Je ne quittais pas le cadavre des yeux, comme si j'avais peur qu'il se relève. Lucifer me tourna vers lui.
- Ne regarde pas, articula-t-il. Ferme les yeux. Nous allons t'amener à l'abris.
Je m'exécutais et abaissais mes paupières. Le diable me prit par les épaules et me guida au milieu d'un dédale de cris.
Subitement, une explosion retentit. Je fus balayée par son souffle enflammé. Les flammes léchèrent ma peau. Je heurtais violement un mur. Le choc me coupa le souffle. Et pour me retrouver, j'ouvris les yeux.
Le carnage devant moi m'épouvanta. Des corps sans vie tapissaient le sol et une horrible odeur de décomposition chatouillais mes narines. La fumée des rosiers en flammes montait vers le ciel. Il y avait aussi les guerriers. Ceux qui se battaient encore, des anges pour la plus-part, mais quelques mages se détachaient du lot.
Sans crier gare, une créature hideuse me sauta au coup. Elle me plaqua par terre et tenta d'atteindre ma gorge avec ses pattes velues. Je l'esquivais de peu. D'un coup de pied, je l'envoyais balader. Alors que, plus énervée que jamais, le monstre se ruais sur moi, je fus brusquement tirée sur le côté. Je perdis l'équilibre et tombais dans les bras de Raymond. Il me poussa derrière lui et poussa un râle inhumain. La créature et lui se toisaient en grognant. Au même instant, ils sautèrent l'un sur l'autre. Des coups de griffes et de dents fusaient. J'observais le combat avec confusion. Devais-je fuir ou rester ? Autour de moi, le carnage continuait. Je vis du coin de l'œil l'un des monstres à fourrure surgir d'un nuage de poudre mal odorante et se jeter directement sur Raymond. Je le stoppais dans son élan en lui assenant un violent coup de pied dans le flanc. Il roula sur le côté et se désintéressa de Ray pour me fixer.
Ces créatures incarnaient l'horreur. Leur peau était recouverte de poils foncés et emmêlés. Sur leur crâne velu brillaient une dizaine d'orbes orange semblables aux yeux d'Hisame. Toujours entourés par une sombre fumée aux effluves toxiques pour mes pauvres narines, ils pouvaient facilement se fondre dans le décor. Ils attaquaient armés uniquement de leurs énormes griffes et de crocs tranchants comme des lames de rasoirs, tuants les premiers sous la patte comme s'ils n'avaient aucunes consciences.
Le montre se rua sur moi, me sortant de mon dégout. Cette fois, j'étais prête. Un sabre se matérialisa dans ma main. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques pas de moi, je l'abatis de toutes mes forces sur l'une de ses pattes, me baissant au passage. Passa un dessus de moi, m'éclaboussant de son sang poisseux. Je réprimais la nausée que j'eus en voyant sa patte restée devant moi. Pensant pouvoir l'achever facilement, je me retournais. Plus une trace du monstre. Seule une tache sombre montrait qu'il se gisait à cet endroit seulement quelques instants plus tôt.
Soudain, la créature apparut sur mon dos. Elle lacéra mon torse de ses griffes acérées. Je me débattais mais elle ne lâchait pas prise. Je succombais à son poids et tombais sur le dos, d'écrasant au passage. Elle poussa un cri aigue qui fracassa mes tympans. Alors qu'elle tentait de se dégager, je me relevais et lui enfonçais mon sabre dans la gorge. L'être velu fut pris de soubresauts puis s'immobilisa totalement. Je retirais rapidement mon sabre et le rangeais dans son fourreau situé dans mon dos. Prise de nausée à la vue du cadavre et de la puanteur qui s'en dégageais de reculais. Une main se posa sur mon épaule. Je sursautais et me retournais, prête à une nouvelle attaque.
Il n'en fut rien. Lucifer me prit par la main et me tira vers lui. Nous nous remîmes en marche, sauf que cette fois contrairement à il y a quelques minutes je voyais tout. Tous les morts, tous monstres, toutes ces horreurs que j'aurais préféré ne jamais percevoir. Nous finîmes par arriver dans un endroit plus retiré. Lorsque nous arrivâmes je demandais au diable :
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Pour l'amour du diable
FantasyUn pacte avec le diable n'est jamais une bonne idée, mais je n'avais pas d'autres choix. La personne qui comptait le plus à mes yeux était morte. Je lui ai alors donné ma vie contre la sienne. « Tu verras, l'enfer n'est pas si terrible que ça... » ...