Chapitre 15

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Cela faisait maintenant deux semaines que j'étais de retour sur terre. Malgré ma joie de revenir auprès de gens plus ou moins normaux, je sentais un manque. Pas parce que mon père ne venait me voir qu'une heure tous les deux jours ou parce que maman était décédée. Non, comme si une partie de moi était restée en enfer. Pourtant j'avais la belle vie ! Hisame m'apportais des crêpes et des gaufres pour tous les petits déjeuners, une télé au-dessus de moi ne diffusant que de la joie à l'état jaune et spongieux... Malgré tout, quelque chose manquait.

Hisame entra dans la chambre, me sortant de mes pensées.

- Alors, comment ça va aujourd'hui ma princesse ? me demanda-t-il.

- Princesse ? demandais-je en riant. C'est nouveau ça !

Nous rîmes et mangeâmes nos gaufres en silence.

Le ventre bien rempli, je m'allongeais sur mon lit. Alors que je sentais le sommeil s'immiscer dans mon esprit, mon ami demanda :

- Je peux me coucher avec toi ?

Je ne me sentais pas prête à partager mon lit. La seule avec qui ne l'ait jamais fait c'était Lucifer... je soufflais intérieurement. Je n'allais pas lui refuser ça alors qu'il m'amenait tous les jours un petit déjeuné au lit...

- Allez, viens, lui dis-je.

Il s'installa dans le lit avec moi. Je fis mon possible pour m'imaginer être seule mais ce n'était pas possible avec lui écrasé contre mon dos. Je finis tout de même par me laisser emporter dans les bras de Morphée.

- Evangeline ? dis-je à la brume m'entourant.

- Je suis là... me répondit une voix faible.

Le soulagement m'envahi. Depuis que je voyais Hisame, Evangeline ne m'avait plus contactée.

- Oh tu es là ! J'ai eu si peur ! Je m'inquiétais réellement pour toi... Pourquoi ne m'as-tu pas reparlé depuis si longtemps ? Et pourquoi je ne te vois pas ?

- Je n'arrivais plus à te contacter. Il y a comme une barrière qui t'entoure, quelque chose qui empêche tout contact avec les enfers. Un peu comme un mur psychique. C'est assez étrange... As-tu rencontré une personne qui as vécu en enfer ?

J'hésitais à lui parler d'Hisame. Je savais qu'elle n'approuverait pas. Je décidais de tout de même laisser entendre que oui, je trainais beaucoup avec lui.

- Eh bien, Hisame m'apporte des gaufres tous les matins...

- Pardon ? hurla-t-elle. Mais que fait-il sur Terre ?

Je ne répondis pas. Je sentais la brume se disperser. J'avais à nouveau l'impression d'avoir trop chaud mais cette fois d'avoir aussi des mains qui m'appuyaient sur le torse.

- Ok, je n'ai plus beaucoup d'énergie, me dit Evangeline, ne t'approche plus de lui. C'est sa faute si...

Le rêve s'interrompit.

- Elle va bien ? demanda une voix anxieuse.

Mon père. Que faisait-il là ?

- Encore une crise ? demanda Hisame, inquiet lui aussi.

- Oui, dit une voix grave. Ça va passer. Nous allons la mettre sous surveillance. Encore un peu et c'était terminé...

Je regardais Hisame. Il se coucha à mes côtés alors que tous les autres sortaient de la chambre. La révulsion d'hier revint mais fut rapidement balayée par un autre drôle de sentiment. Non, pas un sentiment... juste, une envie. L'envie de l'embrasser. Nous étions serrés dans ce lit une personne, presque l'un contre l'autre. Alors que je me demandais d'où pouvais me venir cette envie des plus étranges en sachant que j'avais des sentiments non révocables envers le diable. Ce même diable qui m'avait lâchement abandonnée... Non, il m'avait offert la liberté. Hisame me plaqua contre lui, me sortant de mes pensées.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demandais-je en sentant mon envie de l'embrasser croitre.

