SEPT

982 147 21
                                    

✕ ✕ ✕

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

✕ ✕ ✕

LES JOURNÉES ÉTAIENT tellement chargées que Jean ne voyait pas le soleil effectuer sa trajectoire. Elles semblaient tellement courtes, et les heures défilaient vite. Allongée dans la boue, avec à ses côté les membres de son unité, elle avait un fusil en main. Le souffle court, l'œil contre la visière et le doigt qui caressait la détente, Jean avait une cible devant elle. Un vulgaire morceau de métal, où étaient tracés plusieurs cercles les uns dans les autres. Toute cabossée, la parcelle de fer était suspendue contre un arbre, et attendait qu'une balle la percute.

Elle vida son esprit, et sentait la matière froide de l'arme contre sa joue. Entre ses lèvres, elle laissa sortir un dernier soupir, puis oublia complètement sa respiration. Son doigt glissa sur la gâchette, et la balle sortit du canon en un bruit sourd. Celle-ci ne rencontra même pas sa cible, et alla s'enfoncer plus loin, entre les arbres. Jean baissa les yeux. Voilà quatre heures que les six soldats de son unité s'entrainer au tir de précision. C'était le tir le plus facile : il avait le temps de souffler, viser, tirer. Pourtant Jean n'y arrivait pas. Et ce n'était pas le premier entrainement qu'ils effectuaient : voilà quatre jours qu'ils venaient ici, chaque matin pour dégommer ces couvercles de poubelle. Si Jean n'était même pas capable d'atteindre une cible immobile, comment allait-elle faire sur le champ de bataille ?

Les autres y arrivaient, eux. Même si la balle n'allait pas s'engouffrer au beau milieu de la plaque, elle la touchait, c'était déjà ça. Malgré tous ses essais en vain, Jean n'abandonna pas. Elle ne comptait absolument pas se défiler devant le reste des hommes qui n'attendaient que de la voir céder. Elle se positionna, ferma un œil, et déplaça son doigt sur la queue de détente. Elle élimina ses autres pensées, jusqu'à ce qu'elle ne perçoive plus que la cible. Ses poumons se vidèrent, et elle appuya de nouveau sur la gâchette. La balle s'enfonça dans le côté droit du couvercle de poubelle. Le jeune soldat sourit, et sentis la joie exploser dans sa poitrine. Elle se redressa et éleva ses deux bras dans les airs, fière d'elle.

- OUI !

Son fusil brandit au-dessus de sa tête, elle était debout, comme un sportif qui venait de gagner une médaille d'or. Tous les autres soldats étaient allongés sur le ventre, et la regardaient d'un air confus. Jean ignorait leurs coups d'œil, trop contente devant la balle qu'elle avait finalement réussie à tirer au bon endroit.

- Landcaster, vous êtes mort !

Jean se retourna et vu Carleton, qui se tenait juste derrière elle. Le sergent gardait toujours un œil sur son unité, et avait passé les deux premières heures avec eux, à s'entrainer au tir. La plupart de ses balles atteignaient la plaque de métal à peu près en son milieu, et il était clair que ce n'était pas lui qui avait le plus besoin de s'entrainer. Il avait passé du temps à tous leur expliquer, à leur montrer comment s'y prendre, et les jeunes soldats apprenaient vite. Excepté Jean. C'était pour l'instant la moins douée de tous, mais elle ne comptait pas le montrer aux autres.

Saving Private RyanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant