NEUF

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JEAN AGRIPPA L'ARME à feu qu'on lui tendit, et fis glisser sa bandoulière sur son épaule. À ce qu'on lui avait dit, aujourd'hui son escouade avait été choisie pour partir en mission de reconnaissance. C'est la première fois que la poignée de soldats allait s'aventurer aussi loin du campement, et aux traits du sergent Carleton, ça se voyait très bien que celui-ci stressait comme une petite fille avant un contrôle. Leur mission était similaire à celle des patrouilles, excepté qu'elle s'effectuait sur les terres Belges, en territoire allemand. Même si elle ne le montra pas, son comportement rendu Jean nerveuse. Il ne pouvait rien leur arriver, n'est-ce pas ? Ce n'était qu'une simple mission de reconnaissance. Rien de si dangereux que cela, si ?

Ils partirent aux aurores. Elle s'était retrouvée à l'arrière du groupe, en compagnie de Peter. Alors que celui-ci guettait d'un air anxieux la tête de leur petit troupeau, il se décida à sortir une cigarette de sa poche. Il la coinça entre ses lèvres, et attrapa une petite boite d'allumettes. Il en sortit une pour la gratter sur son rebord, et la goutte rouge à l'extrémité de celle-ci s'enflamma. Jean le regardait faire, alors qu'il apporta la flamme au bout de sa clope. La fumée des cigarettes était omniprésente au campement. Elle était tout le temps là, et par moment, lorsqu'il semblait y avoir du brouillard, Jean se demandait si l'atmosphère trouble n'était pas due aux centaines de cigarettes qui volaient en vapeur chaque jour.

Elle se rappelait la première fois qu'elle avait fumé. C'était avec George. Bien sûr, toutes les conneries qu'elle avait faites avaient toujours été avec lui. C'était un jour après les cours, et un groupe de fumeurs avait gentiment proposé une cigarette à George. Celui-ci n'avait pas tout de suite compris ce qu'il se passait, et accepta tout simplement le tabac qu'on lui offrait. Au lieu de l'allumer, il l'avait fourré dans sa poche et avait couru jusqu'à Jean, en disant : « viens, on va au terrain vague, faut qu'on essaie ! » La jeune fille avait regardé l'objet avec des yeux ronds, comme si il s'agissait d'un diamant. Elle avait bêtement sourit à son frère, et ensemble, ils s'étaient installé dans les herbes hautes.

Ils avaient choisis de faire cela sur un coup de tête, ils ne devaient avoir pas plus de quinze ans à l'époque. George avait passé la flamme d'une allumette sur le bout de la clope, et fut le premier à inspirer. Il dû prendre une trop grosse bouffée, parce qu'il avait l'impression que la fumée ressortait par ses yeux. Il toussa fort, et s'allongea dans l'herbe les yeux fermés, en souriant. « C'est absolument dégueulasse, avait-il déclaré, J'adore. »

Jean avait porté la cigarette à ses lèvres jeunes, et lorsqu'elle aspira la fumée dans ses poumons, elle eut l'impression qu'un chat était en train de faire ses griffes dans le fond de sa gorge. Elle avait versée des larmes alors que George se moquait de la situation, et s'était mise à rire aux éclats à ses côtés. Malgré le goût abominable de la chose, ils prirent une bouffée chacun, jusqu'à la terminer complètement. La nicotine coulait dans leurs veines, et même si ce qu'ils avaient fait étaient du grand n'importe quoi, il s'agissait en quelque sorte d'une victoire, puisqu'ils l'avaient fait ensemble.

Puis George s'était exclamé : « Merde, Jean ! On put ! Maman va comprendre ! » La panique s'était très vite emparée d'eux, et ils s'étaient précipités dans la mer tout habillé, pour espérer effacer l'odeur flagrante de la cigarette qui s'était imprégnée dans leurs cheveux et leurs habits. Lorsqu'ils étaient rentrés tout trempés, leur mère s'était emballée et cet acte leur avait coûté trois jours sans sortie. Ils s'en fichaient, après tout, si elle avait appris qu'ils avaient fumé, ils auraient fini cloitrés chez eux le reste de leur vie.

Jean cligna plusieurs fois des yeux, pour se réveiller de son rêve passé. Ses pas la guidaient machinalement, alors qu'ils avançaient sans rien dire entre les arbres. Certains parlaient au-devant, mais Jean gardait sa bouche fermée. Elle leva les yeux aux cieux, qui étaient à moitié camouflés par le feuillage dense des environ. Les rayons du soleil perçaient à certains endroits précis, et lorsque sa lumière arrivait à percer les branches des grands arbres, on avait l'impression que sa lueur noyait l'herbe en une flaque d'or. Malgré la chaleur réconfortante qu'il apportait, Jean préférait le moment de la journée où le soleil n'est pas encore haut dans le ciel. L'aube regroupait les plus beaux instants. Le ciel mêlait nuit et jour, alors que la température restait fraîche pour nous faire grelotter. Elle avait pris l'habitude de sortir tôt chaque matin, avant le réveil général du camp. Une fois dehors, elle observait le silence sans rien dire, et en se contentant de sourire. Ce matin, elle n'était pas seule. Elle avait observé le sergent sur les marches de la chambre des officiers, seul avec ses pensées. Celui-ci n'avait pas dû la remarquer, et Jean avait pris soin de se cacher derrière la paroi de son dortoir. Elle s'était adossée contre le mur aux bosses et aux irrégularités, puis elle avait passé de longues secondes à regarder l'homme.

Sans qu'il ne s'en rende compte, elle avait passé son regard sur ses mains, ses bras qui n'était habillés qui d'un tissu blanc et fin. Elle avait inspecté avec grande précision chaque recoin de son visage, et avait pris plaisir à regarder l'homme. Elle était bien au courant qu'il ne s'était pas montré très aimable avec elle jusqu'à présent, mais elle ne pouvait nier qu'elle aimait sa personne. Surtout grâce au trois ou quatre fois où il l'a vu sourire en la regardant. Il détourner la tête presque immédiatement, mais Jean en était arrivé à la conclusion qu'elle devait lui rappeler quelqu'un à qui il tenait. Ou peut-être qu'elle lui rappelait tout simplement lui-même, voilà ce qui aurait été étonnant.

Carleton était à l'avant, sans aucune expression sur le visage. Il ne pensait à rien, et se contentait d'avancer droit. Le petit groupe avait déjà traversé la frontière franco-belge, et depuis que la Belgique avait été envahie par l'Allemagne il y a peu, il était officiellement en territoire ennemi. Même si l'armée allemande manquait sans cesse à l'appel, les sous-estimer aurait été un grave erreur. James était bien au courant de ça, et c'est justement ce qu'il lui faisait le plus peur. À tout instant, ils pouvaient se faire attaquer. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, les arbres commençaient à se raréfier. Ils rejoignirent une route de campagne sur laquelle gisait des centaines de petits cailloux blancs, et la suivirent au lieu de continuer dans les bois. Les bottes des soldats crissaient sur le chemin de terre, et la poussière volait à chaque bourrasque. Et puis, le paysage changea. Les arbres et les broussailles laissèrent place à des blocs de pierres en désordre. Devant eux, s'élevait un village, entièrement détruit. Son église avait le toit entièrement écrasé, et les autres bâtissent ne ressemblaient plus à rien, tellement elles avaient étaient entièrement pulvérisées. Parmi les rangs, la quiétude laissa vite place à la crainte devant un tel spectacle. La plupart des soldats décochèrent leurs armes, qu'ils prirent dans leurs deux mains, comme si ils redoutaient une attaque ennemie.

Ils s'engagèrent sur les dalles du village, en traversant un muret. Peter s'était déplacé à l'avant du groupe, alors que celui-ci s'était éparpillé. Les soldats avait l'œil tous dans une différente direction, en épiant chaque coin, chaque fenêtre, chaque ombre. Il était clair que ce village détruit était trop louche. Jean fit descendre son fusil de son épaule, et l'attrapa entre ses deux mains, le doigt sur la détente, prête à tirer. Les sourcils froncés, l'air trop concentré, elle se tourna vers Peter juste pour l'apercevoir se prendre une balle en plein bidon.

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—  Un soldat anglais blessé partarge une cigarette avec un soldat allemand blessé lui aussi ; 1943

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— Un soldat anglais blessé partarge une cigarette avec un soldat allemand blessé lui aussi ; 1943

Saving Private RyanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant