Introduction

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Aujourd'hui, j'ai un entretien avec Quincy Jones. Oui, vous avez bien lu, Quincy Jones. D'où ? Je ne sais pas. À vrai dire je ne pensais pas que mon CV avait été retenu. Non pas que je n'ai pas confiance en moi, mais plutôt que ce n'est pas n'importe qui. Il y avait probablement eu des tas de demandes ! Et c'est moi, Anna Russel, 20 ans, qui ai décroché l'entretien.

Mon travail actuel ? Maquilleuse. J'ai maquillé quelques mannequins, fait pas mal d'essais sur des personnes plus ou moins connus. C'est aussi pour ça que je me suis permise d'envoyer mon CV, parce que je n'étais pas débutante. Enfin, d'après les critères, j'allai devoir maquiller l'un des « bébés », ou plutôt, l'un des protégés de Quincy Jones. Qui ? Je savais qu'actuellement il travaillait avec Michael Jackson, mais sans plus. Si c'était lui, alors je devais me contenir pour ne pas faire une syncope lors de l'entretien.

Je devais être élégante, pas trop non plus. Au moins présentable. Ce n'était pas n'importe quel genre de réunion. Une jupe droite noire, dans laquelle je rentrai un chemisier blanc. J'allai sortir les escarpins vernis de la même couleur que mon bas, ça faisait assez professionnel.

- Tranquille Anna, ça va passer, me dis-je à moi-même.

Je me regarde une dernière fois. Un blazer noir ? Ou ça ferait peut-être trop ? J'abandonnai cette idée et finis par examiner mon maquillage. C'était quand même mon métier, il me fallait une figure digne de ce nom.

Je pouvais maquiller toutes les peaux, et j'en étais très fière. A mon âge, beaucoup étaient encore en formation. J'avais finis la mienne, et on m'avait très vite remarqué pour mon talent. Sans ça, je n'aurais pas tenté d'envoyer ce précieux CV.

J'étais tellement excitée d'aller à ce rendez-vous. Oh oui, tellement. Hâte de rencontrer qui j'allai maquiller. Je priai de toutes mes forces pour que cette personne soit sir Jackson. J'avais acheté son album qui était sorti il y a peu de temps : Off The Wall. Et j'avais littéralement craqué. C'était l'album le plus dynamique que j'avais jamais entendu. Alors je me le passai en boucle dans ma voiture, ou dans ma cuisine sur mes platines. C'était absolument entrainant.

Bref, je grimpai dans ma petite Ford blanche et enclenchai la radio. Quand on parlait du loup. Don't Stop 'Til You Get Enough pour aller à l'entretien ? C'était un signe. Et plus je roulai, plus mon instinct me disait que c'était lui.

- Je me fais trop d'idée... Mais la radio là, aussi !

Je me parlais beaucoup trop à moi-même aujourd'hui. Mais tout ça, c'était à cause du stress. Ça m'arrivait de parler à voix haute dans cet état là. Et encore, il m'arrivait d'être dans des états de stress bien plus impressionnant. Parait que je suis en stress permanent, mais intérieurement. Parce que physiquement je n'avais rien remarqué, je me trouvais parfois même trop molle. Et le médecin osait dire que j'étais quelqu'un de très nerveux.

Enfin, je quittai la route pour me garer devant un bâtiment pas mal imposant. Et le stress montait encore plus.

- Pas de syncope on a dit ! murmurai-je entre mes dents serrées.

Ok, ok. Inspire, expire, inspire, et sors de cette maudite voiture !

Comme si je m'étais mis un coup de pied aux fesses, je me retrouvai dans la rue, face aux portes coulissantes de l'immeuble. J'avançai avec prudence, je devais paraitre confiante et professionnelle. Quelqu'un qui n'avait pas peur des grandes personnes. Mais au fond de moi j'étais absolument terrorisée. Et si je faisais mauvaise impression ? Ou pire, et si je me cassais la gueule en plein milieu de la salle ? Non parce que tout pouvait arriver avec des escarpins.

- Bonjour, je m'appelle Anna Russel et j'ai rendez-vous avec Mr. Quincy Jones.

Ça me faisait bizarre de prononcer ça comme ça. C'était sorti presque naturellement, et j'avais pensé m'étrangler en prononçant ces mots mais pas du tout. Heureusement.

- Oh, oui. Alors... Il vous attend au deuxième étage. Prenez l'ascenseur, ce sera la porte numéro une.

Deuxième étage, ascenseur, porte une. Enregistrer. Je la remerciai puis me tournai pour chercher le dit ascenseur. Trouvée, je me dépêchai d'y grimper. Il n'était pas vide, et une forte odeur de transpiration s'en dégagé. Non Anna, tu ne vas pas gerber. Pas aujourd'hui, parce que c'est un grand jour.

Je sortis en vitesse une fois au deuxième étage – heureusement qu'il n'y avait eu que deux étages – et m'aspergeai d'un coup de parfum. Noix de coco, ça me rappelait les vacances, et j'adorais ça. La plage, les palmiers, le sable, et tous les petits trucs que j'avais vécus quand mes parents m'emmenaient en vacances au bord de la mer. Maintenant, j'étais un peu éloignée d'eux car je m'étais rapprochée de Los Angeles. L'avenir y était meilleur que dans les petites banlieues en Pennsylvanie.

Porte une. Porte une, porte une. Oui, bien évidemment, je me suis trompée de côté. Je fis demi-tour, mais à peine m'étais-je tourné que je me cognai contre le torse d'une personne qui semblait assez grande, malgré mes escarpins. L'inconnu me rattrapa par les épaules pour m'éviter de perdre l'équilibre.

- Oh mon Dieu ! E-excusez-moi ! Et euh mer... ci...

Le merci s'était terminée presque dans un soupire quand je relevai les yeux pour croiser deux billes sombres. Mon cœur s'arrêta presque. Pas de syncope Anna, on avait dit pas de syncope ! Et une voix très douce sortit de ses lèvres :

- Vous êtes Anna Russel, c'est bien ça ?

- O-Ouais... Euh, oui, pardon... !

- On vous attendez, lâcha-t-il dans un léger rire.

C'était Michael Jackson. Michael Jackson. LE Michael Jackson qui venait de me rattraper. Qui venait de me parler. Et c'était apparemment bien de lui dont j'allai m'occuper. Et bien, pour une présentation, je pouvais pas faire plus merdique.


*

Give In To Me [ Michael Jackson ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant