Chapitre 29

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 Peut-être est-ce seulement la consternation qui nous fait rester incapable devant la possibilité. Certains appelleraient cela de la flemmardise, ou d'autre de la peur. Peut-être que mes pas n'étaient pas fait pour me porter, jusqu'au ciel. Est-ce que ce problème qui nous est proposé à notre mort ? Si on est capable d'aller plus loin, de sentir nos pas s'effacer au fur et à mesure de notre longue marche vers l'au-delà ; ou si on reste, parmi les vivants, nos pas n'étant plus qu'une trace de magie qui fascine tout et un chacun ? La mort est-elle enfin la lumière, le chemin que l'on cherche à suivre tout au long de notre vie, ou simplement la ligne dans le sable noir tracée par tous ceux qui nous ont précédés ?

 J'ai finis par sortir de cette horrible sale puante, pour des raisons assez évidentes.

 - Hermione !

 Je me retourne pour voir deux rouquins identiques me faire une accolade.

 - Alors ? Première colle ? Qu'est-ce que ça fait ?

 Fred et Georges sont les as de la pitrerie, mais surtout pas des élèves exemplaires. Me faire féliciter par eux ne me fait éprouver aucune fierté, et je tente de les éviter, en prétextant une faim atroce. Une montagne de devoirs ne fonctionneraient pas avec eux.

 - Il n'est même pas dix-neuf heures ! me taquinent Georges.

 Mince ! C'est mon estomac qui est en avance...

 - Aller, miomione... On t'en veut pas, même si on sait que t'essaye de te défiler... On aimerait juste savoir... qu'as-tu fais ? On a demandé à Roninounet, mais il était aussi ignorant que nous !

 - J'ai énervé Rogue en voulant lui montrer que je savais mieux faire le cours que lui.

 Cette réponse est particulièrement plausible connaissant ma tendance à toujours vouloir tout démontrer.

 - Tss... Tu ne nous feras pas avaler ça, pas à nous, les rois de la couardise...

 Je suis amusée par leur manière de parler à tour de rôle. Je lève les yeux au ciel, même si c'est particulièrement vrai. Mis à part Peeves, je ne connais pas de pires perturbateurs.

 - Si tu le dis, en attendant, le bureau de Rogue est immonde, je commente, espérant changer de sujet.

 Heureusement, les jumeaux tombent dans le piège, et ne se font pas prier pour aller voir. Je m'empresse de décamper.

 Une fois dans la Grande Salle, je sourie : les plats sont déjà servis. Même si les gourmands sont rares, je m'installe et me sers une portion de soupe. Je jette un regard à la table des professeurs. Le professeur Dumbledore est déjà attablé, même s'il ne touche pas aux mets. Il semble perdu dans ses pensées, jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle. Je manque de tomber à la renverse. Malefoy. Malefoy est en train de parler à Dumbledore. Il se tient debout devant la table des instructeurs, la tête relevé vers son interlocuteur. Je ne peux pas m'empêcher, cela me démange, je me lève. J'oublie ma faim, j'ai besoin de savoir ce qu'ils se disent. Trop tard, il repart déjà. Je me rassois contrariée. Je prends conscience que je n'aurais pas pu foncer droit sur lui, pour écouter leur conversation. Lorsque je retourne le regard vers Dumbledore, je m'aperçois qu'il ne regarde plus au loin, mais bien précisément moi. Embarrassée, je me remets à manger, sans détacher la soupe des yeux. Mon ennemi était-il en train de parler de moi ? Et qu'a-t-il dit ?

 Je dirige mon champ de vision vers la table des Serpentards, mais Malefoy n'y est pas. Je les vois ensuite, partir, précipitamment, en troupeau, mais Malefoy est introuvable.

 - Hermione !

 Ginny m'entoure de ses bras, et je lui rends son étreinte.

 - Ça fait tellement longtemps ! Il faudrait qu'on se voit pour la sortie à Préaulard !

 Un peu surprise par cette élan de gentillesse, je bafouille :

 - Euh... Oui, bien sûr, on verra...

 - Super !

 Elle me fait un clin d'œil, puis repars en sautillant rejoindre ses amis. Étrange. Vraiment étrange. Usuellement, je ne parle presque pas à Ginny, c'est peut-être parce que je suis venue chez elle pendant les grandes vacances. Cela ne me dérange pas naturellementde traîner avec elle, sauf si ces amis sont aussi de la partie.

 Je finis ma soupe en silence, puis sors prendre les escaliers jusqu'à la Grosse Dame. Dans la Salle Commune de Gryffondor, Ron et Harry sont affalés sur les fauteuils au coin du feu, nos places préférées. Je m'installe sur un troisième fauteuil. Ron est penché sur un exercice d'astronomie et ne me remarque pas tout de suite. Harry fixe son œuf de dragon avec intensité, comme si l'énigme y était écrit quelque part. Je me relève chercher le livre que j'ai emprunté à la bibliothèque avant le Tournoi : Avantages et Inconvénients. Le chapitre que j'entame traite ceux d'avoir une chauve-souris chez soit. Si vous vous demandez pourquoi je lis ça - comme Harry et Ron -, je lis ça pour me divertir. C'est évident, non ?

 A la fin de mon chapitre, Ron me tend son devoir d'astronomie bourré de fautes d'orthographe que je survole, pour en corriger les plus grosses erreurs. Il ne s'imagine quand même pas que je vais faire son travail à sa place. Harry, pour sa part, s'est assoupi sur son œuf et notre meilleur ami l'a réveillé à coup de coussins. Complètement accablé, Harry a copié entièrement ce qu'avait fait Ron sur sa copie d'astronomie. Ce dernier ne s'en est même pas rendu compte.

 Je soupire en lui rendant son écrit. Avec un peu de chance, il aura la moyenne.

 Je m'étire. La bibliothèque va bientôt fermée à cette heure-ci, mais le chapitre sur les chauve-souris était le dernier, j'ai peut-être encore le temps d'aller le rendre. J'informe les garçons que j'y vais, et sors précipitamment de la Salle Commune.

 Je pourrais faire le chemin jusqu'à la bibliothèque en dormant. J'y suis en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et je réalise que j'ai couru. Peu importe, au moins je suis dans les temps. J'entre, et ne vais pas plus loin que le bureau de la bibliothécaire qui m'adresse un large sourire. Evidemment, elle me connait bien. Je lui souhaite une bonne nuit, et sors, mais je suis bientôt rattrapée par le bras.

 J'ai peur que ce soit Madame Pince qui a trouvé une déchirure dans le livre que je lui ai rendu, mais ce n'est pas elle.

 - Bonjour Hermione. Comment vas-tu ?

 - Salut Viktor ! Bien et toi ?

 Je ne sais pas d'où me vient cette voix enjouée, mais elle ne me déplaît pas.

 - Très bien, tu es très jolie aujourd'hui.

 Je rougis.

 - Euh... et bien, merci.

 Stupide, pourquoi le remercié-je ? Ce n'est pas grâce à lui que je suis jolie, c'est ma beauté naturelle.

 - Bref, tu avais quelque chose à me dire ?

 Tais-toi. Tais-toi. Tu donnes l'impression de ne pas vouloir lui parler en général.

 - En fait oui.

 Ouf. Ou pas, ça dépend ce qu'il veut me dire.

 - Est-ce que tu veux bien être ma cavalière au bal de Noël ?

 Je ne m'attendais à tout sauf à ça. J'ouvre la bouche, et la referme.

 - Tu as déjà quelqu'un ?

 - Non ! Je veux bien y aller avec toi ! Ok ! J'y vais avec toi !

 Qu'est-ce qui me prend ?

 - Oh ! Super, génial, et bien bonne nuit, à demain, j'ai hâte !

 Il se penche sur moi pour m'embrasser, et je ne sais pas comment éviter ce moment de honte totale. Finalement, il se redresse et m'envoie un grand sourire, puis s'en va de sa démarche de soldat habituelle.

 Interloquée, je reste interdite quelques secondes.

On a un bal de Noël ?

Ce serait plus simple si je ne te détestais pas /Dramione/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant