Laissez moi le temps...

Chapitre 6

Au petit matin je sentis une légère chaleur sur mon visage, un rayon de soleil s'était glissé à travers les rideaux, j'aimais cette saison.

Mon père me fit la surprise d'un petit déjeuner au lit, je ne me souvenais même plus la dernière fois qu'on avait eu l'occasion de faire ça... tous les trois ensemble. Tout me paraissaient si loin, même si ma douleur ne prenait pas de distance.

-HUM c'était donc ça qui sentait si bon ? C'est en quel honneur tout ça ?

-Comme ça, j'avais envie de te faire plaisir.

Me faire plaisir...il se donnait tellement de mal pour moi, une fois de plus ! J'étais si touchée par tous ces efforts que mon père faisait pour renouer les liens si forts qui nous unissaient.

-Alors, tu as prévu de faire quoi aujourd'hui ?

-Je ne sais pas encore...

-Tu vas retrouver Sam de nouveau ?

-EUH... Il m'a dit qu'il viendrait sûrement me voir, mais peut-être qu'il aura quelque chose de mieux à faire...

-J'aimerais, si tu veux bien, t'emmener avec moi quelque part.

-Oui... bien sûr... où ça ?

-Je ne t'en dis pas plus. Préviens-moi quand tu seras prête !

-Qu'est-ce que vous avez tous à ne pas vouloir me dire où vous voulez m' emmener !

-Tous ? Qui ça, tous ?

Je me sentis soudain rougir.

-Non... non personne, c'est juste que... je suis curieuse, c'est tout.

-Tu verras, prépare-toi, je t'attends en bas !

Je sautai de mon lit, regardant de nouveau mon téléphone... toujours aucun messages.

Je restai là, figée, serrant fort mon téléphone entre mes doigts, partagée entre la déception, la frustration et même... la colère.

C'était trop tard, j'étais attachée à lui, plus que je ne l'aurais pensé ou même voulu, ne pouvant plus me passer de lui. Telle une drogue j'avais besoin de lui. De lui parler, de le voir, le sentir, le toucher. Moi qui m'y étais pourtant tant refusée et avait tant luté, justement pour ne plus avoir jamais à ressentir ça... Ce manque, ce besoin d'une personne au point d'en souffrir.

Il fallait que j'essaie de penser à autre chose qu'à lui, ne serait-ce qu'un moment. Mon père, lui aussi avait besoin de moi. J'étais heureuse à l'idée de partager ce moment avec lui sans même savoir ce qu'il mijotait. Mais cette partie de moi, que je ne contrôlais pas, doutait. Je pressentais que quelque chose n'allait pas, je ne savais comment l'expliquer.

Je n'avais pas de nouvelles de Sam et à ce moment là, c'était moi, qui avais besoin d'être rassurée, de savoir qu'il allait bien !

Assise sur le rebord de la fenêtre, le visage appuyé contre la vitre, mon regard porté en direction de sa chambre, espérant l'apercevoir, qu'il me fasse un signe, quelque chose. Mais rien. Les rideaux étaient tirés, tout semblait si calme ...

La main hésitante, je commençai à écrire un début de message... plusieurs débuts de messages que j' effaçais aussitôt, ne trouvant pas le courage de les lui envoyer.

Avec une peine inconsidérée je réussis à me détacher de la fenêtre. Mon père m'attendait, ça m'occupera un moment. J'arrêterais peut-être de penser à lui quelques heures. Il fallait bien l'avouer, depuis notre premier regard, il n'avait jamais cessé de hanter mes pensées. C'était à la fois magique et en même temps effrayant. N'ayant jamais ressenti ça auparavant, je sombrais dans un monde inconnu dont je ne connaissais pas les règles ni l'issue finale.