte et laisse voir Zabini qui était venu voir son oeuvre à l'ouvrage. Il daube comme un idiot. Crabbe tend une main à Malefoy qui l'attrape, et ouvre complètement la porte, ce qui assomme Zabini qui se tenait derrière. Je réprime un gloussement. Bien fait pour lui. Je soupçonne Malefoy d'y prendre du plaisir, alors qu'il maugrée une excuse.

Bientôt, je suis seule, la porte grande ouverte devant moi, mais incapable de l'atteindre. Encore plus génial.

Je balai la pièce du regard, puis j'entends un déclic. Je me retourne, la porte s'est de nouveau verrouillée. Alors Malefoy aurait vraiment trouvé la clé ? Donc, je n'ai vraiment aucune chance de sortir d'ici avant demain matin ? Merlin, dîtes-moi ce que j'ai fait de mal.

Je ne sais combien de temps je prends à me relever, mais cela m'épuise. La cloche n'a pas encore sonnée ces sept coups, cela me paraît tout de même une éternité. Je réussi à dégager mes deux pieds dans une zone non touchée. Maintenant, que faire...? Bien sûr, il n'y a pas de fenêtre, je suis dans les cachots, alors... comment sortir ? Il y aurait-il une seconde clé cachée quelque part ? Je suis épuisée, et une violente migraine ce qui ne m'aide pas pour réfléchir correctement.

Je m'appuie contre le mur, en essayant de ne pas tomber, chose qui pourrait m'être fatale. Malgré tous mes efforts, je glisse le long du mur. Je suis tout près de la porte, et c'est là que je la remarque. La clé qui m'a enfermée, a été négligemment - ou pas ? - jetée par terre. Je peux peut-être essayée de l'attraper ? Je tente avec mes doigts, mais ils ne sont pas assez longs. Que pourrais-je utiliser ? Cette pièce regorge d'objets insolites, je devrais bien trouver mon bonheur. Le tout est de l'atteindre en évitant la mélasse qui a maintenant pris une couleur jaunâtre, au sol. A force d'acharnements, je finis par attraper une longue perche sur le bureau de Rogue, puis à regagner la porte. Je glisse l'objet sous la porte, avec toute la résistance du monde pour ne pas m'effondrer, et récupère la clé. Enfin. Je me penche en avant, dans un dernier effort, et insère la clé dans la serrure. Je tourne, et pousse la porte. Je suis libre.

Si vous avez une bonne mémoire (ou si vous relisez souvent Harry Potter, comme moi), vous sauriez que la Mimbulus Mimbletonia est présente dans le tome 5. Elle crache même son jus dégueulasse sur Harry dans le train pour aller à Poudlard. Alors qui se rappelait ? - Sarah

Ce serait plus simple si je ne te détestais pas /Dramione/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant