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EN POUSSANT SUR ses coudes, George se redressa correctement. Son dos se courba lorsqu'il se pencha pour voir la figure de celle qui l'avait appelé, et Jean aperçu les bosses de sa colonne vertébrale sous le fin tissu qui lui recouvrait le corps. Il fronça les sourcils en voyant le visage amoché de Jean, et lui dit :
- J'suis désolé, j'te connais pas...
Avec ce qui lui restait de ses forces, elle s'efforça de se relever, et elle se jeta dans ses bras. Elle les enroula autour de son cou, et le serra aussi fort qu'elle put. George fut surpris, et retomba en arrière, le dos frappant contre le béton du mur. Il laissa échapper une plainte, abasourdis par le drôle de comportement de l'inconnu devant lui.
Jean enfoui son visage contre sa chemise sale et répugnante, alors que les larmes commençaient à se déverser sur ses joues. Elle l'avait retrouvé, enfin ! Toutes ses fois où elle pensait abandonner en pensant qu'il était mort ; elle s'était raccroché à la maigre lueur d'espoir qui lui restait, et par chance, elle l'avait retrouvée. Elle ne savait pas par quel miracle il était là, devant elle, bien en vie.
Lentement, George la repoussa, pour voir son visage en face. Une chevelure trop courte ornait le haut de son crâne, des traits abîmés, blessés par la guerre, et des hématomes lui décoraient le front et la mâchoire. Aurait-il perdu le souvenir d'une connaissance qui lui était chère ? Il continuait de la regarder, et peu à peu, il essaya de la voir sans coups et blessures, sans crasse et saleté, et ses yeux s'illuminèrent. Il porta une main aux cheveux de sa jumelle, à présent si courts, et ne cessait de s'accrocher à cette image, comme si il était dans un rêve. Est-ce que c'était un rêve ? Le quotidien de sa vie était devenu bien trop pénible et horrible que revoir sa sœur était un luxe qui paraissait tout simplement impossible.
Il eut la même réaction que sa sœur lorsqu'il secoua la tête, en lui demandant :
- Jean ? Jean, oh mon dieu, c'est vraiment toi ? Elle n'arrêtait pas d'hocher la tête, et alors qu'un sourire lui traversa le visage, George la tira contre lui, pour la prendre dans ses bras. Il ne croyait jamais la revoir. Il ne croyait jamais revoir il personne qu'il avait connu, et il y a des jours où il pensait mourir. Il ne savait pas par quel miracle elle était là, devant lui, bien en vie.
Ils restèrent de longs instants dans les bras de l'autre, assis dans les graviers humides et la terre fine. Voilà si longtemps qu'elle n'avait pas ressenti la douce étreinte de son frère : la dernière qu'ils s'étaient faits était plus douloureuse, le jour où il quittait Plymouth, sur le quai de la gare. Le jour où il avait promis de revenir, et au final, c'était elle qui était venu pour lui.
- Mais comment... ? commença-t-il, incapable de finir sa phrase.
Jean avait presque oublié sa douleur à la hanche. Elle avait oublié la souffrance des coups qu'elle avait reçue il y a peu : comme si la simple vision de son frère lui guérissait tous ses maux. Elle se mit à lui annoncer, la voix tremblotante :
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Saving Private Ryan
Fiction Historique"Tu ne survivras pas là-bas; tu veux sauver des vies ? Tu vas perdre la tienne." Angleterre, 1940. Pour la deuxième fois dans l'histoire de l'humanité, une guerre armée se déclenche. Des milliers de soldats sont alors expatriés au front pour servir...