QUATORZE

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TROIS CHOCS SUR le crâne la réveillèrent. Jean n'ouvrit pas tout de suite les yeux, et gémit et grimaçant. Elle avait sa main posée sur sa blessure, et appuyait constamment dessus pour la protéger, comme si il s'agissait d'une chose précieuse. Elle n'avait aucune idée de ce que la plaie pouvait avoir l'air, sous l'épais bandage que lui avait fait James. Lorsqu'elle pensa à son nom, elle fit de son mieux pour retenir ses larmes. Il avait intérêt à être en vie, sain et sauf, car si d'une quelconque manière elle apprenait sa mort, elle s'en voudrait à jamais. Dans l'état où elle était, dans cet endroit complètement inconnu où elle se situait, elle savait bien qu'elle ne risquait pas de recevoir de telles informations.

Lorsqu'elle parvint enfin à soulever ses paupières lourdes, elle ouvrit la bouche pour se mettre à respirer fort et de manière irrégulière, manquant d'air. Elle resta allongée, la tête recourbée en arrière, le cou tombant, le visage poudreux. Au fur et à mesure qu'elle reprenait le contrôle de ses membres, elle remarqua avec effroi qu'elle avait les deux mains attachées dans le dos. Pourtant, il n'y a même pas une minute, elle était persuadée d'avoir ses doigts posés sur son entaille, et de se tenir le ventre comme une malade. Elle était en train de délirer, et clairement, c'était mauvais signe. Sans qu'elle ne puisse le contrôler, la boule qui résidait dans le fond de sa gorge ne parvint pas à rester en place et laissa échapper un sanglot d'entre ses lèvres. Un goût horrible lui parcouru la bouche alors que sa vue se brouillait à nouveau peu à peu. Elle se croyait démunie de toute force vitale, incapable d'esquisser un seul mouvement.

Elle avait besoin de force, même la plus minime, mais pour l'instant, l'envie de dormir était ce qui dominait sa conscience. Ses yeux se refermaient en permanence, et lorsque le souvenir de son enlèvement lui revint enfin en mémoire, elle ne trouva rien d'autre que de s'évanouir – encore une fois.

Cette fois-ci, les coups qui la réveillèrent furent plus rudes, plus violents. Ce n'était pas sa tête qui rebondissait contre la surface de fer du sol de la voiture, mais un homme, qui réveillait les prisonniers à coup de gourdin. En voyant que Jean ne se levait pas, il maugréa quelque chose en allemand en la frappant un peu plus fort. Jean commençait sérieusement à prendre peur, et en utilisant les petites forces que le sommeil lui avait rendues, elle parvint à se mettre assise, les bras toujours accrochés dans le bas de son dos. En voyant qu'elle n'était pas morte et qu'elle lui faisait perdre son temps, l'homme en uniforme posa sa main gantée sur sa tête, et attrapa solidement sa tignasse. Jean ouvrit la bouche et laissa échapper un petit « aaah ! » mais elle ne put rien dire d'autre, car il lui tira la tête vers le sol, et la laissa s'écrouler dans la boue comme un vulgaire tas d'ordure.

Des rires résonnèrent doucement, provenant de la bouche de la personne au visage que Jean n'avait pas pu apercevoir. Elle avait perdu toute notion d'espace et du lieu, et ce qui était autour d'elle ne semblait être qu'un amas de formes troubles et imprécises. Sans l'aide de ses bras, se relever fut un véritable calvaire, mais sous les lourdes exclamations et les coups dans les côtes, elle parvint à se dresser sur ses deux jambes flageolantes. On la pressa contre une foule inconnue, et elle ne voyait aucun uniforme ou visage familier autour d'elle. Dans cette marée humaine, elle se contentait de trépigner en suivant le courant, les yeux levés aux cieux qui étaient encore clairs. Où était-elle ?

Saving Private RyanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant