"Tu ne survivras pas là-bas; tu veux sauver des vies ? Tu vas perdre la tienne."
Angleterre, 1940. Pour la deuxième fois dans l'histoire de l'humanité, une guerre armée se déclenche. Des milliers de soldats sont alors expatriés au front pour servir...
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GEORGE SE HISSA en dehors de sa couchette, et lorsqu'il eut les pieds sur le ciment des dortoirs, il offrit sa main à sa sœur. Elle fit de même, étourdie par la fièvre qui semblait ne faire qu'augmenter. Elle se leva lentement, et se mise en avant, pour qu'elle puisse ouvrir le chemin jusqu'aux vitres des baraques. Dans l'espace qui était complètement dépourvu de lumière, elle eut du mal à faire ses quelques pas vers la fenêtre sans se cogner la tête contre plusieurs autres lits. Des formes tremblaient dans la pénombre, et la jeune femme perçut les visages des autres détenus, qui se redressaient tous sur leur couchette, curieux de voir ce que les deux jumeaux allaient faire.
- Ils ne vont pas nous dénoncer ? chuchota Jean, à l'attention de son frère. Il la regarda, et lorsqu'il vu que ses yeux se perdaient dans le noir, il comprit qu'elle parlait des autres prisonniers.
- Pourquoi est-ce qu'ils le feraient ?
- Ils vont nous aider, alors ? Elle sentie que sa question mit George mal à l'aise, il la poussa vers la fenêtre, et l'obligeant à quitter de regard les traits presque invisible des autres êtres avec qui ils partageaient le dortoir.
- Tu sais, on n'est pas les premiers à tenter de s'enfuir... annonça George. Jean se raidit, car au ton de ses paroles, il était facile de deviner que ceux qui avaient tenté leur chance précédemment n'avaient pas du finir avec un couronne de lauriers et un immense sourire sur le visage. Si ils ne leurs apportaient pas leur aide, c'était parce qu'ils étaient tous morts de peur.
Ils connaissaient les dangers et les risques que ce choix offrait, et préféraient rester en vie ici, plutôt que de mourir là-bas. Lâches, pensa Jean, alors que pourtant, elle-même était paniquée à l'idée que leur tentative de fuite tourne mal. George aplati sa main sur le matériel transparent et flou, qui laissait à peine passer quelques pâles rayons de lune. Il pressa ses doigts dessus, et sans un bruit, la large et fine vitre bascula de l'avant, leur offrant une ouverture pour s'évader.
Doucement, Jean grimpa sur le rebord, et en s'agrippant aux extrémités, elle parvint à se glisser à travers la fenêtre, malgré son crâne qui lui faisait atrocement mal. George fit de même, avec moins de grâce, et ils retombèrent tous les deux sur le sol poussiéreux et sale qu'ils connaissaient maintenant si bien. Jean releva la tête vers le ciel, et constata qu'il était parsemé de petits nuages sombres, et sans étoiles. Elle sourit à ce constat, car l'absence d'astres voulait dire qu'ils approchaient de l'aube. En gros, les officiers étaient complètement endormis, ayant passé la nuit entière à veiller. C'est quelque chose qui allait jouer en leur avantage.
Sans rien dire, elle fit un signe de la main à George pour lui dire de se cacher en l'attendant, et dans la nuit, elle discerna le mouvement de sa tête qui approuvait sa décision. Sans un regard en arrière, elle se précipita vers les cuisines, le cœur tambourinant contre sa poitrine. Il cognait si fort que pendant un instant, elle eut peur de se trahir à cause de la cacophonie qui résonnait dans ses entrailles, mais par chance, aucune silhouette monstrueuse d'un des gardes chargé de patrouille ne croisa son chemin. Elle rasait les murs, essoufflée, et quand elle arriva enfin à l'endroit exact où elle avait fait la découverte de son bidon d'essence un peu plus tôt, elle n'hésita même pas une seule seconde, et pressa sa paume contre le carreau. George avait raison, les fenêtres étaient toutes petites, au point qu'on négligeait leur fermeture pendant la nuit. De la même manière qui l'avait permis de s'y infiltrait quelques longues heures auparavant, elle passa la tête la première à travers la petite lucarne, et dégringola en faisant le moins de bruit possible de l'autre côté.