Il ne me répondit pas. A la place, il plaqua ses lèvres contre les miennes. Je me laissais aller à ce doux baisé. Nous nous décollâmes lentement l'un de l'autre. Le souffle haletant, nous étions front contre front, les yeux dans les yeux, corps contre corps. Je rougis soudainement.

Merde, mais qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce qui me prends ?

Hisame prit mon menton et me releva la tête. Je ne le regardais pas. Lucifer. C'était la seule chose que j'avais en tête.

- Regarde-moi, dit Hisame d'une voix autoritaire.

Je levais immédiatement les yeux. Il caressa ma joue, ce qui me fit frissonner. Trop fatigué que pour me battre contre moi-même, je me laissais aller à la nouvelle envie subite qui me vint et l'embrassais. Je nouais mes bras autour de son cou. Nos langues dansaient une valse endiablée. Lucifer avait disparu de mon esprit. Hisame dut se détacher de moi tellement je le serrais fort. Je rougis de plus belle. Mettant ma gêne de côté, je baillais et posais ma tête sur son torse. Je m'endormis ainsi.

- Ok, répondis-je.

Hisame et moi venions de conclure un « pacte ». Il dormirait ici toutes les nuits en échange de m'apporter un petit déjeuné au lit chaque matin, et nous arrêtions d'être pudique. Pour, moi, c'était déjà raté mais il aimait bien sa condition : depuis qu'elle avait été instaurée, il se baladait en caleçon dans la chambre. Nous avions conclu ces quelques règles par un baisé.

Ces temps-là, des envies subites me venaient souvent. Comme ça, je ne savais pas d'où, mais Hisame y tirais toujours profit. Je le trouvais louche, mais je n'arrivais jamais à me résonner. Puis, j'avais aussi de fréquentes crises de fatigue. C'est ainsi que je me retrouvais à faire une à deux siestes par jours en plus de ma nuit journalière. C'est comme ça que je me retrouvais, un plateau à la main à réveiller Hisame pour qu'il mange.

- Hisame ? Hisame il faut que tu te réveilles il est déjà dix heures...

Il ouvrit difficilement les yeux et me regarda. Il resta un moment interdit puis il déposa un chaste baisé sur mes lèvres.

- Merci, dit-il en désignant le plateau.

- Faut bien que quelqu'un s'occupe de toi.

Il me regarda d'un air méfiant avant de déclarer :

- C'est suspect... Non pas que ton attitude me déplaise, mais tu n'aurais pas quelque chose à me demander ?

- Heu non...

Je me blottis contre son torse. Un médecin entra.

- Je viens pour la visite de routine, dit-il, embarrassé. Monsieur, puis-je vous parler s'il vous plait ?

- Evidemment, dis Hisame ne le suivant hors de la pièce.

Le fait d'être en caleçon ne semblait pas le déranger. Les gens continuaient de croire que j'étais folle, mais je faisais de mon mieux pour faire abstraction de leurs jugements. Les médecins préféraient me maintenir à l'hôpital à cause de mes fréquente crise qui survenaient la plus-part du temps dans mon sommeil. Je tendis l'oreille, comme à chaque fois que quelqu'un prenait mon... Mon quoi en fait ? Hisame n'était même pas mon petit ami. Je ne voulais pas qu'il soit mon petit ami. Je devrais peut-être me méfier de lui comme Evangeline me l'avais dit... J'entendis des brides de conversation venant du couloir :

- Monsieur... petite amie... folle...

Je reconnu la voix du médecin.

- Je sais...

Hisame. Il me croyait folle aussi. L'étais-je ? Je ne pensais pas. Ce que je savais, c'était que Hisame avait un comportement louche et que je devrais me méfier de lui.

Lorsqu'il revint, tous mes doutes s'envolèrent et c'est en baillant bruyamment que je m'endormis dans ses bras.



Pour l'amour du diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant