Entre deux chimios, il y avait des jours plus durs que d'autres. Les mauvais jours étaient horribles autant pour lui que pour moi. J'essayais de le soulager comme je pouvais mais je me sentais si inutile, j'en crevais à petit feu de l'intérieur. Sam essayait tant bien que mal de ne rien laisser paraitre pour ne pas que je m'effondre. De mon côté, moi aussi je faisais tout pour ne pas lui montrer que je combattais ce mal avec lui, à ma façon. J'avais moi aussi des effets secondaires... la poitrine qui semblait se déchirer; mon coeur qui donnait l'impression de battre au ralenti; la colère qui tentait de s'emparer de moi et de me détruire; cette tristesse qui avait déjà gagné du terrain; la dépression qui commençait à sortir de sa cage. Je me sentais si faible à côté de mon amour, qui, lui, était digne d'un grand boxeur. Il ne montrait rien, il essayait de garder son magnifique sourire, son humour que j'aimais tant et comble de l'ironie, c'était lui qui tentait de tout faire pour me redonner le sourire et me sortir de ce mal qui me possédait.
Je ne le quittais plus, on ne restait jamais l'un sans l'autre, je l'accompagnais dans toutes ces dures épreuves... pour le meilleur et pour le pire... Voilà avec quoi rimait notre vie à deux.
Les mauvais jours, ceux où les effets secondaires de la chimio étaient tellement puissants qu'il arrivait à peine à sortir de son lit, étaient de plus en plus fréquents.
Un matin il se leva, malade à en crever, allant tout droit dans la salle de bain. Appuyée derrière la porte, me sentant si impuissante, je pouvais l'entendre hurler de douleur, crachant ses boyaux. S'ensuivit un long silence... et des pleurs. Sans réfléchir, je poussai à grand coup d'épaule la porte. Je fus stoppée net par ce que j'avais sous mes yeux. Tombant à genou en pleurs, je rampai jusqu'à Sam, assis dos au mur, dans un état lamentable, pleurant comme un enfant. Je le serrai aussi fort que je pus, tenaillée par une cruelle souffrance de le voir dans cet état.
-Chut... Ca va aller mon amour... Je te le promets...
Que pouvais-je dire d'autre ! NON, ça n'allait pas mieux, ça faisait des jours que ça empirait !
Il était en colère, en larmes, se sentant tellement diminué et pourtant il donnait tout ce qu'il pouvait. Mais il était arrivé à un point où tout devenait insupportable, même le fait de respirer. Il donna un grand coup de poing dans le mur de la colère.
-Je n'en peux plus, je te jure Mia, je n'en peux plus...
Son visage entre mes mains trempées par ses larmes qui ne cessaient de couler, je le regardais sans pouvoir faire quoi que ce soit. Rien faire d'autre que d'être là, à ses côtés. Caressant ses cheveux, je vis une poignée me restant dans la main. Choquée, je la jetai au sol tentant de faire disparaitre les preuves. Il était déjà tellement en colère de se sentir affaibli de jour en jour, de ne rien pouvoir faire, je ne voulais pas en rajouter.
On resta là, jusqu'à ce qu'épuisé, il cessa de pleurer, jusqu'à ce qu'il n'ait plus assez de force pour être en colère. Je l'aidai à se soulever. Il perdit l'équilibre s'accrochant à moi, caressant mon visage.
-Je suis désolé...
Ma gorge se serra, le coeur en morceaux, je me mis face à lui de façon déterminée.
-Désolé de rien du tout ! Je t'aime... Je ne me vois être nulle part ailleurs qu'ici, tu as bien compris ?
Je le serrais fort, tentant d'étouffer mes larmes dans son tee-shirt. Voyant alors ses cheveux au sol, il passa sa main les arrachant par poignet.
-Aide moi s'il te plait...
Attrapant la tondeuse, sans réfléchir, il se rasa entièrement la tête. Je poussai un cri de frayeur, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il fasse ça. Ses cheveux, c'était sa première victoire face à cette merde, sa rémission à lui. Il les avait laissé pousser pour se rappeler d'où il revenait, ce que cette merde lui avait arraché. Il avait réussi, il avait gagné le combat... du moins le premier round !
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Laissez moi le temps...
Teen Fiction"Il posa sa main sur mon épaule, je sursautas et d'un geste le repoussa, regrettant aussitôt . C 'était plus fort que moi, je m'interdisais toute marque d'affection, à force j'avais réussi à m'en convaincre. Je m'étais comme emmurée, mon corps, mon...