SIX

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LES PREMIÈRES LUEURS du soleil apportèrent la chaleur dont Jean avait besoin. L'odeur de sueur et de terre humide emplissait les environs, et était absolument nauséabonde. Réveillée avant les autres, la jeune femme profita du sommeil des soldats pour enfiler son uniforme par-dessus son haut blanc. Cette veste puait la mort. Des senteurs de pourriture et de poudre à canon se mêlaient dans le textile, rappelant la violence du champ de bataille. Il y avait un simple trou sur l'habit, au niveau de l'abdomen, une fine déchirure, parfaitement découpée. Ce n'était pas une balle de pistolet qui avait fait cela, le résultat aurait été plus grotesque, moins bien tracé. Entouré d'une marque plus sombre que l'eau n'avait pas parvenu à effacer, la tunique laissait deviner que l'ancien porteur était mort d'un coup de couteau dans le ventre. La jeune femme se redressa de son lit de fortune, et savait qu'il était encore tôt lorsque la trompette de réveil du camp sonna.

Le regroupement se faisait dans la boue et l'ennui. Au garde à vous, à côté des six autres recrues qui se tenaient toutes droites, Jean gardait le regard bien devant elle lorsqu'un homme fit son apparition. Il arriva par derrière, le pas lourd, les bras sagement repliés dans son dos. Coiffé d'une casquette et d'un uniforme de soldat, il avait une petite médaille en plus, qui lui décorait la poitrine. Il se plaça devant le petit groupe, et les observa quelques secondes, avant de retirer son képi. Son regard s'attarda sur Jean, et elle sentit presque le dégoût qu'il ressentait en la voyant. Comment l'armée anglaise était-elle capable d'envoyer un homme aussi chétif sur le champ de bataille ? Quelle blague.

- Repos.

Les soldats respirèrent. L'homme qui continua d'annoncer :

- Je suis le sergent James Carleton, et vous êtes à présent mon unité.

Il resta immobile quelques secondes, avant de reprendre :

- Ce qui veut dire que vous êtes ma responsabilité. Et sous ma responsabilité, il y a des règles.

Les règles. C'était toujours de quoi on vous parlait en premier. On vous fourrait des lois dans le crâne dès qu'on vous voyait, en vous imposant ce qu'il y avait à faire et ce qu'il n'y avait pas à faire. Pas de formule de gentillesse, de présentation du terrain ou autre chose, non, la première chose à dire, c'était les règles. Le sergent se plaça devant Jean qui n'avait pas bougée d'un pouce. Elle ne voulait en aucun cas se faire impressionner par cet homme. Celui-ci continua :

- Règle numéro 1 : On ne niaise pas dans mes rangs. Règle numéro 2 : On ne s'arrête que si je vous demande de vous arrêter.
Le sergent sourit, avant de finir : et règle numéro 3, on ne me désobéit pas. C'est compris ?

- Oui, m'sieur ! répondirent les soldats en cœur.

- Bien.

La jeune fille redoutait bien que cet homme allait l'embêter. Elle attendait à ce qu'il fasse des remarques sur sa carrure et sur sa taille, comme les autres hommes. Elle ne fut pas surprise de voir son regard l'effleurer, et c'est avec son pas lourd qu'il l'approcha, intrigué. Elle retint sa respiration lorsque Carleton se pencha vers elle, et lui demanda :

Saving Private RyanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant