Chapitre 13

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Je laissais mes larmes couler mais ne m'arrêtais pas de courir pour autant. Ça faisait mal... tellement mal...

Je me sentais trahie, abattue, triste...

Je courais sans destination aucune. J'arrivais au coin d'un couloir que je n'avais jamais vu et me réfugiais dans la première salle que je vis. Une bibliothèque. Je m'assis sous le bureau au coin de la salle et pris ma tête dans mes mains. Les larmes ne cessaient pas de couler. Comme un torrent enragé elles dévalaient mes joues pour aller mouiller mon tee-shirt.

Je ne savais pas combien de temps je passais assise sous ce bureau. Soudain, la porte s'ouvrit. Je me levais et allais voir. Il n'y avait personne. Je fermais doucement la porte. Un vent glacé m'effleura alors. Je me retournais rapidement. Il était derrière moi. Je me reculais jusqu'à être acculée contre la bibliothèque.

- Eadlyn... murmura-t-il en s'avançant doucement.

Je ne pus m'empêcher d'observer son si beau visage. Il n'était pas la créature crainte par les hommes. En réalité, il était loin de cette chose que l'homme considérait comme l'incarnation du mal. Tellement loin. Il continuait d'avancer alors que, comme un animal prit au piège, j'essayais inlassablement de reculer.

- Non... dis-je d'une voix moins ferme que celle que j'avais espéré. Ne m'approche pas.

Il fit un pas en avant. J'essayais encore de reculer mais la bibliothèque m'en empêchait. Il avança encore et encore alors que je lui dis maintes fois de ne pas venir à ma rencontre. Mais il ne m'écouta pas. Lorsqu'il fut devant moi, je restais un moment sans rien dire. Et sans crier gare, il m'embrassa. Je me débattis. Je ne voulais pas l'embrasser. Je ne voulais pas le toucher. Je ne voulais pas l'approcher.

Lorsqu'il me lâcha, je lui hurlais ;

- Non ! Tu m'as trahie, tu m'as fait pleurer je ne sais combien de fois, et tu as osé me faire espérer. L'espoir ne fait plus vivre chez moi, il fait mourir ! Tu aurais dû tout de suite me dire que je ne t'intéressais pas ! Tout de suite me dire que je n'étais RIEN à tes yeux ! Mais tu as joué avec moi, avec mes sentiments, et dès que tu en avais l'occasion tu allais retrouver miss-joli-minois. D'ailleurs où est-elle ? Pourquoi es-tu venu me chercher en fait ? Tu avais l'air de passer un excellent moment avec elle ! J'en ai marre ! Tu m'énerves ! je n'arrive pas à te détester alors que j'ai toutes les raisons pour... je voudrais tant te détester ! Tu le mérite ! Et pourtant tu arrives encore à faire naitre ces putains de papillons dans mon ventre... Tout ce que je veux, c'est vivre une vie normale, avec mon père, ma mère, vivante, sans accident, sans rien pour perturber notre bonheur. Et après, je veux pouvoir enfin trouver l'amour. Cet amour que j'ai cru que tu pourrais m'offrir...

Ma colère retomba soudain. Je venais de lui cracher tout ce que je m'efforçais de garder pour moi depuis des mois.

- Je vais t'expliquer, me dit-il en prenant ma main.

- Non, tu ne m'expliqueras rien du tout ! Je ne veux pas savoir ! Je ne veux pas encore pleurer parce que tu décides de me laisser encore tomber.

Quelques larmes dévalèrent mes joues. Il paraissait réellement triste et désolé, mais je ne pouvais me résoudre à lui pardonner. Il murmura quelques paroles et, doucement, le noir s'installa.

Je me réveillais dans ma chambre. Était-ce un rêve ? je regardais en direction du lit de Lucifer. Il y dormait paisiblement. Je me levais et m'approchais de son lit. Je tendis la main pour caresser sa joue. Ses yeux s'ouvrirent et il se recula. Il mit le plus de distance entre nous avant de dire :

- Vas t'en. Tu peux partir. Je t'ai libérée. Ton souhait est exaucé. Retourne vivre ta vie et oublie moi. Evangeline te ramènera sur Terre quand tu seras prête.

Je restais muette. Je pouvais partir. C'était une chose à laquelle j'avais aspiré si longtemps... Me délivrer de cette cage dorée, repartir pour mon ancienne vie...

Mais le voulais-je vraiment ?

Une valise apparut à côté de moi. Je la saisis sans hésiter et y mis précautionneusement mes effets personnels : quelques robes, mon peignoir, une ou deux belles robes du dressing, et mécaniquement, j'y glissais aussi le bout de chemise de Lucifer.

Je toquais timidement à la porte de la chambre d'Elizabeth en espérant la trouver en réunion avec les autres filles. Ce fus le cas. Lorsqu'elle me vit, elle parut étonnée et me demanda :

- Pourquoi ces bagages ?

- Je m'en vais, dis-je. Je retourne dans mon pays natal...

- Nous viendrons te voir dès que possible dit-elle avec un sourire. Lequel est-ce ?

Je lui fis un maigre sourire.

- Tu ne comprends pas Liz. Je retourne sur Terre, dis-je doucement.

Son sourire s'effaça et elle me fit entrer. Après avoir expliqué la situation aux filles, j'explosais. Je pleurais tout mon saoul sur l'épaule d'Elizabeth.

- Vous allez me manquer les filles, dis-je en essuyant mes larmes.

Après avoir fait mes adieux à Ruthven et aux dragons, je me dirigeais une dernière fois vers ma chambre. Contrairement à ce que j'avais imaginé, Lucifer n'avais pas encore enlevé mes affaires et mon lit. Il était assis sur celui-ci, plongé dans ses pensées.

- Hey... dis-je en entrant.

En m'entendant, il se leva rapidement, surpris.

- Tu n'es pas partie ? me demande-t-il.

- Pas encore... je... Je voulais te dire au revoir.

Je m'approchais doucement de lui, mais au fur et à mesure que je progressais vers lui, il s'éloignais.

- Pourquoi t'éloignes-tu ainsi de moi ? demandais-je, cachant au mieux la peine que sa réaction provoquait en moi.

Il parut hésiter avant de dire :

- Je t'ai libérée. Tu ne peux plus m'approcher au risque de la marque... J'ai juste oublié de mentionner une chose : en passant le portail, tu perdras tes pouvoirs... et légèrement la mémoire.

- Ah. Je vais donc retourner à ma vie sans amis... murmurais-je plus pour moi que pour le diable.

Je n'avais jamais eu d'amis. Tous les enfants, adolescents ou adultes apaisaient m'éviter le plus possible. Je ne savais toujours pas pourquoi. Tout ce qui importait dans ma vie était ma famille. Cette fois je quittais les seules amies que je n'aie jamais eues pour aller rejoindre ma seule famille. Horrible dilemme, mais j'avais fait mon choix : la famille avant tout.

- Au revoir, soufflais-je en sortant de la chambre.

Je rejoignis Evangeline au portail. Je l'enlaçais et lui dit :

- Toi aussi tu vas me manquer. Plus que tout le monde je crois.

- Allez ma super bombe atomique, dit-elle en utilisant mon ''surnom'' ridicule, tu vas retrouver ta famille ! Souris !

Je lui souris et passais le portail.


Pour l'amour du diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant