CINQ

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LE PORT DE CALAIS était plus petit que celui de Londres. Dans les lueurs de l'astre qui se tenaient au-dessus de la tête des matelots, des oiseaux gueulards piaillaient et volaient en rond autour des mats du bateau, comme des automates. Celui-ci accosta sans problème, et les soldats qui étaient dessus se ruèrent de leur démarche lourde et assurée en direction de la route. Leurs chaussures claquaient contre les planches de bois du navires, aussi peu qu'ils étaient.

Jean n'avait absolument aucune idée où aller. Avec ses habits trop grands pour elle, elle ne passait pas inaperçue, et préférait avoir l'air sûre d'elle que complètement perdue et pitoyable. Pour ne pas prendre de risques, elle choisit de suivre Peter. Celui-ci avait passé tout le temps de la traversée avec elle, et n'avait pas arrêté de parler. Le jeune homme venait de Manchester, où il vivait avec sa femme et son fils. L'homme avait fait en sorte de jeter sans lire les lettres qu'on lui envoyait pour le pousser à aller s'engager, mais lorsque celles-ci fut trop nombreuses et qu'il fut incapable de les ignorer, ce fut impossible de continuer à rester caché dans sa petite ville. Son comportement avait beau être celui d'un lâche, Jean hocha la tête lorsqu'il lui conta son histoire. Elle lui avait parlé de George, en lui disant qu'il s'agissait de son frère. Elle lui avait dit qu'elle suivait ses pas seulement maintenant, parce qu'elle n'avait pas put le faire plus tôt, à cause de problème de famille imaginaires. La moitié de ce qu'elle lui raconter n'était que mensonge, mais Peter prit facilement goût à son récit, et s'était facilement fait trompé par ses mots.

Des bâtiments construits en bois et en tôles longeaient les quais de béton. L'odeur du poisson était nauséabonde, mais Jean ne put s'empêcher de penser aux jours de pêche qui comblaient son enfance, lorsque son père l'emmenait, elle et George, en mer. Elle se souvient de quelle manière elle serrait les corps des animaux marins entre ses petites mains pour ne pas les laisser s'enfuir. À la fin, elle avait des écailles pleins les mains, et elle les essuyait sur George, qui pleurait de dégoût à la vue de toute cette chaire poissonnière. Lorsqu'on la bouscula violemment, sa rêverie s'effaça aussi subitement qu'elle fut survenue. L'homme qui avait buté contre elle ne s'arrêta pas, et elle ne protesta pas une seule seconde, ayant peur de semer la discorde.

Des énormes voitures stationnaient sur le bord de la route. Avec leurs grosses roues, elles semblaient capables d'écraser n'importe quoi, ou n'importe qui. Un espace se creusait difficilement à l'arrière, conçu pour qu'au moins dix personnes puissent le combler. Les engins étaient clairement des machines de guerre, capable de rouler dans la boue et la poussière. À en juger pas sa carcasse recouverte d'une crasse épaisse et encore humide, Jean en conclut que le camp auquel elle s'apprêtait à aller devait être loin.

En voyant Peter et les autres soldats monter à l'intérieur, Jean s'apprêtait à faire de même, avant qu'un homme en costume d'officier ne lui barre la route. La jeune femme faillit lui rentrer dedans, puis pris quelques secondes pour regarder de haut en bas le phénomène dans lequel elle avait failli se cogner. Elle se sentait naine, face à lui, et dû lever la tête pour apercevoir son visage. Ses cheveux sombres étaient éclaircis par l'âge, et certaines de ses mèches étaient plus grises que noires. Sa moustache lui donnait un air plus sévère, et avec son col qui lui remontait jusqu'en haut du cou, on aurait dit qu'il faisait tous les efforts d'une monde pour inspirer chaque bouffée d'air. Tout droit, il avait deux grosses bottes qui lui montaient jusqu'aux genoux, et portait fièrement une médaille sur sa poitrine. Il se pencha vers Jean, avant de lui dire :

Saving Private RyanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant